La vérité sur les hypers

Le 30 août dernier le gouvernement a autorisé la construction d’un nouvel hypermarché Géant sur la ZAC de Dumbéa sur mer. Une seconde demande, cette fois pour la création d’une enseigne Hyper U, doit encore fait l’objet d’une instruction. Et tout cela fait débat.

La grande distribution est le secteur économique le moins concurrentiel en Nouvelle-Calédonie. Près de 80% des parts de marché sont détenus par les deux groupes qui gèrent les enseignes principales Géant et Carrefour et leurs dérivés. C’est pour contrer cette prédominance, qui a un impact sur la cherté de la vie, que le congrès a adopté la loi de pays instaurant une haute autorité calédonienne de la concurrence. Et c’est en application de cette loi que l’autorisation d’implanter une nouvelle très grande surface à Dumbéa a été accordée.

Géant à Dumbéa

Initialement, la Société des Supermarchés du Nord, filiale du groupe Bernard Hayot, a demandé l’autorisation d’ouvrir un hypermarché géant de 5 500 m2. Une telle surface aurait renforcé considérablement les parts de marché détenues par le groupe GBH dans la grande distribution. Des négociations parfois âpres ont alors été entamées et ont abouti à un repositionnement du projet. Au titre de la loi anti-trust, la superficie du projet de Dumbéa a été amputée de 1000m2, et il a été fait demande au groupe GBH de se départir de 4 500m2 de surface commerciale déjà en exploitation. C’est la solution retenue par le groupe Hayot qui céder ses parts du Casino Johnston et vendre le leader Price de Rivière Salée et le Casino de la Vallée des Colons. Deux acheteurs potentiels, les groupes Aline et Ballande, seraient déjà sur les rangs. L’accord ayant été conclu, le gouvernement, à l’unanimité, a donné son autorisation à la construction d’un nouvel Hypermarché.

Le cas Ballande

Le gouvernement est sollicité pour autoriser la construction de deux Hyper U par le groupe Ballande. Le dossier est toujours à l’instruction ce qui conduit le groupe Ballande à accuser le gouvernement de bloquer le dossier et à solliciter l’appui des politiques, dossier dont s’est saisi Harold Martin qui le défend avec l’outrance qui lui est désormais coutumière :

« Je vais le dire à ce nouveau plaignant, pourquoi vous lui donnez pas l’autorisation, parce que c’est une vieille famille calédonienne sur lesquelles vous tapiez. Monsieur Gomès, vous aimez pas les vieilles familles calédoniennes qui ont fait ce pays, je vous le dis, voilà, je vous le dis » (Harold Martin – séance du congrès 1er sept)

Fort heureusement, le dossier Hyper U n’a rien à voir avec « les vieilles familles qui ont fait le pays » dont Harold Martin se fait le porte-parole, mais à des critères économiques sérieux. Il s’avère que le dossier Hyper U a changé de main, le groupe Ballande ayant racheté le projet à ses promoteurs initiaux. Il faut signaler que ces derniers avaient obtenu du gouvernement l’autorisation de construire les deux magasins, mais le dossier ayant changé de propriétaire, il revenait à ce dernier de déposer une nouvelle demande. Or le dossier comporte quelques lacunes que le gouvernement souhaiterait voir comblées, c’est ainsi que dans le montage financier du projet, figurent des sociétés extérieures dont on ne connaît pas les actionnaires… Un flou qu’il conviendrait sans doute d’éclaircir afin que le projet puisse se mener à bien.