Chroniqueurs
Bouvier, Monsieur flan-flan
Il faut lire l’interview accordée ce jour aux Nouvelles Calédoniennes par le représentant de l’Etat. D’abord parce qu’elle résume en une seule page les raisons principales pour lesquelles les Calédoniens ne se souviendront pas outre mesure de son auteur, et ensuite parce qu’elle éclaire sur ce qu’est aujourd’hui cette espèce endémique à laquelle appartient ce haut-fonctionnaire insipide et sans saveur.
Alors qu’il est de bon ton de déclarer que la nomination et l’exercice des haut-commissaires successifs ne changent rien aux affaires calédoniennes, les propos de Vincent Bouvier – et la mission qu’il évoque – prouvent au contraire par effet miroir l’importance du rôle du représentant de l’Etat en Nouvelle-Calédonie et, pour le coup, l’échec patent de ses deux dernières années d’exercice. Mais jugeons plutôt :
Gestion de l’ordre : zéro
Concernant la gestion par l’Etat du conflit des rouleurs, Vincent Bouvier, qui a laissé la ville de Nouméa et ses habitants bloqués durant plusieurs semaines en aout 2015, estime que l’usage de la force publique « aurait été une erreur » et qu’elle « n’est pas une fin en soi ». Malheureusement, les faits lui donnent parfaitement tort. Car, il faut se rappeler que le conflit ne s’est pas subitement arrêté par la grâce de Dieu ou par l’opération du Saint-Esprit mais bien après la mort d’un homme venu s’encastrer dans le camion d’un bloqueur. C’est en effet le lendemain du drame, le 21 aout 2015, que l’Etat a menacé les rouleurs de faire usage de la force publique pour désengager les routes nouméennes et les barrages que ContraKmine avait mis en place. Pas très courageux, Max Foucher avait alors donné l’ordre à ces hommes de plier bagage en quelques heures. Contrairement à ce que prétend aujourd’hui Vincent Bouvier, la seule menace de l’usage de la force publique avait permis de mettre fin aux blocages. Mais il a fallu trois semaines de crise et un mort pour que ce préfet le comprenne. Sa déclaration d’aujourd’hui selon laquelle « Si on le fait, cela doit être efficace, et cela ne doit pas aboutir à une situation plus grave que la situation que l’on entend régler » prouve qu’en matière de maintien de l’ordre, ce monsieur est dans la ligne des autorités socialistes qui laissent le désordre se développer un peu partout sur le territoire national. Les habitants de Nantes, de Marseille ou de Paris n’ont malheureusement rien à envier aux Calédoniens et subissent eux-aussi l’absence de décision des mêmes sortes d’incompétents.
Lutte contre l’insécurité : zéro !
S’agissant de la lutte contre la délinquance, on retiendra du mandat de Monsieur Bouvier d’une part les chiffres du ministère de l’intérieur qui démontrent que l’insécurité continue à augmenter sur le territoire calédonien et d’autre part les propos de Richard Meunier, le Secrétaire Territorial du syndical Alliance Police :
« Nous faisons face à une explosion de la délinquance dans la ville. Il y a par exemple des quartiers entiers qui sont écumés par des cambrioleurs (Richard Meunier, syndicat Alliance de la Police Nationale, 28/04/16 ; sources : LNC) »
Des propos issus d’un entretien qui n’est d’ailleurs plus accessible sur le site des Nouvelles. N’empêche, sur d’autres médias, il avait expliqué qu’au lendemain des exactions ayant eu lieu sur les baies de Nouméa par des bandes avinées, les opérations « coups de poing » mises en place durant trois week-end par le haussariat ne furent en fait que des « coups de com° » au final contre-productives, puisqu’une grande partie des agents de police réquisitionnés à cette occasion devront durant les six prochains mois récupérer sur leur temps de travail (les policiers n’ayant pas le droit de faire des heures supplémentaires). Autant dire que ces prochains mois : il y aura moins de policiers dans nos rues, puisqu’ils devront « récupérer » les heures qu’ils ont passées sur les baies de Nouméa avant la visite du Premier Ministre pour « rassurer la population »… Moins de policier : encore plus de délinquance à venir. Bravo Bouvier.
Liste électorale : zéro !
Vincent Bouvier restera également le seul haut-commissaire à avoir réussi l’exploit de porter une action en justice contre lui-même. Dans l’affaire des révisions des listes électorales, saisi en avril par le juge du tribunal de première instance d’une demande de communication « des décisions des commissions administratives » – et uniquement des décisions – Monsieur Bouvier avait précipitamment transmis aux juges des documents contenant des informations personnelles sur les électeurs justement sur le point de passer par l’échafaud administratif des indépendantistes. En gros, il avait fait le travail des satellites de l’Union Calédonienne trop contents de mettre la main sur ces précieuses informations. Attaqué par l’ensemble des mouvements loyalistes, d’un naturel pas vraiment courageux et ayant peu de suite dans les idées, il avait alors choisi de se pourvoir en cassation contre les 54 décisions de radiations qu’il avait lui-même permises. Une manière de devenir le Benny Hill du capharnaüm électoral mais qui ne l’a pas empêché de s’auto-congratuler ce jeudi « Je tiens tout d’abord à souligner le travail de l’État, qui a beaucoup œuvré sur la question électorale ». Mais on n’est jamais si bien servi que par soi-même. C’est ainsi que les leaders loyalistes ont, peu après cette affaire, gentiment demandé à Manuel Valls de bien vouloir lui faire reprendre l’avion pour mettre à sa place quelqu’un d’un peu plus compétent, ce qui n’était (on s’en doute) pas si difficile à trouver.
Avenir institutionnel : zéro !
Si le lecteur a gardé de ces deux dernières années une phrase, une action ou des propos de Vincent Bouvier allant dans le sens de la préparation de la sortie de l’accord de Nouméa et replaçant l’Etat comme un troisième partenaire constructif des discussions, qu’il ne se gêne pas pour les formuler mais ils semblent bien difficiles à trouver. Pourquoi ? Tout simplement parce que le haussaire Bouvier fait partie de cette classe technocratique très particulière qui cherchant vaille que vaille à atteindre quoi qu’il en coûte le consensus édulcoré se complaisent dans le « pas-de-vague » et le discours insipide. Personne ne sachant ce qu’ils pensent vraiment, on finit par croire (et on a peut-être raison) qu’ils ne croient simplement en rien. Raison pour laquelle les messieurs de cet acabit jugent « outrancier » le fait d’avoir des idées et surtout de les défendre :
« Ce qui est frappant en Calédonie, c’est que le débat politique est parfois rude dans les actes et les expressions. Pas chez tous, mais chez certains. On me dit que c’est une tradition. Je ne suis pas sûr que ce soit une tradition qu’il faille absolument respecter (Vincent Bouvier, 09/06/16 ; sources : LNC) »
En fait, les gens comme ce haut-fonctionnaire ne font pas la différence entre le débat d’idées et les prémices d’une guerre. A partir du moment où deux personnes ne sont pas d’accord, ils estiment que le courage est que l’un des deux renonce à son avis et à ses convictions au profit de l’autre alors que, comme disait Jaurès, « le courage, c’est de rechercher la vérité et de la dire ». Car c’est la peur et la lâcheté qui font dire aux hommes le contraire de ce qu’ils pensent et c’est l’expression des valeurs de la République qui permettent justement d’encadrer ces débats, afin que chacun puisse faire avancer – avec force – ses arguments, furent-ils différents ou contradictoires.
Le placard pour sortie : bingo !
Si la machinerie de l’Etat reste bien silencieuse quant aux opinions qu’elle se fait de ses serviteurs, c’est souvent aux promotions qu’elle permet qu’on peut juger de son avis. Pour le coup, Vincent Bouvier va être nommé par le Gouvernement Valls « secrétaire général de la mer ». Un bâton de Maréchal en quelque sorte. Le genre dont rêvent tous les énarques fraîchement diplômés… Il faut dire que le secrétariat de la terre était pris et que celui de l’air n’était pas encore créé. Il a eu du moins beaucoup de chance, il aurait pu être nommé secrétaire général des lacs. En cette période d’intempéries, ça aurait pu l’occuper avant sa retraite. Alors voilà. Vincent Bouvier nous quitte et c’était monsieur Flan-Flan. Ni pour ni contre, bien au contraire. Il ne restera de son passage que deux années manquées et quelques centaines de radiations d’électeurs non-indépendantistes dont les enfants perdront eux-aussi le droit de vote. Ce n’est pas une coïncidence si certains leaders de l’UC se disent peinés de son départ.
Dès son arrivée, l’homme c’était affirmé comme l’opposé total de son prédécesseur Jean-Jacques Brot. Dans la forme, dans le fond, dans les actes et les propos, il avait expliqué vouloir faire l’exact contraire de ce préfet si « atypique » et qui avait tant déplu à certains leaders politiques calédoniens et à quelques forces économiques locales. Il peut donc se rassurer sur ce point : il aura magistralement réussi.
VIVE L’ENA
https://www.contrepoints.org/2016/06/20/257408-lena-lecole-du-camouflage-comptable
Rendez nous J.J.Brot homme droit et sincère ! Ce n’es pas avec un pseudo Chrsnacht que les choses iront bien !
Vincent qui ????
Y a pas une trop grande différence a être haussaire en Calédonie et être nommé secrétaire général de la mer(de) en métropole. La différence ? Ici on est classé à l’unesco, là-bas ben, y’a’ne classement !!!
En Métropole la “gestion” des conflits sociaux n’est pas terrible non plus.
Je retiendrai de lui un sens aigu de l’autorité sur les peintres, égarés au sein du service du contrôle de légalité du HCR
Tout de même quand allez vous grandir? un Haut Commissaire est un HAUT FONCTIONNAIRE qui est aux ordres de ceux qui l’ont nommé à Paris point barre.iI n’est pas là pour avoir de états d’âme (sinon il change de métier) Donc ce qu’il a fait était ordonné par Paris et du point de vue de Paris il a très bien fait, nonobstant toutes vos observations …En ce sens il est récompensé d'”un maroquin pour glander jus qu’à la Présidentielle et en retirer un avantage matériel… Brot pour l’avoir oublié été rappelé plus tôt mais il a eu quand même une… Lire la suite »