France : La réalité en face

La France des vacances, des juillettistes et des aoûtiens, des tongs et des matelas pneumatiques, se voit frappée, blessée, assassinée. L’horreur en écho monstrueux aux feux d’artifice, à l’été triomphant, sur cette promenade des Anglais le long de laquelle d’ordinaire on flâne sans penser à rien d’autre qui ne soit le soleil, la plage et les beaux jours.

« Nous sommes en guerre », proclament nos élites adoptant des postures martiales qui ont cela de vaines que nous savons nos failles et nos fragilités. Elles tiennent au combat inégal que livre une démocratie accomplie à une idéologie théologique fanatique ayant érigé la terreur comme art de sa guerre. Si nous sommes en guerre, nous la livrons sans front ni champ de bataille et où, au pilonnage de structures en Syrie ou en Irak, répondent des kamikazes et des camions assassins. Une guerre où, pendant que nous projetons nos troupes au Mali et nos avions en Syrie, l’ennemi trouve sur notre sol et dans nos rangs, sa logistique, ses objectifs et ses soldats.

La guerre, puisque c’est à cette extrémité que l’on appelle le peuple français, impose qu’on la définisse, que l’on fixe par des mots ce que l’on doit atteindre et détruire pour assurer notre survie. Sans cela, les morts vont s’accumuler dans d’innommables bains de sang sans que l’on sache pourquoi et au nom de quoi, nous devrions nous battre. Il faudra en passer par cette étape qui consiste à convenir enfin que le combat que l’on nous annonce est bien une guerre de civilisation. Face à l’Occident ancien, chrétien et perclus d’Histoire se dresse un islam vicié et dégénéré nourri au lait du fanatisme qui trouve une résonnance dans les rues de Saint-Denis, les banlieues malheureuses, les cellules de prison, les mosquées non contrôlées et financées par les régimes complices des assassins.

La réalité en face est qu’à des pères de famille que la mort n’effraie pas, nous n’avons guère d’armes à opposer. Notre système judiciaire à l’abandon offre le triste spectacle de son incapacité à nous défendre et à prendre la mesure du péril, et notre pouvoir politique se montre inapte à assumer son rôle guerrier et protecteur. Il en est aussi de notre mode de vie et de pensée qui, peut-être parce que c’était dans l’ordre des choses et du temps, nous a conduits à trop de renoncements créant par la même une lâcheté collective. Nice, comme l’avaient été Charlie et le Bataclan, nous rappelle à l’ordre, mais n’est-il pas trop tard ? La réalité en face nous impose d’ouvrir enfin les yeux sur ce que nous sommes devenus… Les attentats à venir et les cortèges de morts qu’ils vont provoquer, doivent très certainement nous faire nous interroger sur nos abdications en matière d’autorité, d’éducation, de sens civique, de volonté, d’abnégation, de courage…
Nous sommes en guerre donc, et nous avons un ennemi, n’allons pas croire que nous gagnerons la bataille sans sacrifice ni effort. Y sommes-nous prêts ?

Caton