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Affaire Tamaï : 1 an après, quelle justice ?
Un an après le décès de Guy Tamaï aucune instruction judiciaire n’a encore été lancée dans cette affaire qui avait créé en juin 2014 un véritable scandale politico-médiatique en Nouvelle-Calédonie. Mais depuis lors : rien.
Il y a exactement un an et deux jours, le corps de l’ancien élu de l’Union Progressiste Mélanésienne (UPM) était retrouvé inanimé sur un trottoir à proximité de plusieurs restaurants situés baie de l’Orphelinat à Nouméa. Comme le relèvera l’autopsie quelques jours plus tard, Guy Tamaï est décédé dans la nuit du 5 juin 2014 “des suites de coups violents qu’il a reçu à la tête et au thorax lors d’une bagarre sur fond d’alcoolisation massive”. Selon le parquet cité par la presse, après plusieurs heures passées à table dans un restaurant de la baie une violente bagarre avait éclaté entre des personnalités du monde politique et “au moins deux coups ont été portés par la même personne (…) la victime présentait des blessures au visage et au thorax” A l’époque, des sources policières proches de l’enquête affirmaient que quatre personnes avaient été auditionnées et placées en garde à vue dont Anthony Lecren, membre du gouvernement et élu de l’Union Calédonienne. Le 12 juin, Seleone Tuulaki, candidat sur la liste FLNKS aux provinciales et collaborateur politique du RDO (l’une des quatre composantes du FLNKS) était mis en examen « pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Placé sous contrôle judiciaire à partir de cette date, la Procureure de la République Claire Lanet avait réclamé sans succès la mise en détention du meurtrier présumé mais le juge des libertés s’y était opposé. Depuis, la procédure judiciaire semble s’être arrêtée. Pour autant, on en sait davantage sur ce qu’il s’est passé cette fameuse nuit.
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Le déroulé des faits de la nuit du 5 juin
Peu de gens s’en souviennent, mais le jeudi 5 juin 2014 au matin avait lieu au gouvernement l’élection de Cynthia Ligeard à la présidence de l’institution. Suite aux élections provinciales et à la constitution d’une alliance de circonstance entre les partis loyalistes (CGS), l’élue du FPU avait alors été élue lors de la première séance de collégialité du nouveau gouvernement. Cependant, et pour la première fois dans l’histoire de l’institution, aucun accord n’avait ensuite été trouvé ce matin-là entre les élus indépendantistes afin de déterminer qui serait le Vice-président. Un poste traditionnellement dévolu aux indépendantistes. Marquées par les contrecoups de la campagne électorale en Province Nord, l’UNI de Paul Néaoutyine et l’UC de Gilbert Tyuienon étaient déjà à « couteaux tirés ». Ce dernier, qui espérait conserver la vice-présidence, a compris ce jour-là que le président de la Province Nord ne lui permettrait pas d’être réélu et surtout d’obtenir le très stratégique secteur des mines. C’est donc dans une ambiance particulière que Gilbert Tyuienon, des membres de son cabinet, Anthony Lecren et plusieurs collaborateurs du gouvernement sont allés déjeuner ensemble dans un restaurant situé sur les baies de Nouméa en partant du siège du gouvernement d’où ils avaient garé la plupart de leurs voitures.
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Le gueuleton
Une grande tablée s’organise et selon tous les témoignages, l’alcool coule à flot. Des responsables politiques ou institutionnels font des allers-et-retour, partageant leur point de vue sur la non-élection d’un vice-président et les moyens de parvenir à un arrangement avec les frères ennemi du Palika. Le repas s’éternisant jusqu’au soir, certains ont continué à consommer de l’alcool au sein du Jazz Club situé tout à côté du restaurant. Vers 22 heures, les videurs du bar ont ainsi certifié avoir vu le membre du gouvernement Anthony Lecren s’affaler sur le piano du club. Ils ont alors dû le porter pour l’emmener dehors dans un état d’ébriété très avancé, le tout sous les yeux d’un journaliste d’Océane FM qui était lui-même présent ce soir-là avec des amis en face de l’établissement. Ayant assisté à une partie du drame, ce journaliste sera plus tard l’un des principaux témoins des enquêteurs… Vers 22h30, une partie des protagonistes était encore attablée à une table du restaurant voisin. C’est alors qu’une violente dispute a éclaté entre Guy Tamaï et plusieurs individus. Selon une source policière qui avait tenu Calédosphère informé dès le lendemain, la discussion était éminemment politique et des reproches de « traitrise » auraient été formulés par la victime à l’encontre d’un ou de plusieurs de ses interlocuteurs.
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Le drame et la fuite
Une bagarre s’en est suivie sans qu’on sache exactement combien de personnes y ont été mêlés. Seule certitude : au moins deux coups ont été portés contre Guy Tamaï par la même personne et du sang aurait été retrouvé sur les chaussures d’un des protagonistes. Couvert d’hématomes au thorax et au visage, le corps de Guy Tamaï sera retrouvé sans vie, dans une mare de sang, peu avant minuit par les services du Samu. Peu de temps auparavant, Seleone Tuulaki, le meurtrier présumé est « embarqué » dans la voiture d’Anthony Lecren par des personnes présentes non-identifiées. Une information qui sera communiquée la semaine suivante par la Procureure de la République elle-même. Le scandale aura alors poussé le membre du gouvernement à faire une déclaration dans les Nouvelles Calédoniennes :
Oui. J’ai raccompagné Seleone Tuulaki au gouvernement. Je n’avais pas passé la soirée à la même table, seulement dans le même établissement. Je n’avais pas vu la bagarre. Sur la route, je comprends qu’il s’est passé quelque chose de grave, il est en pleurs. Mais je ne sais pas encore ce qu’il s’est passé. Et c’est en allant aux urgences dans la nuit que je découvre que Guy Tamaï est décédé (Anthony Lecren)
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Car entre minuit et deux heures du matin personne ne sait ce que deviennent les occupants de la voiture partis en direction du gouvernement. C’est en effet plusieurs heures après le drame (vers 2h du matin) que Seleone Tuulaki se présente au commissariat de police où il restera en garde à vue jusqu’au samedi suivant. Quant à Anthony Lecren, selon une source policière, après s’être rendu durant la nuit à l’hôpital, il « disparait purement et simplement de la circulation » pendant plusieurs jours et ne se rend au commissariat que la semaine suivante en prétextant avoir été « injoignable » durant tout le week-end. Cette semaine-là, Seleone Tuulaki reconnait partiellement les faits qui lui sont reprochés et sait qu’il encourt jusqu’à 15 années de réclusion criminelle devant la Cour d’Assises.
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Tragiques répercussions
Au lendemain, lorsque l’affaire est rendue publique, les répercussions politiques ne se font pas attendre et notamment au sein du monde indépendantiste. Le Palika, lors de son assemblée générale extraordinaire organisée à Thio deux jours plus tard (commune dont est originaire Guy Tamaï) observe une minute de silence et exprime sa tristesse devant cette disparition. De son côté Victor Tutugoro parlera « d’assassinat » et du sentiment de colère des responsables actuels de l’UPM qui demandent justice :
Les conditions dans lesquelles il est mort nous ont révoltés (…) Effectivement nous allons soutenir [la famille] pour que toute la lumière soit faite sur l’assassinat de Guy (Victor Tutugoro)
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Faut-il voir un rapprochement entre cette sombre affaire et le fait que le même Victor Tutugoro a annoncé refuser au nom du FLNKS que le congrès du mouvement ait lieu cette année dans la tribu de St-Louis, c’est-à-dire sur les terres d’Anthony Lecren ? Quoi qu’il en soit, il est clair que ce drame aura certainement participé à éloigner encore davantage certains responsables de l’UC d’une part et ceux de l’UNI et de l’UPM d’autre part. Quant à la famille du disparu, elle a elle-aussi été fortement marquée par cet « assassinat ». C’est ainsi qu’en début d’année le propre fils de Guy Tamaï a choisi de se donner la mort après avoir rendu une dernière visite sur la tombe de son père. Profondément marqué par l’affaire et par le fait que le meurtrier de son père était identifié mais toujours en liberté, le jeune policier très apprécié de ses collègues a en effet mis fin à ses jours le 14 janvier dernier. Une information qui n’avait été relayée par aucun média traditionnel, pas plus que les suites de cette affaire que beaucoup aimeraient semble-t-il faire tout bonnement oublier par l’opinion publique…
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dans les nouvelle calédoniennes du 11 juil , on peux lire “une provoc qui coute cher” : 18 mois de prison ferme pour avoir exibé une photo avec une arme volée a un policier . SOYONS CLAIR : je ne cautionne pas le fait de voler une arme chez un agent de la force publique et de s exiber avec , je remarque seulement que les magistrats sont plus fermes quand il s agit de laver leur dignité (ou ce qu il en reste) que reprimer des delits majeurs comme 7 morts a maré lors d emeutes , ou un… Lire la suite »
Au final avec vos articles, vous n’allez réussir qu’une chose : que le présumé meurtrier obtienne le dépaysement du procès en métropole.
tema , a l aube du transfert des pouvoirs regaliens j imagines mal qu un procés pour meurtre impliquant des politiques de premier lieu puisse se tenir en metropole . les seuls delits qui ont été jugés en metropole ont fait l objet d un retoquage en regle de la part des magistrats qui ont grimpés au rideau en voyant la facon dont les dossiers sont instruits ici ; j en veux pour exemple le procés en appel des freres kohnu qui a finalement eu lieu grace a l intervention de la ligue des droits de l homme et dans… Lire la suite »
Un an déjà. Et la reconstitution, c’est pour quand ?
1 an, c’est court, généralement, il se passe toujours 2 ou 3 ans entre le crime et le tribunal
Et le suspect si il a avoué son crime, il est en prison…
J’ai peur de marcher dans les rues sachant que des meurtriers sont en liberté, la justice aurait à répondre de cela si il m’arrivait “quelque chose”…La NC et ‘SA’ justice c’est l’Afrique, c’est pire, je crois, son indépendance est remise en cause !
On ne compte plus les suspects qui ont avoué un crime qu’ils n’ont pas commis…Et pas seulement sous la torture mais, parfois, pour couvrir le vrai meurtrier.
En Afrique
un martyre de la cause ? ça lui collerait bien
ce n’est pas le temps d’instruction que la plupart d’entre nous condamnons c’est la trés rapide remise en liberté d’une personne qui “aurait avoué” le coup mortel. prendre son temps pour faire la lumière sur tout les intervenants de cette triste histoire oui ! mais libérer le présumé coupable le temps de faire toute la lumière non ! et il y a quelque chose qui me turlupine c’est que cette personne est en contact direct avec les protagoniste de cette affaire et ça je doute que se soit légale, ni morale.
“aurait avoué”, ben c’est çà le problème, on en sait rien nous les gens !!!
A-t-il avoué ???
Il semblerait que non, sinon il serait en tôle…!!!
Dans LNC du 12 juin 2014, l’article : “AFFAIRE TAMAÏ : SELEONE TUULAKI IDENTIFIÉ COMME L’AUTEUR DES COUPS” se termine par :
“L’intéressé reconnaît partiellement les faits qui lui sont reprochés”.
Ça ressemble à un aveu partiel non ?
Il n’est pas en tôle parce que le rapport du légiste indique que “le lien de causalité entre les coups qu’il constate chez la victime (nez et deux côtes cassés) et la mort, est un lien de causalité indirecte”. L’avocat de S Tuulaki utilise le fait que G. Tamaï présentait selon le légiste une intoxication alcoolique aiguë (1,96 gr/l) et qu’il avait déjà eu des malaises, donc sous entendu terrain favorable à détresse respiratoire et cardiaque. A ce sujet, il faut préciser que le rapport d’autopsie définitif n’indique plus un lien de causalité indirecte, mais “« lien de causalité direct… Lire la suite »
je ne fais que reprendre les dires de caledo et si cela s’averait être faux je serais le premier a m’en excuser et de vive voix, mais je pense que le ou les coupables sont des personnes politiques et qu’il n’y aura aucune suite a cette affaire.
si caledo l a publié c est que c est vrai sinon il se serait pris une plainte de plus , deja qu il se prennent des plaintes quand il disent des trucs vrai ……..
arretes de prendre pour argent content des oui dire
ne reprends pas des dires soit sur de tes propos
Tant qu’il n’est pas jugé, il n’est pas “présumé coupable” mais présumé innocent. Arrête de tordre le Droit.
jules , la preventive c est 6 mois sur la seule “intime conviction” de culpabilité lors de l instruction , les aveux bien entendu sont la cerise sur le gateau en matiere d intime conviction .
ou as tu vu que quelqu un aurait avoué d autre part en droit il n y a que des presumés innocents
C’est effrayant de voir suspectée la Justice sur ce blog par quelques excités, sans doute partisans du lynchage public sur des PRESOMPTIONS.
La Justice a besoin de PREUVES pour s’exercer sereinement.
Si Tuulaki n’est que sous contrôle judiciaire et pas au Camp Est, c’est justement que ces preuves manquent, et que toute la lumière n’a pas été faite sur cette affaire. C’est tout.
Heureusement…pour nous tous. Et pour la démocratie.
La justice? Mon experience c’est que plus tu payes, plus tu en obtiens de la “justice”…
« Seleone Tuulaki reconnait partiellement les faits qui lui sont reprochés et sait qu’il encourt jusqu’à 15 années de réclusion criminelle devant la Cour d’Assises. » c’est le “partiellement” qui fait de lui un homme libre ? dommage que l’on puisse pas dire la même chose des victimes, partiellement mort n’éxiste pas. soit il a avoué, soit il ne l’a pas fait
Terre de picole, terre de carnage
Bof, c’est le socle des valeurs K.