Pour Wamytan, Rocard est responsable de la mort de Tjibaou…

Parmi les hommages unanimes de la classe politique nationale et calédonienne envers l’ancien Premier ministre, une seule voix se démarque – encore. Roch Wamytan a ainsi déclaré que Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yéiwéné ont été assassinés par la faute de Michel Rocard…

Le Grand Chef de Saint-Louis cherche définitivement sans cesse à démontrer à qui veut bien l’entendre qu’il est le plus indépendantiste parmi les indépendantistes. Si les Calédoniens ont fini par s’habituer à ses doubles-discours tantôt qu’il se trouve à Paris, devant l’ONU ou à Nouméa, il n’en reste pas moins que Roch Wamytan souhaite plus que tout rassurer sa base militante la plus radicale même s’il en vient pour se faire à nier ou à réécrire l’histoire. C’est ainsi qu’ayant participé à Matignon au dernier comité des signataires de Février et ayant pourtant accepté, au nom de son parti l’Union Calédonienne, les relevés de conclusions formulés d’ailleurs par écrit, l’ancien président du FLNKS avait déclaré quelques semaines plus tard à New-York que la clôture du litige électoral prononcé par Manuel Valls aux sortir des discussions était en fait une décision unilatérale de l’Etat… Une vision que le président de son mouvement Daniel Goa avait dit comprendre, même s’il ne la partageait pas. Et cette semaine, c’est à l’occasion de la disparition de Michel Rocard, décédé ce week-end à l’âge de 85 ans, que l’ex-président du congrès a tenté une fois encore de réécrire l’histoire à sa sauce.

Wamytan nie que Tjibaou a été tué par un militant kanak indépendantiste

Alors que tous les autres leaders indépendantistes (mais aussi loyalistes) ont rendu hommage à l’ancien Premier ministre de François Mitterrand et à son action pour le territoire, Roch Wamytan s’est dit « mitigé » à l’annonce de la nouvelle en expliquant que Michel Rocard avait été le responsable de la mort du créateur du FLNKS :

« Je suis un peu mitigé de la façon dont [Michel Rocard] a amené les négociations, mais c’est plus au niveau de sa méthode, par rapport aussi au mandat qu’avait Jean-Marie Tjibaou pour la négociation. Il était venu à Paris pour négocier l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Il en est ressorti avec les Accords de Matignon, et il faut quand même rappeler, c’est pour ça qu’il en est mort, non seulement lui, mais Yéiwéné Yéiwéné et Djubelly Wea. Ça fait quand même trois. C’est un prix lourd que le peuple kanak a payé pour la question de l’Accord de Matignon »

Cependant, non seulement Roch Wamytan oublie de dire que Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné ont été assassinés par un militant kanak du FLNKS (qui n’acceptait pas la signature des accords de Matignon-Oudinot) mais, de plus, l’élu de l’UC cite nommément leur assassin comme une autre victime de la négociation entreprise par Michel Rocard ; en l’occurrence la personne de Djubelly Wéa, lui-même tué par l’un des gardes du corps de Tjibaou lors de l’attentat sur l’île d’Ouvéa.

Crainte pour sa personne ?

En vérité, depuis bien des années, Roch Wamytan explique à qui veut bien l’entendre en petit comité que s’il négociait lui-même un accord avec les loyalistes et l’Etat – avant ou après le référendum de 2018 – dans lequel il serait spécifié que la Nouvelle-Calédonie resterait au sein de la République Française, sa vie serait alors en danger. Raison pour laquelle ce signataire des accords estime qu’en tant que leader indépendantiste il lui faut (pour ne pas être victime, un jour, d’une possible tentative d’assassinat) sans cesse donner des gages aux indépendantistes les plus radicaux et, surtout, toujours attaqué l’Etat et la France, en la citant nommément comme responsable de l’ensemble des problèmes que connait la Nouvelle-Calédonie. Une habitude qu’il ne manque pas de rappeler de façon sporadique. Cela étant, participant aux discussions sur l’avenir qui ont lieu actuellement, plus le temps passera et plus Roch Wamytan risque d’avoir bien du mal à expliquer à sa base qu’il n’était au « courant de rien » et que la « France l’a trahi » lorsque viendra le moment où les Calédoniens décideront majoritairement de rester au sein de la République.