Nouméa : hommage aux victimes de Charlie Hebdo

En hommage aux victimes du carnage ayant frappé Charlie Hebdo, un millier de personnes s’est réuni spontanément ce midi sur la place des Cocotiers, au cœur de Nouméa. Elus, personnalités et citoyens d’horizons divers se sont regroupés pour marquer leur soutien aux victimes et leur attachement à la liberté.

« Le cœur de la République est atteint aujourd’hui par ces assassinats ignobles qui ont frappé les journalistes de Charlie Hebdo » Le cœur lourd, Elie Poigoune, le président de la Ligue des Droits de l’Homme, a été l’un des premiers à prendre le micro devant une foule compacte, réunie ce midi sous le célèbre kiosque à musique de la place des Cocotiers. Comme dans de très nombreuses grandes villes du monde, des citoyens choqués et attristés ont en effet décidé de se réunir, ici à Nouméa, pour rendre hommage aux douze personnes lâchement abattues hier, dans les locaux parisiens du journal Charlie Hebdo.

Ce sont des gens qui nous ont accompagnés durant toute notre jeunesse et jusqu’à maintenant pour exprimer et faire vivre la liberté. Ils n’avaient que leur stylo et leur crayon pour exprimer la liberté ! Et en face d’eux, il y a la violence, les Kalachnikovs, la haine (Elie Poigoune)

Citant également les deux policiers tués pendant l’assaut, Elie Poigoune a rendu hommage aux disparus et a déclaré à la foule qu’« aujourd’hui, la Calédonie doit être debout et proclamer sa profonde compassion et ses pensées affectueuses aux familles ». Un message relayé par la mairie de Nouméa qui a placé une banderole au cœur du centre-ville sur laquelle on peut lire :

« Au nom de la liberté, debout nous sommes, debout nous resterons »

Sonia Lagarde et des représentants de tous les mouvements politiques étaient également présents. Selon la députée-maire « la presse est endeuillée. Elle a perdu des journalistes et des dessinateurs talentueux, en cela, c’est la liberté tout court qui est mise à mal et remise en cause par cet acte terroriste ». Saluant la mobilisation des Nouméens et au-delà des Calédoniens, Sonia Lagarde a réaffirmé son attachement à la liberté d’expression « un principe fondamental de notre République qui doit être préservé »

Journalistes et anonymes choqués mais debout

Pour Gonzague de la Bourdonnay, Rédacteur en Chef Web sur NC1ère « ce drame n’est pas une affaire de journalistes, de policiers ou de politiques. C’est une affaire de citoyens du monde, libres et attachés à la liberté d’expression » Évoquant l’agression dont avait été victime il y a dix ans son confrère Etienne Dutailly (NDLR : rédacteur en Chef du Chien Bleu), le journaliste de France Télévision explique qu’on n’est « jamais à l’abri » des tentatives visant à museler la presse ou s’attaquant à la liberté d’information.

Mais c’est une question de principe universel : cette liberté de penser, de s’exprimer, de sourire, de rire, celle-là il n’y a personne qui pourra nous l’enlever (Gonzague de la Bourdonnay)

A quelques mètres de lui, venu en « simple citoyen » pour marquer sa solidarité, le premier magistrat de Dumbéa Georges Naturel a expliqué qu’ayant étudié en métropole « Charlie Hebdo faisait partie de notre culture commune ». Le maire de la seconde plus grande commune de Nouvelle-Calédonie s’est néanmoins déclaré « inquiet » sur la situation, espérant qu’il s’agit là d’un acte isolé :

En tant que décideurs, ça nous permet de prendre en compte le fait que, chez nous aussi, ça peut se produire (…) Il faut tous ensemble se prémunir contre ces actes de barbarie (Georges Naturel)

Un livre de condoléances a été placé sous le kiosque à musique pour recueillir les témoignages et les messages des Calédoniens aux familles et aux proches des victimes.