Lagarde soutient en secret les rouleurs : le document qui prouve

C’est la députée-maire Sonia Lagarde qui a autorisé par arrêté le syndicat de Wilfrid Maï à occuper la zone située devant le gouvernement. Confidentiel, ce document donne des directives à la police, interdit aux Nouméens de s’y garer et donne le droit aux rouleurs de rester « jusqu’à la fin de leur manifestation ». Dessous des cartes.

Beaucoup de spectateurs, notamment Nouméens, ont pu être surpris en regardant hier au journal télévisé leur députée-maire accueillir avec le sourire les personnes qui ont durant plusieurs jours saccagé, bloqué et dégradé sa propre ville. Sonia Lagarde a en effet choisi d’offrir la salle du conseil municipal au syndicat ContraKmines afin que les rouleurs et le patron de MKM en fassent leur quartier général durant leur négociation. Sous les regards des caméras de Nouvelle-Calédonie 1ère la députée-maire a même été jusqu’à leur proposer du café et des collations pour que les rouleurs se sentent « plus à l’aise »… Quelques jours pour tôt, les camions des rouleurs bloquaient pourtant les entrées de la ville et paralysaient toute l’économie de l’agglomération. Mais ce que les Nouméens qui ont subi de plein fouet cette crise ignorent, c’est qu’à l’origine, c’est le premier magistrat de la ville qui a autorisé le regroupement des camions et des véhicules des rouleurs sur la place de la Baie de la Moselle, face au siège du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. En effet dans un arrêté qu’elle avait fait rédiger pour l’occasion (que nous diffusons ci-dessous en intégralité) la maire de Nouméa a autorisé le rassemblement et par la même interdit le stationnement sur la place à tous les autres véhicules jusqu’à « la fin de la manifestation ».

Ces derniers jours, beaucoup d’habitants se demandaient sur les réseaux sociaux pour quelles raisons la police municipale n’avait pas fait respecter l’ordre public sur la place et ses alentours. Et bien en fait, il s’avère que c’est parce qu’elle en a reçu l’ordre de Sonia Lagarde elle-même. Car les seules personnes qui auraient pu être inquiétées étaient « les contrevenants » extérieurs au « rassemblement des rouleurs », c’est-à-dire les simples citoyens qui auraient voulu s’y rendre. L’arrêté du 4 aout précise ainsi :

Les contrevenants sont passibles des sanctions prévues par l’article R 610/5° du Code Pénal applicable en Nouvelle-Calédonie ainsi que des mesures administratives (mise en fourrière) prévues par les articles L325-1, R325-1

Autrement dit, alors que ce week-end les rouleurs saccageaient des ronds-points, démontaient des trottoirs et détruisaient du mobilier urbain, ce sont les automobilistes nouméens qui risquaient – s’ils ne respectaient pas l’interdiction de stationner dans la zone des rouleurs – de voir leur voiture saisie et de payer des amendes.

Faire payer les Nouméennes et les Nouméens

Dans son arrêté, la députée-maire précise qu’il importe de « permettre le bon déroulement du rassemblement » des rouleurs et donne ses directives. Hier, faisant fi des dégradations matériels et des préjudices subis par toute une population, Sonia Lagarde a cherché à minimiser les évènements de ses derniers jours. Elle a ainsi affirmé aux Nouvelles Calédoniennes :

Ce n’est rien de bien grave (…) Les dégâts ne sont pas aussi importants qu’on voudrait bien le dire (Sonia Lagarde ; sources : LNC du 26/08/2015) 

Quoi qu’il en soit, du fait des compétences de la commune, l’ensemble des réparations devront être à la charge de la municipalité. Ce seront donc les Nouméens qui devront les payer. Et justement, sur les réseaux sociaux, on s’interroge sur l’attitude de la députée-maire. Invisible durant le conflit, très proche des responsables de contraKmines, Sonia Lagarde a de plus en plus de mal à cacher qu’elle est l’un des plus farouches soutiens de l’homme d’affaire Wilfrid Maï et de son bras droit Max Foucher. Connaissant leur impopularité, c’est néanmoins en coulisse qu’elle semble leur apporter aide et conseil.

Pourquoi Sonia Lagarde soutient-elle le mouvement des rouleurs ?

Si les raisons qui poussent la députée-maire à soutenir la société MKM et le syndicat contraKmines ne sont pour l’heure pas encore claires, il est évident pour les observateurs du monde politique calédonien qu’elle agit par désir de revanche vis-à-vis de Philippe Germain (le président du gouvernement) et de son parti Calédonie Ensemble. Il y a quelques semaines, une majorité de ses colistiers avaient en effet fondé un groupe « Calédonie Ensemble » au sein de son équipe municipale et, se faisant, l’ont durablement privée de majorité au conseil municipal. Ne réussissant pas à rallier à sa cause son principal adversaire Gaël Yanno et ses colistiers de l’UCF pour obtenir une nouvelle majorité, la maire de Nouméa doit désormais compter avec une opposition interne qui la pousse à honorer certains de ses engagements de campagne. Il est donc probable que pour porter préjudice à Philippe Germain (et par voie de conséquence à Philippe Gomes, le leader de Calédonie Ensemble), la députée-maire ait choisi de soutenir un mouvement qui combat durement son ancienne famille politique.

Malheureusement, pris en tenaille au milieu de ses règlements de compte politiques, les Nouméens ont dû subir un état de siège durant plusieurs jours et nombre d’entre eux – qui ont perdu plusieurs journées de travail – risquent d’en payer le prix durant les prochaines semaines, voire même les prochains mois.

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