Anthony Lecren : un ministre au Camp Est ?

Le membre du gouvernement Anthony Lecren est actuellement en garde à vue au commissariat de Nouméa. L’élu de l’Union Calédonienne est entendu pour répondre de faits de violences sur une jeune femme, pour conduite en état d’ivresse ainsi que pour des menaces proférées contre la police. La fin d’un voyou ?

« Dans cette affaire (…) on a envie d’appeler à la mesure et à la décence dans les commentaires qui fleurissent sur les forums et les réseaux sociaux » C’est ainsi que cette semaine une personnalité des médias avait évoqué « l’affaire Lecren ». Prenant la défense d’Anthony Lecren, certains avaient cherché à diminuer l’importance de la dernière condamnation du tribunal correctionnel à l‘encontre de l’élu de l’Union Calédonienne. Celui-ci ayant été condamné le 27 aout à de la prison avec sursis et à une obligation de se soigner pour avoir conduit à plusieurs reprises en état d’ébriété au volant d’une de ses voitures de fonction. Philippe Germain, estimant que cette condamnation était incompatible avec son mandat dans les institutions, avait alors demandé la démission d’Anthony Lecren du gouvernement. Jusqu’à aujourd’hui, sa demande était restée sans réponse puisque conformément à la loi organique seul les groupes politiques concernés peuvent faire démissionner “leur” membre du gouvernement… Mais les choses pourraient bien changer rapidement.

Violence conjugale, alcoolisme et menaces de mort sur agent

En effet, pour des faits ayant eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, Anthony Lecren est actuellement en garde à vue dans les locaux du commissariat de police. Cette nuit, aux environs de deux heures du matin, le membre du gouvernement en charge des affaires coutumières s’est rendu dans un état d’ébriété avancé chez son ex-compagne. Selon une source proche de l’enquête, il se serait introduit par la force chez elle et une altercation aurait eu lieu et des coups ont été portés. La jeune femme paniquée aurait tenté de fuir et aurait finalement réussi à appeler la police. Arrivés rapidement sur les lieux, les agents de la police nationale se sont alors fait copieusement insulter par le membre du gouvernement. Complètement saoul, celui-ci aurait alors proféré des insultes racistes ainsi que les menaces de mort à leur encontre. Les forces de l’ordre l’ont alors embarqué pour le mettre tout d’abord en cellule de dégrisement avant de le placer ce matin en garde à vue pour qu’il soit entendu et réponde de ses actes. Selon nos informations, et au vu de la gravité des faits, Anthony Lecren pourrait maintenant répondre d’une comparution immédiate devant le tribunal de justice dès demain matin.

« Faire de la politique, ça devient extrêmement difficile »

Très tranquillement, Anthony Lecren avait passé la semaine dernière à s’exprimer dans les médias calédoniens afin d’expliquer pourquoi il ne voulait pas démissionner (il disait que c’était plutôt à Philippe Germain de le faire). Reconnaissant tout de même avoir « un petit problème avec l’alcool », l’élu indépendantiste avait sur radio Djiido directement attaqué Calédosphère, un média qu’il jugeait hostile à son égard. Selon Anthony Lecren, l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés sont en effet inventés de toute pièce :

Cʹest bien des éléments de désinformations quʹil suggère à travers le site Calédosphère, etc., et qui vient alimenter encore plus de polémiques à mon sujet, notamment sur les sites en question (…) Mais je veux dire, aujourd’hui, la situation du pays, où faire de la politique, ça devient extrêmement difficile. Ils ne reculent devant rien pour désinformer les gens (Anthony Lecren)

Finalement, celui qui pourrait, s’il continuait dans cette voie, finir en prison avait adressé un conseil au président du gouvernement. C’est ainsi que sur Djiido, il avait expliqué comment Philippe Germain devait “gagner en dimension” :

Je crois quʹil y a intérêt pour la Nouvelle‑Calédonie que Philippe Germain gagne en dimension et qu’ʹil prenne toute la mesure de cʹest quoi être le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (Anthony Lecren) 

Jugeons que de sa cellule au Camp Est, le « ministre » pourra très certainement continuer à prodiguer de bons conseils à ses anciens collègues du gouvernement.