Sonia Lagarde : l’effet Cahuzac

C’est assez désagréable, alors que nous finissions par nous convaincre qu’effectivement elle ne démissionnerait jamais, cette sensation de nous être fait quand même berner. Parce que nous étions une ribambelle, non seulement à penser qu’elle tiendrait parole, mais surtout à avoir vu dans l’annonce qu’elle nous avait fait « les yeux dans les yeux », le geste d’une femme qui avait mis la politique à un autre niveau pour proposer à la ville une vision dénuée de tout caractère politicien et carriériste. Finalement, pouvons-nous entendre ici et là : elle est bien comme les autres.

Sonia Lagarde, qui jusqu’alors n’en était pas pourvue, va désormais trainer comme un boulet, cette lourde casserole politique, non seulement de n’avoir pas tenu parole, mais surtout d’avoir grugé son monde. Et ses excuses, proférées sur une radio qu’elle n’a pas exclu de subventionner, n’engagent, comme ses promesses, que ceux qui les acceptent. Et voilà pourquoi, au-delà de nos états d’âme, ce qu’elle a décidé de faire ou ce qu’elle n’a pas fait, repose la problématique de la confiance accordée à une classe politique largement entamée ces dernières années. « La confiance, déclarait Raymond Barre à la tribune de l’Assemblée, ça ne se marchande pas, ça se donne ou se refuse », or il s’agit bien en l’espèce de cette confiance accordée par une majorité de Nouméens, à celle qui, entre autres promesses, lui jurait ne vouloir se consacrer qu’à la ville. On peut disserter à l’envie sur le mensonge en politique comparée à la crédulité des électeurs, il n’empêche que ceux de Calédonie Ensemble ont pris comme un uppercut au foie, l’annonce faite par Sonia avec la même sincérité que celle de mars 2014, qu’elle resterait députée.

Il va falloir maintenant à la députée-maire de Nouméa qu’elle résolve cette équation personnelle qui veut que s’il n’y a plus confiance, c’est que la défiance s’est installée. Défiance sur ce qu’elle est et représente, sur ses méthodes et sa gouvernance, sur son discours et ses positions. Ensuite qu’elle reste ou non à Calédonie Ensemble dont elle se pare toujours des vertus, n’a strictement plus aucune espèce d’importance.

En ces temps qui, malgré que l’esprit de l’accord souffle toujours, demeurent délicats, la classe politique calédonienne ne peut plus se permettre de faire illusion, au risque de se couper d’un pays réel attentif, mais parfois désabusé, voire critique. Hélas, la manière avec laquelle Sonia Lagarde a tenté de se défaire de sa promesse originelle, ne contribue pas à rasséréner des Calédoniens dubitatifs quant à la capacité des partis politiques à faire face. Or aujourd’hui, avec une trop simpliste réflexion intellectuelle, médias et analystes prêtent à une grande masse de Calédoniens le fait que la politique ne l’intéresse pas, mais à la vérité, cette masse attend surtout que l’on traite ses problèmes avec compétence et sincérité. En clair, que l’on ne lui mente pas !

Caton