Valls : reprends tes mecs !

L’affaire de la bévue, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le temps de prendre une mauvaise décision et le Haut-commissariat a achevé de ruiner la bonne impression qu’avaient laissé les décisions et conclusions du dernier Comité des Signataires. Quelques nervis de l’UC parmi les plus radicaux et revendicatifs avaient porté un rude coup au « politiquement clos » par leur tentative de radier des Calédoniens, mais personne ne s’attendait à ce que l’État lui-même, par le biais de son Haut-Commissaire épaulé de son secrétaire général, joue les « tu quoque mi filii » ! Quoiqu’ils s’en défendent, leur décision de transmettre à un juge les PV des commissions administratives, a pesé dans la décision et a sans nul doute conduit à la radiation d’une cinquantaine de Calédoniens des listes électorales pour les provinciales. Et que l’on ne vienne surtout pas nous conseiller de ne pas faire un fromage pour une petite cinquantaine de radiés, il en est de ces 50 comme des Justes d’Abraham (Genèse chapitre 18) !

Le Rassemblement et Calédonie Ensemble qui, à Paris ont lutté pied à pied des heures durant pour parvenir à un accord politique qui stipulait que le litige électoral était clôt, sont en droit légitime de s’interroger sur ce qu’ont cherché à faire Vincent Bouvier et Laurent Cabrera. On comprend bien que rien n’est anecdotique dans ce dossier qui pollue la vie politique calédonienne depuis quinze ans, et que chaque décision se doit d’être pesée à l’aune des conséquences qu’elle peut engendrer. Depuis trente ans, et la poignée de main historique Lafleur-Tjibaou, il est entendu que le dossier calédonien se traite d’abord et avant tout sur le terrain politique, le reste, y compris le juridique, se contorsionne pour entrer dans les cases qu’on lui a attribuées. On en vient à se demander si dans cette affaire de radiation, ne poindrait pas comme un parfum de revanche, de petits marquis du droit qui estiment avoir avalé trop de couleuvres depuis toutes ces années. Le Haussariat s’est fourvoyé en jugeant, ce que l’on ne lui demandait pas, que ce qui avait été acté politiquement au comité des signataires n’avait guère plus de valeur qu’un « tope là » de maquignon sur un marché à bestiaux du Lot !

Assurément, Manuel Valls, au détour de ces face-à-face avec les groupes du Rassemblement et de Calédonie Ensemble, va entendre parler du pays et on l’interrogera sur ce que cherche à faire sa haute administration dans le dossier calédonien, pour autant qu’elle en ait une idée. D’autant que cette bévue survient après l’embrouillamini des invitations au groupe de travail sur l’avenir institutionnel. Dès lors, sans imaginer que des têtes soient réclamées, il sera sans doute demandé au Premier ministre de remettre de l’ordre dans la maison, ou des explications sur ce que veut l’État et sur la conception qu’il se fait du politiquement clos. À moins que…? Et ce à moins que a de l’importance évidemment, car même si personne n’ose envisager une quelconque duplicité, l’hypothèse doit néanmoins être prise en compte.

Caton