Un marché automobile face à la crise ?

Après le boom des années 2006-2012 durant lesquelles il a connu une très forte croissance, le marché automobile évolue. Désormais, les ventes des occasions décollent au détriment des véhicules neufs. Revue d’étape.

C’était en 2008, début février. On allait passer cette année-là le numéro de plaque d’immatriculation symbolique 300 000 NC. Un concessionnaire de la place, interrogé par les Nouvelles Calédoniennes, avouait alors : « ça marche très bien ! ». Le secteur de l’automobile était florissant, la corporation se présentant elle-même comme « l’une des plus enjouées du pays ». Il faut dire que l’économie était tirée par la construction des deux nouvelles usines de nickel. Or, les Calédoniens aiment leur voiture. Selon les données issues de l’enquête BCM 2008 de l’ISEE, le poste transport (automobile + transport en commun) représente plus de 15% des dépenses des ménages calédoniens. Mais, à la différence de la métropole, pour ceux ayant des revenus moyens ou faibles, ce chiffre grimpe à plus de 21%, soit un cinquième du budget total des ménages.

Ça roule ?

Selon les chiffres de la DITTT entre 2004 et 2014, en moyenne, environ une dizaine de milliers de véhicules neufs ont été achetés chaque année par les automobilistes calédoniens (avec un pic en 2008 dépassant les 14.000 et un autre à 11.755 en 2011). L’année dernière, ce chiffre est descendu en dessous des dix mille, preuve que la crise économique a rattrapé le caillou. Pour autant, ramenés à la population, les chiffres de vente rejoignent désormais ceux de la métropole. En effet, 2.345.092 ventes ont été effectuées en France (métropolitaine) en 2015 ce qui représente un véhicule neuf vendu pour 27 habitants. En Nouvelle-Calédonie, avec 9.091 ventes pour l’année 2015, ce taux est d’un véhicule neuf pour 28,7 habitants. Mais cette baisse des ventes alarme tout de même les professionnels du secteur. Ainsi, le vice-président de l’Association des professionnels concessionnaires automobiles (Apca) a plaidé récemment contre la TGC expliquant que le contexte économique n’était “absolument pas propice à un tel bouleversement”.

« Pour vous donner quelques chiffres : il s’est vendu, en 2011, un peu plus de 12 000 véhicules neufs contre vraisemblablement 7 500 en 2016, entraînant nos entreprises dans des difficultés grandissantes. (…) Les prix des véhicules neufs en Nouvelle-Calédonie sont comparables, voire parfois inférieurs à ceux pratiqués en Métropole (Christophe Morel, vice-président de l’APCA ; sources : LNC 27/07/16) »

Et les concessionnaires estiment que cette baisse des ventes entraine « du coup, un manque d’approvisionnement du marché de l’occasion ». Or, c’est précisément le contraire qui se produit. Car n’ayant pas (ou plus) les moyens de s’offrir des véhicules neufs, de nombreux Calédoniens semblent se tourner vers les véhicules d’occasion qu’ils vendent et achètent davantage. Une note de la DITTT sur les transferts de cartes grises précise ainsi que pendant que les ventes de véhicules neufs baissaient de 22%, celles des occasions progressaient de 10%, passant de 23.000 en 2011 à plus de 25.000 en 2015. Du reste, le marché du commerce d’équipements automobiles se porte bien puisqu’il s’établit toujours autour des 9 milliards de francs par an, quand celui de l’entretien et de la réparation des véhicules atteint les 10 milliards chaque année (sans compter les nombreux patentés du secteur). Faut-il croire que l’augmentation du nombre de véhicules d’occasion changeant de main participera à l’accroissement de ce marché ? Voire.

La Calédonie, championne des Porsche !

Pendant ce temps-là, et bien loin des soucis de la vie matérielle, des propriétaires de Porsche ont fait une « petite virée » dimanche dernier sur les routes calédoniennes. Voulant constituer le premier « Porsche club local », ces amateurs de belles voitures auront néanmoins mis en lumière une information intéressante, concernant le nombre de ces voitures de luxe en circulation sur le territoire. Le responsable du futur Porsche club de Nouvelle-Calédonie ayant déclaré :

« Dès que le club sera créé, je pense qu’il va attirer du monde. Il y a environ 500 Porsche sur le territoire, ce qui est énorme (LNC, 06/09/16) »

Enorme ? Eh bien, c’est le cas ! Car, selon une enquête de BFM Business, de tous les départements, avec 10 Porsche pour 10.000 habitants, c’est dans les Alpes-Maritimes que la proportion d’automobilistes propriétaires d’une Porsche est la plus élevée de France. Mais qu’ils habitent ou non à St-Tropez ou qu’ils conduisent ou non sur la Riviera, ces amateurs de voitures de luxe font pâle figure comparativement aux Calédoniens. En effet, en Nouvelle-Calédonie, avec (environ) 500 véhicules en circulation sur une population de 270.000 personnes, la proportion est donc de 18 Porsche pour 10.000 habitants*. Comme quoi, c’est pas la crise pour tout le monde !

* soit en proportion deux fois plus qu’en Corse, trois fois plus qu’à Paris, quatre fois plus qu’à Lyon et… près de 18 fois plus que dans les côtes d’Armor !