SLN : le coup de pied de l’âne du FLNKS

Les indépendantistes se sont opposés au prêt de l’Etat pour venir en aide à la SLN. Si la délibération a été adoptée par la majorité loyaliste en province Sud, il n’en a pas été de même en province Nord. Pour des raisons symboliques, le FLNKS refuse que la STCPI accorde une action de la SLN à l’Etat. Près de 8000 emplois sont menacés.

La SLN n’a plus d’argent. Du fait notamment de la baisse des cours du nickel et de l’absence de trésorerie suffisante (les dernières dividendes ayant été distribuées aux différents actionnaires avant la crise), la Société Le Nickel se trouvera à cours de financement dès la fin juillet. En fin d’année dernière, Pierre Frogier, au titre des Républicains et Philippe Gomes, au titre de Calédonie Ensemble, avaient apostrophé le Président de la République afin que l’Etat, actionnaire d’ERAMET la société mère de la SLN, soutienne l’entreprise et se dote d’une « véritable stratégie minière ». Lors du comité des signataires de février, l’ensemble des responsables institutionnels et politiques calédoniens avaient, autour de Manuel Valls, acté le fait que « l’Etat s’implique pour garantir le financement courant et les investissements indispensables de la SLN ». Et c’est lors de la visite du Premier ministre que celui-ci a annoncé devant les élus du congrès qu’un prêt serait accordé à la SLN via son actionnaire local : la STCPI (détenue elle-même par les trois sociétés de développement des provinces calédoniennes).

63 milliards de besoin

Le chiffre de 15 milliards de francs avait été fixé, auquel ce rajoute celui d’ERAMET à l’usine métallurgique de Doniambo (42 milliards). Plusieurs semaines de tractations et de négociations ont donc eu lieu depuis pour fixer les conditions juridiques et financières permettant ce prêt qui devait permettre à la SLN de « tenir » jusqu’à la fin 2018 et ainsi potentiellement, de passer la crise liée à la baisse des cours des matières premières. Et ce sont justement ces conditions qui devaient être validées par le vote des élus provinciaux. Mais, par la voix de Louis Mapou et de Roch Wamytan, les indépendantistes se sont déclarés – subitement – opposés à cette démarche. Or, si le vote de l’assemblée de la Province Sud est acquis, la province Nord en revanche, à majorité indépendantiste, a voté contre ce qui remet en cause l’ensemble du dossier.

L’économie réelle contre l’idéologie indépendantiste

La raison de ce refus du FLNKS ? Le fait qu’une seule action de la STCPI via PROMOSUD soit cédée temporairement à l’Etat pour que, juridiquement, celui-ci puisse accorder son prêt. Mais pour des raisons symboliques, les indépendantistes ne veulent pas voir l’Etat co-associé de cette structure, même si celui-ci n’en possède qu’une seule action et de façon momentanée.

« On est ennuyé que l’Etat revienne dans la STCPI (…) On est ennuyés, nous ne nous sommes pas battus en 1988 pour arriver à ça (Louis Mapou, 24/06/16) »

Quant à Roch Wamytan, s’il ne propose aucune autre solution permettant à la SLN d’obtenir des financements, il a déclaré que c’était à l’Etat d’en trouver une… De quoi faire réagir les élus loyalistes qui ne s’attendaient pas à une telle opposition des indépendantistes puisqu’ils s’étaient eux-aussi engagés à aider la SLN et par conséquent les milliers d’emplois directs et indirects qui en dépendent sur le territoire. Président délégué de la STCPI, Philippe Gomes a ainsi condamné un combat inutile et contre-productif pour les intérêts de l’entreprise calédonienne :

« Défendre des symboles, oui. Au prix de la destruction d’équilibres très difficilement construits, non. A fortiori si l’entreprise SLN risque d’en payer le prix. Nous avons désormais un mois pour tenter de trouver une nouvelle porte de sortie à la SLN, avec les autres acteurs du dossier au premier rang desquels les principaux actionnaires d’Eramet : l’Etat et la famille Duval. Je continuerai à prendre les responsabilités qui sont les miennes dans la recherche des nouvelles solutions (Philippe Gomes, 24/06/2016) »

De son côté, Grégoire Bernut des Républicains a plaidé pour une prise de contrôle de la SLN par l’Etat afin de la « mettre sous cloche » et Sonia Backes a appelé les indépendantistes « à la responsabilité et à dépasser les blocages symboliques dans l’intérêt des calédoniens » puisque des « milliers d’emplois sont en jeu ». Reste que face au discours rationnel et économique des élus loyalistes, les indépendantistes affichent une posture uniquement politique et idéologique. Deux discours diamétralement opposés et semble-t-il inconciliables. Mais pendant ce temps-là, l’angoisse augmente chez les acteurs du monde minier.