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Requin de Poé : la théorie du “Rogue Shark”

Inexplicable, incompréhensible, jusque-là inconcevable, nombreux ont été les qualificatifs décrivant l’attaque mortelle d’un requin-tigre sur une nageuse à Poé le week-end dernier. Et si c’était l’œuvre d’un requin-vagabond, autrement appelé « Rogue Shark » ?

Depuis la mort tragique de Nicole Malignon à Bourail ce samedi 9 avril, les spéculations vont bon train sur les raisons d’une telle attaque. En effet, du fait de la profondeur (entre 1m et 1m50), de la clarté de l’eau, du lieu (non loin de l’herbier) et surtout de la zone protégée par le récif où les requins sont quasi-toujours absents, ce drame parait plus qu’inhabituel tant pour les professionnels de la mer que pour les spécialistes des requins qui se perdent en conjectures. Selon toute vraisemblance, le comportement de la bête, un requin-tigre juvénile mesurant entre 2m et 2,50 m, ne correspondrait en rien à celui de ses congénères présents dans le lagon calédonien. Pour aussi rares qu’elles furent en Nouvelle-Calédonie, les attaques de requins ont généralement lieu après les pluies, sur des surfeurs ou des plongeurs et souvent en eaux troubles. Elles sont également le plus souvent le fait de gros squales adultes qui mordent généralement une seule fois leur victime. Et c’est en « goutant » la chair humaine, que les requins s’en détournent. C’est ainsi qu’un surfeur de 19 ans avait succombé à la morsure d’un requin blanc en 2009 à la Roche Percée et qu’un adolescent avait lui aussi perdu la vie après avoir été mordu par un requin-tigre, au large de Koumac en 2011. Leur décès avait été causé par l’hémorragie provoquée par ces attaques-éclair. Cependant, dans le cas du drame de Poé, les choses sont bien différentes, d’autant plus que le requin a, cette fois-ci, sectionné des membres de la victime. Est-ce à dire que ce requin-là serait “particulier” ? Voire.

Le “Rogue Shark”

Dans l’histoire des attaques de requins, l’une des plus célèbres et des plus meurtrières – car ne ressemblant alors à aucune autre – a été celle du New Jersey en 1916. Cette année-là, entre le 1er juillet et le 12 juillet, le long des côtes de cet état américain, six personnes sont attaquées par un squale et quatre d’entre elles, dont des membres ont été arrachés, meurent des suites de leurs blessures. Un requin blanc de 2m30 est finalement capturé le 14 juillet dans lequel on retrouve des restes humains. Après cette date, plus aucune attaque n’est signalée dans la région et le requin en question est identifié comme le responsable de la vague d’attaques. L’évènement, très médiatisé, aura un impact considérable aux Etats-Unis et marquera profondément la culture populaire américaine. Une quinzaine d’année plus tard, Sir Victor Coppleson a proposé une théorie pour expliquer ce phénomène rarissime. Il estima que ces attaques furent réalisées par un requin « aux mœurs différents de ses congénères ». Sa théorie expose l’idée d’un jeune squale qui, ayant goûté à l’homme, décide de continuer ses attaques envers lui (à l’image des tigres mangeurs d’homme). Cette théorie explique ainsi la fréquence des attaques sur une courte période mais suppose de facto la présence d’un seul et même spécimen. Un requin « vagabond », en anglais : un « Rogue Shark ».

sharkschleissera

Des indices mais pas de preuve

Certes « sensationnaliste », cette théorie a ses adeptes et ses inconditionnels. Surtout elle expliquerait parfaitement toutes les conditions de l’attaque de Poé. Le lieu tout d’abord, le caractère rarissime de l’attaque, la relative petite taille du squale ensuite, mais aussi le fait que celui-ci se soit acharné sur la victime et l’ait mordue à plusieurs reprises. Les riverains de Poé affirment d’ailleurs que « pour beaucoup de personnes le requin rôderait toujours dans les parages ». Une stratégie de chasse associée à un territoire délimité parfaitement concordante avec la théorie du Rogue Shark… Toujours est-il que cette théorie avait tellement influencé la culture populaire américaine qu’au début des années 70, Peter Benchley un jeune journaliste du National Géographic s’en inspira pour écrire un roman sorti en 1974. Les droits du livre devenu best-sellers furent rachetés par un certain Steven Spielberg qui l’adapta en long-métrage une année plus tard : dans l’imaginaire collectif, ce film participa à la diabolisation des requins et à leur extermination. Le nom de ce roman : les Dents de la Mer.

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Rita

Officiant en free-lance pour plusieurs périodiques et médias calédoniens, cette pigiste professionnelle a rejoint l’équipe des contributeurs de Calédosphère depuis 2013 sous son nom de plume « Rita ». Spécialisée dans l’actualité quotidienne, elle se plait à y dénicher des sujets non-traités par les autres médias et à couvrir les évènements sensibles. Synthétique, réactive et parfois provocatrice elle essaie toujours d’écrire de manière claire, précise mais avant tout vivante. Son crédo : « Si ça pique, c’est un bon sujet »

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Fgd
Fgd
18 avril 2016 10:04

Un serial killer ? Nous sommes à 1 attaque !!! Où est la série ??
Combien de morts ce jour-là sur les routes calédoniennes ?
Cette attaque est un drame mais les commentaires à chaud font dire n’importe quoi !!!

José Paldir
José Paldir
15 avril 2016 03:22

heu??? la photo c’est blanc pas un tigre (autrefois appelé tazard chez nous)

Bonobo
Bonobo
Répondre à   José Paldir
15 avril 2016 08:16

Tazard ou trapard?

José Paldir
José Paldir
Répondre à   Bonobo
15 avril 2016 20:53

Avant on disaitTazard cause les zébrures sur le corps du requin comme le tazard;(ailleurs maquereau espagnol)) puis c’est devenu Tigre Trappard de attraper je suppose est générique tous les squales…masi le caledonien évolue lui aussi munchy?

Anonyme
Anonyme
Répondre à   José Paldir
15 avril 2016 12:40

oui il montre la photo du requin de 1916 ct un requin blanc cuila

jose Paldir
jose Paldir
15 avril 2016 00:47

Toujours les théories /Il y’a maintenant un certain nombre d’années , au bout de la pointe Magnin ( pas encore d’hôtel à cet endroit) un wallis avait mis senne en la retirant il fut attaqué et mordu au bras par un requin juvénile ;il avait pris la bête dans ses bras et ramené sur le sable et finit par lui faire lâcher prise…. c’était un rogue shark? sur le nouvelles un témoignage qui date de 1960 ou eu lieu une attaque de plongeur à POE :la différence? ils étaient munis d’un fusil et plusieurs ;sans cela …même funeste destin. ce… Lire la suite »

gadjo
gadjo
Répondre à   jose Paldir
15 avril 2016 21:03

A Hienghène aussi il y a une dizaine d annees et dans 1 mètre d eau ,3 requins bouledogues tous jeunes ont blesse aux jambes un pêcheur qui relevait la senne , les requins font partie de la nature , c est comme ça , on ne peux pas toujours tout contrôler . Par contre les secours 3/4 d heure ya un sacre problème la .

malignon
malignon
15 avril 2016 00:45

JE SUIS ECOEUREE !!!! La médiatisation et surtout le profit touristique ont fait que le requin tigre de 3ml formellement reconnu par celui qui a repêché MA MERE (il est formel dans sa déposition de gendarmerie car il l’a comparé avec la taille de son paddle et à rajouté qu’il avait clairement vu les rayures sur son dos) a progressivement diminué à 2,5ml puis 2ml : merci les soit disant spécialistes qui savent eux mais qui ne nous ont pas entendu lorsque nous avons expliqué (pauvres petits incultes que nous sommes !) que physiquement un requin tigre de 2ml à… Lire la suite »

tyty
tyty
Répondre à   malignon
15 avril 2016 10:08

C’est triste pour votre mère, mais il ne faut pas raconter n’importe quoi non plus. Les requins sont majoritairement solitaires, et le tigre est, sauf exception, toujours solitaire. Les rayures du tigre ont tendance à s’estomper au dessus de 2.5 / 3 mètres. Si l’homme au paddle a vu de belles rayures, la bête devait sans doute faire moins de 3 mètres. Il ne faut pas oublier non plus l’effet loupe, les poissons ont toujours l’air plus gros vu de la surface… Ce sont de véritable poubelles des mers, ils bouffent n’importe quoi, on trouve de tout dans le bide… Lire la suite »

José Paldir
José Paldir
Répondre à   malignon
15 avril 2016 21:04

madame je partage votre douleur et votre indignation :les autorités feraient mieux de toute urgence d’éliminer les requins qui trainent sur le platier :il faut choisir l’homme ou le requin ,pour moi aucun doute et tant pis pour les pleurnicheries vertes habituelles De toutes façons ;vu le développement de la fréquentation ;il faudra établir un contrôle de la plage avec drone et filets comme en Australie il faudra payer qui va payer ?des gens sont élus pour cela ;ils devraient se bouger le fion , une vie humaine ça vaut quelque chose ou pas? quand on attire des squales avec… Lire la suite »

Damdam
Damdam
Répondre à   José Paldir
18 avril 2016 00:53

Vous parlez de pleurnicheries vertes parce que vous ignorez de quoi vous parlez et si le platier et le lagon sont aussi riches c’est justement grâce au requin qui comme toutes les espèces a un rôle dans l’écosystème. A choisir c’est l’homme qui n’est pas à sa place. Surveiller la plage, trouver les causes de l’attaque oui mais l’exterminer non. Et après les ignares qui exterminent les prédateurs se diront qu’ils ne comprennent pas pourquoi il n’y a plus de poisson et plus de barrière…”c’était mieux avant” mais personne ne se dit que chacun contribue à tout détruire en tenant… Lire la suite »

Don Calédone
Don Caledone
14 avril 2016 23:28

Le requin rode toujours dans le secteur, un bateau rouge aurait été vu à plusieurs reprises déversant des restes dans le but serait justement d’attirer les bestiaux pour en faire une attraction touristique.
Charge aux services provinciaux de vérifier et d’intervenir si tel est le cas.

Benoit Garcin
Benoit Garcin
14 avril 2016 09:55

Moi j’ai deja vu des gars egorger un cerf en pleine faille aux requins, on sortait d’une plongee … Faudrait peut etre crzuser de ce cote la …

Lia de Guiran
Lia de Guiran
14 avril 2016 07:15

J’ai vu par deux fois des gens vider le poisson sur la plage sur un îlot du Sud de Nouméa après Redika. Ils tentaient d’attirer des requins justement alors qu’il y avait des gens et des enfants sur l’îlot. Je leur ai passé un savon, ils sont allés récupérer des carcasses de poisson pour le reste c’était trop tard. Autant vous dire qu’on a arrêté de se baigner. Y’a des gens …

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