Le sondage qui fait polémique ?

Notre sondage interrogeant les internautes sur leurs intentions de vote en cas de nouvelle élection dans le sud créé la polémique sur les réseaux sociaux. Selon celui-ci, le RUMP continue sa chute dans l’électorat. Explications.

Depuis plus de quatre ans que Calédosphère effectue et diffuse des sondages en ligne, c’est la première fois que l’un d’entre eux fait autant polémique. Une quarantaine de « consultation » des internautes sont en effet gratuitement et librement accessibles sur une page dédiée du média. Pour chacune de ces enquêtes, entre 1000 et 3000 internautes ont déjà donné leur avis sur un thème d’actualité (avec un record de 2895 participants s’agissant de la mise en place de l’heure d’été). Désormais, en un peu moins d’une journée, en moyenne plus d’un millier de personnes inscrites ou possédant un compte sur le média répondent aux sondages qui leur sont proposés. Mais cette fois-ci, certains n’acceptent pas les résultats ou cherchent carrément à les « trafiquer ». Ainsi sur l’un des groupes où les militants du RUMP discutent, on peut lire :

Vous devriez vous intéresser aux sondages de Calédosphère car ils sont contrefait. Je le garanti puisque j’en ai traficoté un hier jusqu’à ce que le webmaster s’en aperçoivent. (Happy new gouv le 18 février 2015 à 14:37)

En fait, le logiciel utilisé n’accepte qu’un seul vote par adresse IP (c’est-à-dire un seul vote par foyer) et de plus il est désormais nécessaire de créer un compte sur le média pour pouvoir participer ( un compte indispensable également pour pouvoir commenter les articles) De sorte que pour qu’un même individu votent plusieurs fois il lui faut changer d’adresse mail, d’ordinateur et de lieu, et il lui faut ensuite se recréer un autre compte. Pour autant, cela n’a pas empêché certains d’essayer de le faire avant d’être repéré…

Un problème avec le réel ?

Calédonie ensemble est arrivé largement devant les autres formations politiques de Nouvelle-Calédonie lors des dernières provinciales avec près de 37% dans le Sud. C’est un fait. Après que 1151 personnes (pour l’instant) aient voté dans notre sondage, Calédonie ensemble récolte 35% des résultats (en comptant les abstentionnistes parmi le panel total). C’est donc peu ou prou le score de cette formation d’il y a six mois et donc rien de bien étonnant là-dedans. De même avant les élections municipales, notre sondage avait placé Sonia Lagarde à 36% et Gaël Yanno à 32%. Ils avaient ensuite obtenu lors du 1er tour respectivement 36.28% et 34.66% un mois plus tard… Si ces résultats ne sont que des images instantanées de l’opinion à un temps « t » et doivent être relativisés à l’aune d’une analyse poussée, ils n’empêchent pas certains de critiquer voire même de nier leur pertinence et ce faisant la situation politique actuelle. Une preuve de l’aigreur de ceux qui espéraient mieux au sortir des derniers scrutins ? Voire.

Analyses & interprétations

Quoi qu’il en soit, en cas de nouvelle élection, on peut déjà tirer de ces résultats provisoires (en termes d’intention de vote) plusieurs enseignements :

Ø L’effondrement de Ligeard

Tout d’abord, et c’est la surprise de ce sondage, Cynthia Ligeard semble avoir perdu le soutien d’une part importante de sa base militante et électorale. Si le RUMP-FPU pesait 19% lors des dernières élections (20% selon notre propre sondage d’avril dernier), une liste tirée par l’actuelle présidente démissionnaire du gouvernement n’obtiendrait plus aujourd’hui que 8 à 9% des suffrages. Une perte vertigineuse de 50% de son score qui s’explique par un seul fait : le rejet de la personnalité de Cynthia Ligeard jugée au mieux décevante ou au pire incompétente. Pour le RUMP, ces résultats confirment la lente érosion du parti de Pierre Frogier commencée en 2004 (il pesait alors 32% des voix)

Ø Le maintien de Gomes

Avec 35% d’intention de vote, Philippe Gomes semble en très légère baisse par rapport à son score de mai 2014 (36.4%). Pour autant, comparativement aux intentions de vote d’avril 2014, il gagne deux points (dans notre précèdent sondage pré-élection, CE avait en effet obtenu le soutien de 33% des sondés) Il s’avère donc que la période qui a suivi les provinciales n’a ni favorisé le parti des députés, ni l’a affaibli. Une stabilité qui présente les contours d’une possible stagnation laquelle s’explique peut-être par l’absence de son leader du territoire et des institutions, Philippe Gomes ayant choisi de ne plus se placer à la tête d’une collectivité calédonienne.

Ø La dynamique Backes

Des formations présentes dans les institutions, c’est sans conteste celle qui tire le mieux son épingle du jeu à l’heure actuelle. Selon les résultats de ce sondage en ligne, une liste de l’Union pour la Calédonie dans la France tirée, comme lors des dernières provinciales, par Sonia Backes se positionnerait à la seconde place et raflerait cette fois 23% des suffrages (contre 18% aux provinciales). Bénéficiant du soutien d’une partie des électeurs déçus de Cynthia Ligeard, l’UCF prendrait ainsi la place du FPU-RUMP dans l’actuel trio des grandes formations loyalistes. Principe des vases communicants ? Oui, mais pas que. Sonia Backes travaille au gouvernement et elle s’attache surtout à le faire savoir. Active, « faisant le job » et appartenant à une formation qui cherche à se tenir loin des chamailleries politicienne, elle semble gagner des points dans l’opinion.

Ø Le retour du FN

A l’image de ce qui se passe en métropole, le Front National calédonien apparait en pleine ascension. En avril 2014, dans notre précédent sondage, seulement 3% des sondés l’avaient plébiscité. Un mois plus tard, la liste de Bianca Hénin obtenait 3.97% des voix. Un score insuffisant pour dépasser la barre et obtenir des sièges au congrès. Cependant, désormais, le FN est crédité dans notre enquête en ligne de 9% des intentions de vote. Soit un triplement de son score en l’espace d’une dizaine de mois. Force est de constater que des électeurs déçus du FPU-RUMP semblent se tourner vers le FN. De quoi, si des élections avaient lieu bientôt, lui assurer plusieurs sièges dans les assemblées (ainsi, en 2004, avec 11.19% des voix, le FN de Guy Georges avait placé 4 élus au congrès et 5 à la province)

Ø Le décollage de Henocque

Habitué aux résultats à un chiffre lors des élections et toujours sous la barre des 5%, le parti de Stéphane Henocque semble prendre des couleurs en ce début d’année 2015. Après plusieurs tentatives malheureuses aux législatives, aux municipales et aux provinciales, pour la première fois, les intentions de vote lui octroient un score bien supérieur, à savoir 10% alors que sa liste avait terminé dernière du scrutin en mai 2014 avec seulement 3.21% des voix. Parti neuf, axé sur les problèmes sociaux et prônant la « bonne gouvernance », tout comme le FN, Convergence-Pays attire des déçus d’autres mouvements politiques et peut-être aussi des abstentionnistes. Reste que son électorat est particulièrement bien représenté sur internet mais aussi très réactif. C’est ainsi qu’en avril 2014 il obtenait dans notre sondage en ligne 6% des intentions de vote soit deux fois son score véritable…

Ø L’énigme indépendantiste

Il est particulièrement difficile de mesurer les intentions de vote indépendantistes sur le net. Pour des raisons autant sociologiques que culturelles, cet électorat est moins présent sur les blogs que l’électorat loyaliste (à contrario des réseaux sociaux partenaires du média). Ainsi, Concernant les indépendantistes, les résultats de nos enquêtes sont donc systématiquement sous-évalués. Pour autant, en avril 2014, notre sondage en ligne indiquait que 15% des sondés s’apprêtaient à voter pour la liste FLNKS (elle aura en fait obtenu 18% des voix). Cette fois-ci, deux listes étant vraisemblables du fait des inimitiés au sein du monde indépendantiste, la marge d’erreur augmente d’autant. Quand bien même, une liste Palika-progressiste semble pouvoir tailler des croupières à une liste UC-radicale (6% contre 1.5%). Peut-être les effets de la situation à Saint-Louis ou bien des scandales à répétition qui ont touché les élus de l’Union calédonienne depuis l’affaire Tamai…

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