Coup de force ou démocratie ?

Ce samedi à Bourail, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la rue principale pour réclamer que soit hissé le drapeau du FLNKS au fronton de la mairie. Ce qui n’est pas sans poser question.

Le drapeau du FLNKS n’avait en effet pas été hissé à Bourail, l’ancien maire Taïeb AÏfa, avait à l’époque réclamé de Pierre Frogier qu’il vienne dans la commune afin d’expliquer sa décision de vouloir faire reconnaître cet emblème comme le drapeau du pays. Mais personne n’était venu et le drapeau n’avait donc pas été levé. En 2014, à peine élue, Brigitte El Arbi et son conseil municipal s’étaient retrouvés confrontés au problème. Il sont fait le choix d’organiser un référendum local afin de laisser le Bouraillais décider par eux-mêmes. La question est même à l’ordre du jour de la prochaine réunion du conseil municipal, à la fin du mois. L’initiative de cette manifestation en faveur du drapeau revient à Roberto Miko, mais surtout à Julien Boanémoi, conseiller municipal et très proche de Roch Wamytan. Elle avait été lancée après l’annulation par le Haut-commissariat du festival One Love organisé par le comité d’initiatives d’Azareu dont Roberto Miko est le président.

Et maintenant ?

C’est bien ce que tout le monde se demande. D’autant que l’opposition n’a pas tardé à se manifester, c’est ainsi que moins de 24h00 après la manifestation, le mat sur lequel le drapeau FLNKS avait été levé, a été dégradé et l’emblème retrouvé à terre. Mais au-delà de ces gestes d’énervement, la mairie de Bourail organisera-t-elle ou non une consultation populaire ? Et si le résultat n’était pas favorable à la levée du drapeau FLNKS, que va-t-il se passer ? Questions d’autant plus en suspens que l’initiative n’a pas fait l’unanimité, y compris chez les coutumiers, le président du conseil de la tribu de Ny, Albert Kasovimoin s’y était même opposé fermement dans un communiqué. Mais au-delà des relations coutumières, c’est la façon de procéder qui reste sujette à caution. En effet, la rue peut-elle imposer sa loi à une institution démocratiquement élue et représentative ?

Un vœu et pas une loi

L’affaire du double drapeau continue donc à occuper une place dans le débat politique. Un débat qui occulte d’ailleurs l’essentiel, à savoir que la levée du drapeau du FLNKS ne repose pour l’heure sur aucun fondement juridique. En effet, au sujet du drapeau, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie n’a jamais adopté qu’un vœu et non pas une loi de pays. Même si un texte de loi a été déposé, il dort depuis longtemps maintenant dans les tiroirs du congrès, car aucune majorité n’est prête à le voter. Calédonie Ensemble, l’UNI et ce qui reste de l’UCF y sont opposés, le FPU hésite, et seule l’UC y est favorable.