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Calédosphère

LES CHRONIQUES DE CATON

L’école est finie

On apprend mai 68 dans les livres d’histoire au même titre que 1789, 1830 ou la commune de Paris et l’on s’enorgueillit idiotement de ce printemps parisien qui mis à bas les murailles de la société gaullienne et résistancialiste, pour laisser place à un je ne sais quoi de libertaire et d’égalitarisme, dont nous payons désormais le prix. Depuis 50 ans maintenant, pas un ministre de l’Éducation Nationale qui n’est envie de laisser sa griffe au travers de réformes qui n’ont eu d’autres résultats que de rendre l’école caduque, inutile et vaine. Sous des habillages trompeurs, on veut nous faire croire que malgré tout l’école laïque et républicaine offre les mêmes chances à tous et que la réussite effectivement se trouve au bout du chemin. Alors qu’en définitive, le mammouth éducatif reproduit les schémas naturels et inéquitables qui veulent que les nantis profitent mieux du système que les démunis et qu’ils ont tout intérêt à ce que rien ne change. Le fait est cruel parce qu’il est avéré et qu’il ne peut même pas être combattu, puisque l’on s’est ingénié dans le même temps, à extirper des esprits que respect, travail et mérite étaient les valeurs-mères. La France débat donc d’une énième réforme des collèges dont tout le monde sait que rien de bon ne sortira puisque le mal est plus profond et que c’est toute la bâtisse qu’il nous faut reconstruire.

La Calédonie non plus n’est pas à l’écart de cette réalité dont on ne veut rien dire, mais dont on connaît les turpitudes. L’école calédonienne est le reflet de notre société qui cherche à s’extraire tant bien que mal du post-colonialisme en posant ses bases sur des notions comme le destin commun auquel on aspire, mais qu’il est mal aisé d’atteindre, tant on en ignore les contours, volontairement ou non. Cela conduit donc à des dérives quasi sociologiques, comme ces parents qui contournent la carte scolaire pour placer leurs enfants dans les établissements qu’il faut ou ceux-là qui font le siège du vice-rectorat pour que des gosses violents ne soient pas virés du lycée.

L’école n’est plus un repère, voilà la faille béante, outre qu’année après année les niveaux baissent dans les fondamentaux et que lire, écrire et compter deviennent des travaux d’Hercule pour une majorité de mômes. On peut ensuite triturer les programmes à l’envie, modifier les façons d’enseigner, chercher les bienfaits, et les comparer, des méthodes analytiques, globales, synthétiques ou semi-globales, il n’empêche qu’au sortir de l’affaire, les dégâts sont considérables et tracent trop souvent des destins contraires. Avons-nous des moyens d’en sortir ou est-il douloureusement trop tard ? Bien malin qui peut répondre à cela. Sans doute les nostalgiques de l’école de Pagnol n’ont plus voix au chapitre, mais l’école que nous voulons construire peut quand même établir quelques pistes porteuses d’espoir. À nous en tout cas, de ne pas nous vautrer…

Caton

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CATON

Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"

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DECENNIE
DECENNIE
10 juin 2015 16:35

je contourne les regles pour que mes enfant n’aillent pas dans une école de rivière salée… quel parent voudrait sciemment gacher l’avenir de ses enfants.

Vincent Rodriguez
Vincent Rodriguez
10 juin 2015 14:53

L’Ecole est finie”: Depuis les années 1980 je dénonçais les conséquences catastrophiques pour l’école et la société des multiples “déformes” de l’Enseignement. On m’a fait passer pour le “poil à gratter” (pour ne pas dire autre chose) du “politiquement correct”. 50 ans plus tard je constate que j’avais raison et je suis loin d’être le seul. Après mon départ à la retraite, j’ai écrit un livre “Deviens toi-même. Parents absents….enfants perdus” et d’autres articles pour m’élever contre la “déliquescence” de l’enseignement et ses conséquences sociétales. Pour plus d’information voire le site http://www.vrodriguez.com. Le livre et le site ont été fait… Lire la suite »

sagamore
sagamore
22 mai 2015 09:05

Vous dites : “L’école n’est plus un repère…”
Mais la famille l’est-elle encore ? Et les chargés d’âme douteux ?
Et nos z’élus à perpèt’, les banquiers véreux, les stars d’un jour, nos footeux obscènes,
les films à sensations, les médias racoleurs, nos politicards corrompus, la pub pour débiles…
Ca fait vraiment envie !

[… Y’a bien encore l’McDo comme repère des gosses friqués.
Sinon, c’est la centrale à charbon au centre-ville pour tout l’monde. Héhé !]

Truc Machin
Truc Machin
21 mai 2015 11:20

Comment dire, çà me trou le cul de voir çà… Tous les jours on se rend compte que l’essentiel est la base et que la base c’est bien de savoir lire, écrire et compter… Qui peut croire que vivre sans, est possible !!! Mais nous on a des champions qui passent leurs temps à revoir les programmes, changer leurs noms, tout en donnant de moins en moins d’importance à l’essentiel… Bien entendu qu’on peut écrire plus ou moins bien, avec plus ou moins de fautes d’orthographe, de syntaxes, de grammaire (j’en suis la preuve est c’est pas brillant)… Bien entendu… Lire la suite »

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