Privé de voyage, Lecren attaque Germain

Rien ne va plus entre Anthony Lecren et le président du gouvernement. Ce dernier refuse désormais de faire prendre en charge les frais de déplacement du « ministre » de l’environnement. Une décision qui a fait réagir l’élu indépendantiste qui dénonce une injustice et parle de « déstabilisation ». Coincé au sol ?

Anthony Lecren avait déjà refusé de voter pour Philippe Germain lors de l’élection à la présidence du gouvernement et on connaissait les inimitiés entre les deux hommes, cependant cette fois-ci elles s’affichent au grand jour. Dans un post sur son profil Facebook, le membre du gouvernement en charge de l’environnement affirme qu’en agissant ainsi Philippe Germain déstabilise les institutions :

Le gouvernement actuel s’éloigne jour après jour de la lettre et l’esprit de l’Accord de Nouméa et s’évertue à déstabiliser les équilibres si durement acquis (Anthony Lecren)

Plus loin, Anthony Lecren évoque les causes de cette déstabilisation, à savoir le fait qu’il ne pourra pas se rendre en Polynésie ce 16 juillet pour participer à une conférence du groupe des dirigeants polynésiens. Entrainés par Edouard Fritch, les responsables du Fenua comptent en effet élaborer une déclaration commune afin de la présenter lors du sommet du COP21* de Paris, et la Calédonie soutient cette démarche. Or, compte-tenu du passif d’Anthony Lecren c’est le Vice-président du gouvernement qui va y représenter le territoire. De quoi susciter chez l’élu indépendantiste quelques rancœurs :

J’ai appris récemment qu’en tant que membre du gouvernement en charge du développement durable et de l’écologie, je ne serais pas le représentant du gouvernement lors de cette réunion mais que la Nouvelle-Calédonie sera représentée par son vice-président (…) avons-nous vraiment le temps de tergiverser sur des considérations politiciennes ? (Anthony Lecren)

C’est la seconde fois en quatre mois qu’Anthony Lecren se retrouve cloué au sol. En avril dernier il avait déjà dû renoncer à un voyage au Vanuatu au cours duquel il souhaitait tourner un reportage sur les conséquences du passage du cyclone PAM. Là encore, le président Germain avait refusé de faire prendre en charge ses frais de transport au motif « qu’il n’était pas payé pour faire des documentaires vidéos ».

Pas de compte-rendu, pas de billet

Autour de Philippe Germain, on indique que si la démarche d’accompagner la Polynésie Française à l’horizon de la COP21 est judicieuse, on insiste néanmoins sur le caractère professionnel et institutionnel des déplacements des membres du gouvernement. Depuis 2011 et suite à ses multiples voyages (à Rio de Janeiro, au Vanuatu, aux îles Cook, à Paris, à Fidji, à Sydney, etc…) Anthony Lecren n’aurait jamais pris l’habitude d’exposer des objectifs précis avant ses déplacements et surtout d’en rendre compte une fois de retour à Nouméa. De quoi, après les très onéreux et très inefficaces programmes « Un arbre, un jour, une vie » et « Océania 21 » lui coller une image de globe-trotteur dépensier. Raison pour laquelle l’élu de l’UC n’ira pas en Polynésie et a peu de chance d’être envoyé à Paris à la fin de l’année pour représenter la Nouvelle-Calédonie. A moins naturellement qu’il paie son billet d’avion lui-même, ce qui – personne n’en doute – constituerait selon lui « un éloignement de la lettre et de l’esprit de l’Accord de Nouméa »

PS : selon les dernières informations à notre disposition, Anthony Lecren peut désormais reconduire sa voiture lui-même. Il aurait en effet récupéré à la gendarmerie son permis de conduire, lequel lui avait été retiré par les forces de l’ordre en avril dernier après un test d’alcoolémie positif.

* Il s’agit de la 21ème session de la Conférence des parties à la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques