Les intouchables 3 : le retour de la vengeance de Cynthia Ligeard

La présidente de l’exécutif démissionnaire veut profiter de la prochaine réunion de collégialité pour que le gouvernement prenne en charge ses frais de justice dans sa plainte contre Calédosphère. Les élus attaquent, les contribuables paient.

Après deux présidents de gouvernement, un vice-président, un ministre et deux-trois responsables politiques (on s’y perd un peu à force), Cynthia Ligeard avait, elle aussi, décidé le 21 janvier dernier de porter plainte contre Calédosphère. Si l’élue du RUMP n’avait pas évoqué les motifs de sa plainte (peut-être diffamation ?) il était évident qu’elle était en rapport avec les révélations que Calédosphère avait diffusées quant à sa volonté de faire payer par le gouvernement 10 millions en frais d’hélicoptère pour des « amis » du pouvoir. A moins peut-être qu’il s’agisse des révélations quant aux dépenses de communication qu’elle avait effectuées l’année dernière pour acheter, via l’institution qu’elle dirigeait, des ballons (6 millions de Fcfp) ou encore des médailles (3.5 millions de Fcfp). Il est possible également que cela soit à cause de l’article diffusé dans ses colonnes évoquant le coût exorbitant (20 millions de Fcfp) des agendas commandés par son équipe.

Quoi qu’il en soit, Cynthia Ligeard avait déclaré « dénoncer les nouvelles allégations infamantes publiées hier sur un blog anonyme des plus nauséabonds » (NDLR : c’est-à-dire Calédosphère, le blog que vous lisez en ce moment de façon totalement anonyme). La présidente du gouvernement expliquait ainsi que « de tels agissements (…) ne doivent pas rester sans réponse judiciaire ». Raison pour laquelle, elle avait choisi – comme d’autres avant elle – de porter plainte contre le média.

J’attaque, mais c’est pas moi qui paie !

Tout comme son collègue Gilbert Tyuienon, la présidente du gouvernement démissionnaire se réfugie derrière le statut de membre de l’exécutif pour ne pas payer de sa poche les frais de justice lorsqu’elle veut faire taire un média qui lui porte, selon elle, préjudice. S’appuyant sur une jurisprudence qui démontre que les membres du gouvernement exercent leur fonction « à plein temps » et « en tous lieux », Anthony Lecren avait voulu lui-aussi bénéficier de la protection juridique et financière de la Nouvelle-Calédonie au sujet de la scabreuse affaire Tamai. Lorsqu’un membre du gouvernement dispose de cette protection, l’ensemble de ses frais de justice sont alors pris en charge par la collectivité. Dans un certain nombre de cas, les services juridiques peuvent également l’accompagner durant toute la procédure et ce, qu’il soit susceptible de la gagner ou non.

Obtiendra-t-elle une majorité ?

En lien désormais avec des agents des services juridiques du gouvernement (NDLR : à force de procès, on finit par se faire des amis dans le métier), la rédaction de Calédosphère a été tenue informée de l’ordre du jour de la réunion du gouvernement de demain matin. Pour réussir à faire voter son arrêté, Cynthia Ligeard aura besoin de six voix parmi les membres du gouvernement. Si la logique voudrait qu’elle-même et les élus de l’UC ayant déjà porté plainte contre le média le votent, nous ignorons encore quelle sera l’attitude des autres « ministres ». Nous vous tiendrons naturellement informés demain des suites de cette trépidante affaire opposant une fois de plus Calédosphère et les “Intouchables” du gouvernement.