L’effondrement

C’est la panique, partout et pour tous le nickel lâche… Emporté par le vent mauvais qui émonde les matières premières, le nickel ne vaut plus tripette, et au long de sa descente aux enfers, on risque de croiser les restes de quelques-uns. Glencore, dont l’action a perdu 49% en deux semaines à la bourse de Londres, focalise l’attention, mais personne n’évite le fléau, tel Eramet dont l’action à Brongniart a perdu 55,20% de sa valeur depuis le 1er janvier ! Ça se fissure de partout et on prend eau de toutes parts. La Nouvelle-Calédonie prend-elle conscience que le péril qui la guette est certainement le plus dangereux qu’elle n’ait jamais connu ? Finies les analyses patelines où l’on nous serinait le caractère cyclique de l’industrie du nickel, cette fois les gars c’est grave…

Comme à chaque fois depuis vingt ans maintenant que l’économie mondiale tressaute, on se tourne vers la Chine. Et ce que voit sœur Anne n’est pas pour nous rassurer, car si la Chine s’est éveillée, elle tousse et ce grand corps malade va finir par tous nous infecter. Le premier consommateur mondial de métaux et de minerais, dont les nôtres, est sacrément en panne. Les entreprises chinoises du secteur industriel dont les sidérurgistes et les aciéristes, ont vu leurs bénéfices chuter de près de 9% en un an et leur repli s’accélère entraînant dans sa dégringolade, les sous-traitants et les fournisseurs. La situation est maintenant connue de tous : les perspectives de croissance de la Chine sont revues à la baisse, causes d’un krach boursier tsunamiesque sur les places de Shanghai et Shenzhen. N’imaginons pas une seule seconde que la Nouvelle-Calédonie puisse passer au travers de ce qui s’annonce comme une crise majeure, aux conséquences quasiment apocalyptiques.

Soyons clairs : personne n’a anticipé quoi que ce soit, persuadé qu’en faisant le dos rond, ça finirait par passer en essayant de limiter la casse. Contraints de réagir alors que la marée montait, les grands trusts mondiaux ont d’abord réagi dans l’urgence, mais rien n’y a fait et les plans d’économie drastiques, de ventes d’actifs ou de restructuration n’ont pas suffi. C’est désormais le sauve-qui-peut. Or, le pire est peut-être à venir… Et c’est dans ce contexte de chaos généralisé sur les matières premières que nous discutons du sexe des anges. Alors qu’il faudrait songer à sauver ce qui peut encore l’être de KNS, de la SLN ou de Vale, nous ergotons pour savoir s’il faut ou non fourguer notre minerai brut à des Chinois qui, à l’évidence, ont bien d’autres soucis en tête. Sans être un exégète de l’économie nickel, j’ai quand même la petite impression que la Chine ne s’est pas fixé comme la priorité du moment l’achat du minerai de Mai, de la SLN ou de Ballande… Les chiffres, les analyses, la conjoncture, ajoutés à la perspective d’une crise durable et forte, tout porte à croire qu’en dépit d’autorisations d’exporter éventuellement accordées, le minerai calédonien restera sur le bord plutôt que d’aller fondre dans les hauts-fourneaux de Jinchuan Group… Pendant que le monde s’effondre, la Nouvelle-Calédonie, plutôt que de faire bloc et front, s’étripe pour savoir si c’est au congrès ou au gouvernement qu’il est préférable de débattre…
Ça en est triste à pleurer…

Caton