Il faut que l’Islam parle

Il y aura un avant et un après l’attentat contre Charlie Hebdo, c’est ce à quoi concluent tous les analystes. Mais dans cet après, quelle sera la place de l’islam français ? C’est la grande inconnue. Les responsables du Conseil Français du Culte Musulman, ainsi le président du CFCM Mohamed Moussaoui, sont intervenus sur tous les médias pour appeler à l’unité de la communauté française, à la défense de la République et pour inviter les musulmans à participer à toutes les manifestations et commémorations organisées en hommage des victimes de la tuerie de Charlie Hebdo. Mais assurément cela ne suffit pas ou cela ne suffit plus. C’est une condamnation ferme et sans nuance du fondamentalisme religieux et de l’intégriste islamique que l’on attend d’entendre des imams des mosquées de France, ils ont d’ailleurs été appelés à le faire, car quelles fussent nos convictions, nos obédiences, nos croyances, on ne peut taire que les assassins de Charlie Hebdo ont agit en référence à l’islam.

Quel avenir ? Cette prise de position attendue de la part de l’islam français est fondamentale et déterminante car elle peut engendrer des conséquences pour la France, son unité et son avenir, mais aussi et surtout pour l’islam de France que l’on veut continuer à présenter comme modéré. L’unité nationale est aujourd’hui menacée, c’est d’ailleurs pour cela que les principaux responsables politiques, ainsi François Hollande et Nicolas Sarkozy, insistent sur la nécessité de manifester la solidité du corps social français. Assurément, l’islam français est à un moment tout à fait important de son histoire, il en va de la place qu’il veut occuper au sein d’une République, qui plus que jamais se revendique laïque.

Et demain ? Aujourd’hui, la France est dans l’émotion et le recueillement, mais demain ? C’est la grande peur qui rode sur l’éventualité que les « djihadistes » français trouvent en la tuerie de Charlie Hebdo, un modèle d’action à répéter, mais également sur une progression de l’islamophobie dans notre pays. L’explosion d’un restaurant kébab près d’une mosquée à Villefranche-sur-Saône ou des tirs contre des lieux de cultes musulmans au Mans et dans l’Aude sont des incidents à ne pas minimiser. Par le passé hélas, notre pays a été la cible d’attentats, mais celui de ce 7 janvier 2015 a une autre portée et à ce titre François Hollande qui parle de « résistance » ou de Nicolas Sarkozy qui évoque « une guerre contre la civilisation » l’ont bien mesurée. Demain, la société française va devoir ouvrir un large débat sur l’avenir qu’elle entend se donner.