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Calédosphère

LES CHRONIQUES DE CATON

La honte des hommes

Sort sur les écrans le film « les suffragettes », récit de l’un des grands combats des femmes anglo-saxonnes pour obtenir le droit de vote et premier acte d’une longue série de luttes qui marqué le 20ème siècle. Le siècle passé en effet aura été marqué par la prise par les femmes de leur légitime place dans la société occidentale et moderne. Place que sous les minarets, certains leur contestent dans la violence et la haine. Ces combats qui semblent aux jeunes filles d’aujourd’hui, pour peu qu’elles s’y intéressent, d’une évidence surannée, sont pourtant remis en cause au quotidien par le fléau des violences faites aux femmes.

Les statistiques, violentes dans leurs résultats, montrent que l’on est loin de l’épisodique ou du détail, mais qu’au contraire derrière bien des murs se cache une réalité glaçante qui doit nous faire nous interroger sur nous-mêmes. Et d’abord sur notre manque de réaction. Il a fallu une mobilisation forte des associations pour que les bras armés de la société que sont justice et police, conviennent de traiter le problème autrement, avec sérieux et efficacité et qu’enfin la sanction s’applique. Le fléau est d’autant plus important et pernicieux qu’il conduit les femmes concernées, et dieu sait qu’elles sont nombreuses, à manquer de force pour réagir et les hommes à détourner le regard. À la vérité, et pour autant que nous ne soyons nous-mêmes ni auteurs ni victimes, nous avons tous, et sans le savoir, dans nos entourages des hommes qui frappent leur femme, les rabaissent et les humilient. C’est cela l’implacable réalité.

Il ne faut pas se méprendre : les violences faites aux femmes, c’est toutes les ethnies, toutes les couches de la population, tous les âges et toutes les classes. Personne n’est épargné. Cette capillarité des violences impressionne et les qualifie, ce dont il faut s’émouvoir, de fait de société. Or, ça n’est plus possible et puisque nous sommes capables de nous mobiliser contre la violence, la délinquance, l’alcool ou le cannabis, au nom de quoi devrions-nous rester amorphes, et donc complices, de ces violences dont les femmes meurent ?

Et tout est à faire ! Ne serait-ce que d’engager enfin les fonds nécessaires pour réactualiser l’antédiluvienne enquête statistique sur les violences faites aux femmes en Nouvelle-Calédonie. Cela permettrait que les actions, essentiellement menées par les associations ou les élues, soient justifiées aux yeux de l’opinion par une réalité tangible. Ensuite, il faut convaincre et persuader l’ensemble du corps social calédonien, des politiques aux coutumiers, en passant par les entrepreneurs et les enseignants, de la nécessité de plans cohérents qui touchent toutes les strates de la société. Vaste programme certes, même si fort heureusement, tout porte à croire qu’une prise de conscience générale est possible. La honte des hommes est, non seulement pour certains d’être les lâches auteurs de ces violences, mais pour les autres de faire comme si de rien n’était. À l’heure où la Nouvelle-Calédonie sent qu’il va lui falloir poser les bases d’une nouvelle société politique et économique, comment pourrait-elle ne pas agir pour que de sa réflexion naissent aussi d’autres manières d’appréhender les relations entre les hommes et les femmes ?

Caton

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CATON

Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"

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X
X
26 novembre 2015 07:32

“La honte des hommes est, non seulement pour certains d’être les lâches auteurs de ces violences, mais pour les autres de faire comme si de rien n’était.”

Et la honte des femmes qui font comme si de rien n’était, vous en faites quoi?

Exemple? les mères, sœurs, cousines, filles, amies, amantes (avant d’être tabassées) de certains illustres boxeurs de femmes de notre très (trop) chère classe politique?

Elles ferment les yeux?

Turquoise
Turquoise
25 novembre 2015 07:09

Les femmes portent en elles la vie et mettent au monde l’humanité..elles nourrissent les enfants de notre planète et elles n’ont pas besoin de le prouver en s’agitant, en créant des religions, des guerres ou même faire de la politique pour justifier de leur utilité sur la planète! Etre une femme est un privilège en soi…c’est ce que les hommes leur reprochent depuis toujours et c’est pour cela qu’ils tentent de les mettre à bas depuis des temps reculés! Ils sont terrifiés de s’abandonner à la seule chose qui soit vraiment tangible dans toute cette histoire de l’homme…LA FEMME! Quand… Lire la suite »

Inforétif
Inforétif
Répondre à   Turquoise
26 novembre 2015 08:01

” Les femmes, je ne parle pas de celles qui se sont déguisées en hommes”

Une vision quand même bien rétrograde de la Femme que celle de la confiner au seul rôle de mère et de bonne à tout faire dans le foyer, par moment on se croirait plongé dans la lecture de la fameuse “charte”. Il existe de plus en plus de femmes dont l’idéal de vie n’est pas de faire 6 enfants et de s’en rendre esclave, et elles sont tout aussi respectables.

Floyd
Floyd
24 novembre 2015 09:57

Un peu d’Histoire sur le sujet. Le terme suffragettes désigne, en son sens strict, les militantes de la Women’s Social and Political Union, une organisation créée en 1903 pour revendiquer le droit de vote pour les femmes au Royaume-Uni. .. Le Royaume-Uni fut le huitième pays à avoir donné le droit de vote aux femmes. Le premier fut la Nouvelle-Zélande (1893), grâce à une pionnière mondiale, Kate Sheppard, née Catherine Malcolm (Liverpool, Angleterre 1847 Christchurch, Nouvelle-Zélande 1934). Ce fut ensuite au tour de l’Australie (1902) et de la Finlande (1906). Les États-Unis, sur le plan fédéral, l’adoptent en 1919. En… Lire la suite »

Inforétif
Inforétif
24 novembre 2015 09:29

France 1944 : quel rapport avec le sujet ?

Par contre pour la violence faite aux femmes à l’ombre des minarets, il y a matière. Dernièrement :
http://www.lemonde.fr/international/reactions/2015/11/03/une-jeune-femme-lapidee-dans-le-centre-de-l-afghanistan_4801911_3210.html

Inforétif
Inforétif
Répondre à   Inforétif
24 novembre 2015 09:32
DECENNIE
DECENNIE
24 novembre 2015 09:12

” Place que sous les minarets, certains leur contestent dans la violence et la haine. ” Kirghizistan en 1918, Azerbaïdjan en 1921, Turquie en 1934 …….France 1944

Sagamore
Katniss
24 novembre 2015 08:33

Bizarre !
Pourquoi y’a-t-il si peu (ou pas) de femmes sur ce blog ?….

[… pass’que la politique locale les z’emmerde ! ]

wolfie
wolfie
24 novembre 2015 07:45

A l’heure où la Nouvelle Calédonie sent qu’il va falloir poser les bases d’une nouvelle société eco et politique, je dirai plutôt à l”heure où un élu toujous en poste au gouv a été accusé d’avoir cogné sa compagne, 20 ans plus jeune que lui, quelle confiance peut on accorder à ceux qui nous gouvernent sur cette question en particulier.

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