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Piscine de Pouembout : un scandale à 1 milliard

Véritable gabegie d’argent public, la réalisation du centre aquatique de Pouembout est le parfait exemple de ce que les autorités calédoniennes font de pire. Près d’un milliard a été dépensé en dix ans…pour rien. Glou-Glou.

Ça commençait pourtant bien et les promesses de la Province Nord retranscrits dans la presse étaient pour le moins accrocheuses :

[Bientôt] une piscine intercommunale, une vraie, avec un bassin de 25 mètres, des jeux aquatiques, une plage, une terrasse, des vestiaires… Encore quelques mois de patience et le rêve deviendra réalité (les Nouvelles Calédoniennes, 26 octobre 2007)

La Province Nord avait en effet annoncé en 2000, durant l’élaboration de son budget, la construction d’une base aquatique dans la zone VKP (Voh-Koné-Pouembout) et avait lancé en 2001 une étude de programmation commandée à l’architecte Jean-François COLLOMB. Une piscine allait donc être construite sur la côté Ouest bien avant la construction de l’usine du Nord ! En 2006, dans le cadre d’un programme d’aide à la réalisation d’équipements sportifs, l’État allait participer aux coûts des études préliminaires à hauteur de 246.372 Euros.

A ce stade, la SAEML VKP – constituée pour élaborer et suivre les grands projets de la zone – expliquait que « les travaux devraient commencer l’année prochaine (2008), entre mai et juillet ». Ceux-ci ont effectivement débuté avec seulement deux petites années de retard et, en 2010, la Fédération Calédonienne de Natation se réjouissait « qu’un bassin de 25m sur 5 couloirs et de bassins d’apprentissage ludiques » soient « en train de sortir de terre à POUEMBOUT »

Ça fuit, ça tient pas et là c’est le drame

Mise à part les retards dans l’élaboration des études prévisionnelles, les malfaçons se sont multipliées dès l’ouverture du chantier. Fuites, absence d’adhésion des carreaux des bassins, mauvais choix de matériaux, « manque de motivation » des entreprises, absentéisme chronique de certains ouvriers, le chantier est une véritable catastrophe. Ainsi, par exemple, le poids des cuves destinées à filtrer l’eau avait été estimé à une tonne mais les ingénieurs responsables du chantier avaient « oublié » que ces cuves seraient remplies d’eau une fois posées. Leur poids a donc été multiplié par dix et, n’appréciant que très peu cette modification, elles ont sobrement lâché au début de l’année 2011. Quant au système de vidange, il avait été positionné à dix mètres de l’endroit prévu… Bernard Boué-Mandil, alors directeur de la SAEML VKP s’était expliqué en octobre 2011. « Ça tient pas ! » avait-il ainsi déclaré publiquement. A ce stade, 743 millions de francs étaient déjà dépensés mais le complexe devait ouvrir en mars 2012.

Trois ans plus tard les habitants de la zone VKP ne peuvent que constater que le centre est toujours fermé. En effet, si la plus grosse partie des travaux a été terminée depuis (lesquels ont encore aggravé la facture) le problème de la gestion post-ouverture semble insoluble. Car si la construction est provinciale, la commune estime depuis toujours qu’après avoir mis à disposition le terrain elle ne peut faire face seule aux coûts de fonctionnement d’un nouvel équipement qui sera ouvert sept jours sur sept durant toute l’année. Plus d’une douzaine de personnes seraient nécessaires pour offrir aux habitants un service de qualité et, pour l’heure, la province n’a créé aucun poste attenant. Raison pour laquelle une étude (une autre !) a été commandée par la collectivité pour savoir exactement combien d’agents devaient être affectés et de quel manière en cas d’ouverture. Cette étude devait être rendue en fin d’année 2012 mais semble avoir un peu de retard également.

D’ici là les habitants de la commune voulant pratiquer la natation franchissent la chaîne pour utiliser la piscine de Poindimié, quant aux autres ils peuvent se rappeler le message de la province diffusé en 2007 : ” Encore quelques mois de patience et le rêve deviendra réalité ! “

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Rita

Officiant en free-lance pour plusieurs périodiques et médias calédoniens, cette pigiste professionnelle a rejoint l’équipe des contributeurs de Calédosphère depuis 2013 sous son nom de plume « Rita ». Spécialisée dans l’actualité quotidienne, elle se plait à y dénicher des sujets non-traités par les autres médias et à couvrir les évènements sensibles. Synthétique, réactive et parfois provocatrice elle essaie toujours d’écrire de manière claire, précise mais avant tout vivante. Son crédo : « Si ça pique, c’est un bon sujet »

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apox
apox
17 janvier 2015 09:23

Vous voyez, des exemples de ce genre on en voit tous les jours. Avec l’aval de qui?????Que de fric gaspillé, et que de magouilles!

staline
staline
16 janvier 2015 13:58

Je me demande bien à quoi servent tous ces cabinets d’étude :  étude de sols, étude sécurité, socotec et tous les autres.On est pas capable de construire une piscine, heureusement que ce n’est pas une tour de 50 mètres.A Nouméa, c’est la voirie, près de la SLN et du magasin Mageco qui n’est toujours pas ouverte. Problème foncier parait il, où sont les ingénieurs et responsables qui ont monté ce dossier – la encore c’est de l’argent public.Responsable mais pas coupable

El Loco
El Loco
Répondre à   staline
16 janvier 2015 18:32

Ca fait marcher la pompe à fric!!!

memory
memory
16 janvier 2015 09:52

Quand ce n’est pas ton argent que tu dépenses,Quelle importance?

DECENNIE
DECENNIE
Répondre à   memory
16 janvier 2015 10:33

quelle importance quand on est trés bien payé pour le faire.J’espère que tout les sous traitants qui se gavent pour le résultat qu’on connait déclare bien leur revenu ! ………moi je sait que non “donner c’est donner reprendre c’est voler” apres la clé de répartition faudrait inventer la clé de fiscalisation

memory
memory
16 janvier 2015 09:41

Quand ce n’est pas ton argent que tu dépenses,
Quelle importance?

apox
apox
16 janvier 2015 08:02

Cet  exemple n’est pas nouveau en NC, les responsables politiques d’une manière générale (territoire, mairies, etc…) sont des nuls et incapables. Quand des travaux petits ou grands sont nécessaires, on les donne à n’importe qui, sans savoir si l’entreprise choisie a les capacités d’assumer les dits travaux, a une équipe compétente, a le matériel qui convient, etc… On ne devrait s’adresser qu’à des entreprises dont c’est le métier et qui ont pignon sur rue, de l’expérience, des emplyés compétents, qualité des travaux. On économiserait beaucoup d’argent! Certains répondront: “il faut donner du travail à tous”, j’en convient, mais entre des… Lire la suite »

Fabene
Fabene
15 janvier 2015 19:30

Comment voulez-vous qu’avec tous ces exemples on arrête de taper sur les fonctionnaires? S’ils avaient des obligations de résultats, il y aurait beaucoup plus d’argent dans les caisses et tous ces médiocres d’ingénieurs à la con seraient virés depuis belle lurette… C’est tellement plus facile de dépenser l’argent du contribuable sans prendre de risques personnels, c’est juste à vomir !

El Loco
El Loco
15 janvier 2015 15:44

Les sportifs du Nord doivent aller s’entrainer à Poindimié, quand on connait la route accidentogène…….Pitié pour les jeunes du Nord, parce qu’une piscine, pour apprendre à nager, ya rien de mieux. Et pour les écoles…..Y a t’il une malédiction sur les projets calédoniens, depuis la  Savexpress dont la construction a duré plus de 20 ans et dont le coût dépasse l’écran de la calculette. Plus rien ne se construit, si, un pont à la Vallée du Tir qui ne mène nulle part. Jamais de responsable, où sont les ingénieurs à 6 ans d’étude et qu’on paye un max. Jamais de… Lire la suite »

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