Nouméa : Lagarde perd sa majorité

Seize mois après son élection, Sonia Lagarde doit faire face à la création d’un groupe Calédonie Ensemble au sein de sa majorité. Un groupe composé de 21 élus sur les 40 conseillers municipaux de la liste gagnante de mars 2014. L’opposition jubile.

Depuis mardi soir, la députée Sonia Lagarde n’a plus de majorité totalement acquise à sa cause au sein du conseil municipal de Nouméa. Élue en avril 2014 par 39 de ses colistiers de la liste « Avec nous, ça va changer », le premier magistrat de la ville avait reçu il y a quelques jours un document faisant état de la création d’un groupe dénommé « Calédonie Ensemble ». Si le microcosme politique bruissait de rumeurs à ce sujet ces dernières semaines, lors du dernier conseil municipal et devant une foule de journalistes spécialement venus pour assister à l’évènement, Sonia Lagarde a annoncé elle-même la nouvelle. Constitué par 21 élus, dont six adjoints-au-maire, ce nouveau groupe sera dirigé par Philippe Dunoyer et, selon ce dernier, il a pour vocation à « améliorer le fonctionnement municipal » et à « faire des propositions » issues du programme de campagne. De son côté, Madame le maire fustige un « épiphénomène » et déclare « ne pas comprendre » la démarche, expliquant par ailleurs qu’elle reste secrétaire-générale adjointe de Calédonie Ensemble. Des dissensions Lagarde-Gomes sont en fait dans toutes les têtes.

Lutter contre l’immobilisme ou faire plier Lagarde ?

Pour leur part, tout comme l’opposition municipale, une partie des colistiers de Sonia Lagarde – désormais officiellement encartés – expliquent depuis plusieurs mois à qui veut bien les entendre que le fonctionnement actuel de la mairie ne leur semble pas satisfaisant. Accusée d’immobilisme, il serait reproché à la députée-maire de ne pas écouter les siens, de ne pas entreprendre suffisamment d’actions ou de réformes et surtout de ne pas avoir tenu ses engagements de campagne. Symbole entre tous : la non-démission de son poste de parlementaire (alors que Sonia Lagarde s’y était engagée avant les élections) serait très mal passée auprès des cadres de Calédonie Ensemble, Philippe Gomes en tête. Mais de leur côté, les « Lagardiens » dénoncent une volonté politique du leader de Calédonie Ensemble de prendre le contrôle de la mairie de Nouméa à travers la création de ce groupe. Pour eux, Sonia Lagarde paierait là le cumul de ses deux mandats et son « boycott » des instances de Calédonie Ensemble depuis son élection, et notamment des derniers conseils politiques organisés par le mouvement.

Une nouvelle chance pour Yanno ?

Pour l’opposition municipale en revanche, c’est une très bonne nouvelle. Car si désormais la majorité est coupée en deux, cela augure de bons espoirs pour le groupe UCF-FPU. Celui-ci peut en effet espérer organiser des majorités de circonstances avec les 19 élus « Lagardiens ». Certains textes sensibles (notamment les demandes de subvention aux radios) pourraient ainsi être votés sans l’accord du groupe Calédonie Ensemble, si le groupe de Gaël Yanno s’associe à celui de Sonia Lagarde. Le président du congrès, qui a en deux ans été battu deux fois par Sonia Lagarde, saura certainement apprécier la situation ainsi créée. Au final cependant, peu de chance que ces soubresauts modifient durablement le fonctionnement de la mairie de Nouméa. En effet, l’ensemble des textes proposés ce mardi soir a été voté à l’unanimité des élus présents, et sans aucune opposition. Vous avez dit changement ?