Lecren libéré : les Calédoniens scandalisés !

Inculpé pour des faits de « violences volontaires » sur son ex-compagne et « outrages à personne dépositaire de l’autorité publique » Anthony Lecren a été relâché vers 18h et ne sera convoqué devant le tribunal qu’en février de l’année prochaine… Sur les réseaux sociaux, les Calédoniens expriment leur dégout et leur colère. Quelle justice ?

Condamné la semaine dernière à deux mois de prison avec sursis pour conduite en état d’ivresse, le membre du gouvernement en charge de l’écologie et des affaires coutumières avait fait amende honorable aux micros de plusieurs médias, mais il avait ensuite fait appel de la décision de justice. Aujourd’hui, les Calédoniens ont appris qu’il avait passé la journée au poste de police (après être resté en cellule de dégrisement) pour avoir frappé à plusieurs reprises son ex-compagne et avoir refusé d’obtempérer lorsque la police est venue la secourir vers deux heures du matin, dans la nuit de mercredi à jeudi. Anthony Lecren, déjà connu du tout-Nouméa pour son comportement alcoolique, aurait également menacé les policiers et aurait refusé de se soumettre au test d’alcoolémie.

Toute la journée, mi-moqueurs, mi-consternés des centaines de Calédoniens ont commenté ce fait-diver politico-médiatique sur les réseaux sociaux tout en estimant dans leur grande majorité que l’individu serait – cette fois-ci – officiellement exclu du gouvernement mais surtout qu’il devrait répondre de ses actes.

Or, en début de soirée, la nouvelle est tombée : Anthony Lecren était libre de quitter le commissariat et ne serait convoqué devant le tribunal que l’année prochaine, c’est-à-dire en février 2016 ! De quoi provoquer une véritable vague d’indignation sur l’internet local :

Affaire Tamaï, alcool, procès et scandale

Car au-delà de ce dernier fait-divers, Anthony Lecren aura souvent fait parler de lui durant les quatre dernières années de son mandat de membre du gouvernement UC. Il avait ainsi été impliqué dans « l’affaire Tamaï » le 5 juin 2014 lorsque, le jour de l’élection du gouvernement Ligeard, il avait avec d’autres responsables politiques participé à une beuverie sur les baies de Nouméa. Cette dramatique soirée s’était finie par la mort de l’ancien secrétaire général de l’UPM Guy Tamaï, dont le corps couvert de contusions avait été retrouvé gisant sur un trottoir de la baie de l’Orphelinat. Et c’était en effet Anthony Lecren qui avait raccompagné cette nuit-là en voiture le meurtrier présumé jusqu’au congrès de la Nouvelle-Calédonie. Le procès de cette affaire n’ayant toujours pas eu lieu, on ignore encore quelle était son implication exacte. A cette époque, l’élu de l’Union Calédonienne avait annoncé porter plainte contre Calédosphère pour « diffamation » suite à la sortie d’un article sur le drame.

Mais le membre du gouvernement en charge de l’écologie s’était également fait remarqué sur d’autres sujets. Le 17 juin 2014, mécontent de la couverture de l’affaire par NC1ère, il avait tenté (saoul) de bloquer l’accès à la station de la succursale de France Télévision. Quelque mois plus tard, il portait plainte contre Stéphane Henocque et demandait au gouvernement de payer ses frais de justice. L’ancien candidat aux législatives l’ayant accusé de « dilapider l’argent public dans des opérations de communication coutant plusieurs millions de francs aux contribuables » dans un article intitulé « Lecren : escroc ou manipulateur ? ». Le président de Convergence Pays déclarant alors que le travail effectué par le « ministre » était rien de moins qu’une « mascarade ». En octobre de la même année, Anthony Lecren avait finalement été débouté par le tribunal qui lui avait signalé qu’il n’était pas normal qu’il finance par le gouvernement une fondation dont il s’était attribué la présidence… Responsable de la gabegie du programme « Un jour, un arbre, une vie » qui a couté au contribuable plusieurs dizaines de millions de francs de 2011 à 2014 (pour soi-disant planter 250.000 arbres chaque année…), Anthony Lecren avait voté contre Philippe Germain lors de son élection à la présidence du gouvernement. Ce même Philippe Germain qui avait la semaine dernière estimé que sa première condamnation était « incompatible avec l’exercice de responsabilités au sein du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ».

Aujourd’hui, parmi les formations politiques siégeant au congrès, seul Calédonie Ensemble s’est exprimé. Le parti de Philippe Gomes a ainsi estimé que « La pantalonnade, dégradante pour nos institutions, n’a que trop duré. Si Anthony Lecren ne démissionne pas, l’Union Calédonienne – sans plus attendre – doit prendre l’initiative de le remplacer au sein du Gouvernement ». Pour l’heure, selon la loi organique, rien n’oblige Anthony Lecren a démissionné. Il dispose donc toujours de sa rémunération, de plusieurs collaborateurs et de deux voitures de fonction.