Peur sur la ville

La vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux est impressionnante : l’anse Vata envahit par une horde beuglante, s’en prenant aux passants et aux voitures. Un défilé violent et sordide qui nous fait nous interroger sur l’état de notre société. Ainsi, nous en sommes arrivés là ? Ne refaisons pas le débat sur les causes, sur les parents absents, la coutume dépassée, l’école inefficace et tout le reste… D’abord parce qu’à l’évidence, ça ne sert à rien, ensuite parce que, pour ce qui concerne ce lamentable épisode, le problème est ailleurs.
Je relaie là, les interrogations des internautes sur l’absence des forces de l’ordre : personne ne serait donc intervenu pour mettre un terme à ces débordements sauvages ? Il me semble pourtant que sur l’antienne de « dormez bien braves gens », on nous avait promis, une présence renforcée des polices le week-end, sur ces lieux identifiés que sont la Baie des Citrons et l’Anse Vata ! C’était peut-être l’heure de la relève, ou plus sûrement hélas, les voyous étaient-ils plus nombreux que les forces disponibles… Toujours est-il que ce sinistre carnaval s’est poursuivi sans que quiconque tente d’y mettre un terme.
Dès lors samedi et dimanche matin, il ne faisait pas bon faire son jogging ou un coup de vélo trop tôt dans la matinée, au risque de tomber sur quelques groupes bien avinés et bagarreurs qui cherchaient noise à tous ceux qu’ils croisaient. Finalement, les zones de non-droit ne sont pas forcément où l’on pense qu’elles se trouvent, la BD comme l’Anse Vata deviennent chaque week-end des coupe-gorges.

Que l’on ne cherche pas, pour une raison ou pour une autre (on nous dit que les cellules de dégrisement étaient déjà remplies, la belle affaire !), à remettre enfin de l’ordre dans cette partie de la ville, je veux dire de manière définitive et non ponctuellement pour des coups de Com, on peut encore l’entendre pourquoi pas… Plus incompréhensible en revanche, c’est le silence médiatique sur des évènements qui ont marqué ce week-end de Pâques et dont les réseaux sociaux ont largement parlé. Est-ce parce que les journalistes, les vrais (vous savez avec des cartes de presse estampillées RF), étaient partis en week-end, que la télévision, si prompte pourtant à dénoncer les méfaits d’Internet et le danger des réseaux sociaux, n’a rien vu, rien dit, rien entendu ? Sans doute était-il aussi moins traumatisant et moins fatiguant de faire des reportages sur l’agneau pascal ou la course aux œufs que d’aller traquer caméra au poing, les bandes alcoolisées !

L’absence des uns et le silence des autres, ça n’arrange pas l’idée que se fait l’opinion de l’état du pays et de sa lente dérive vers quelque chose d’inconnu et comme tel d’inquiétant. Je relève toutefois qu’il n’est pas honnête de la part de ceux qui ont en charge la sécurité de nous faire croire que l’on va remédier à cette situation. Comme il est tout aussi déloyal aux médias, de nous faire croire qu’il ne se passe rien dans le meilleur des mondes. Tout ça n’aura qu’un temps…

Captain Cap