Listes électorales : et maintenant les menaces !

Pendant que les leaders du FLNKS évitent le sujet, les membres de la commission politique et citoyenneté préviennent que le litige sur le corps électoral continuera jusqu’à ce que les indépendantistes soient privilégiés. Hier soir, l’un d’entre eux en a été jusqu’aux menaces. Ultimatum ?

Généralement, les chefs n’aiment pas se salir les mains et préfèrent envoyer leurs lieutenants le faire à leur place. C’est ainsi que depuis plusieurs semaines ce ne sont pas les responsables politiques indépendantistes qui parlent en public du litige électoral mais seulement les participants de la Commission Politique et Citoyenneté du FLNKS et Nationalistes. Car, entre les paroles tenues à Paris et la réalité nouméenne, la fracture est désormais béante. C’est ainsi qu’au dernier comité des signataires et sous la présidence du Premier ministre Manuel Valls, l’ensemble des groupes politiques représentés au congrès ont signé un relevé de conclusions, lequel spécifie dans sa partie (I) que :

« Les partenaires conviennent de déclarer comme politiquement clos le litige relatif aux inscriptions, faites jusqu’en 2015, sur les listes électorales spéciales pour les élections provinciales (CDS, 04/02/2016) »

Pour autant et depuis lors, les indépendantistes ont déposé des centaines de recours afin de faire radier de ces mêmes listes provinciales des électeurs calédoniens en se basant principalement sur leurs patronymes (européens et polynésiens) afin de diminuer le futur poids électoral des loyalistes. Invité du journal télévisé, l’un d’entre eux – à savoir Mathias Chauchat, l’ex conseiller de Roch Wamytan – n’a pas répondu à la question hier soir de savoir si ces recours étaient ciblés (ce qui est le cas pour certains d’entre eux) mais il a en revanche déclaré « qu’il n’y a pas eu de consensus strictement en février ». Ce que le relevé de conclusions du CDS contredit formellement. Ciblant dans ses propos « ceux qui ne remplissent pas les conditions et leurs enfants » pour être inscrits, il a affirmé que le sujet était loin d’être clos :

« Le litige il est toujours là, ce litige il concerne à la fois des inscriptions et des radiations (…) On est dans un état d’arbitraire et l’Etat organise cet arbitraire pour des raisons qui mettent en doute sa sincérité (Mathias Chauchat, 20/04/16, sources : NC1ère)

Parlant de « mascarade », le professeur de l’Université de la Nouvelle-Calédonie a peut-être dit tout haut ce que beaucoup de leaders indépendantistes pensent en fait tout bas, c’est-à-dire que les inscriptions sur les listes électorales devraient se faire selon eux uniquement sur des critères ethniques. Grosso modo, la commission politique et citoyenneté exige ainsi que tous les kanaks soient inscrits d’office et que ce ne soit pas le cas pour les personnes ayant d’autres origines :

« L’idée c’est de dire tous les kanaks, quel que soit leur situation, doivent être inscrits sur les listes électorales. On va vers un très grave litige sur les inscriptions de kanaks (Mathias Chauchat, 20/04/16, sources : NC1ère)

Or, par principe, la loi républicaine ne fait pas de distinction entre les citoyens du fait de leur couleur de peau, ce que les leaders indépendantistes savent parfaitement. Sachant très bien que leurs actions juridiques démontrent une telle volonté, ceci explique vraisemblablement les raisons pour lesquelles ce ne sont pas eux qui viennent dans les médias exprimer cette pensée, mais bien leurs supplétifs au rang desquels Mathias Chauchat ou encore Madeleine Ounou. Aujourd’hui, 152.462 personnes sont inscrites sur les listes électorales et les indépendantistes évoquent toujours le chiffre de 6700 personnes à radier, auquel il faut rajouter leurs enfants, puisque le droit de vote aux provinciales s’acquiert aussi par la filiation. Menaçant, Mathias Chauchat a dans un sourire prévenu hier soir que si la bataille concernant le corps électoral des provinciales était perdue pour les indépendantistes, ceux-ci se lanceraient dans celle du corps électoral référendaire.

« L’Etat notamment pour le corps de sortie doit faire une liste à partir du neuf et notamment pour les kanaks à partir du statut coutumier sinon, si vous avez aimé la saison 1 sur les provinciales vous allez aimer la saison 2 sur le corps de sortie (Mathias Chauchat, 20/04/16, sources : NC1ère) »

Pour rappel, en Nouvelle-Calédonie, la proportion de 60% de loyalistes contre 40% d’indépendantistes n’a globalement pas évolué depuis plus de trente ans. A l’heure actuelle, la seule chance pour le FLNKS de l’emporter lors d’un référendum sur l’indépendance serait donc de faire radier plusieurs milliers d’électeurs loyalistes des listes électorales.