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SCOOP : les Nouvelles Calédoniennes au bord de la faillite
Souffrant d’une énorme baisse de ses ventes, les Nouvelles Calédoniennes sont désormais dans une situation financière catastrophique. Confronté à la fuite de ses annonceurs, le quotidien solde à tout-va pour reconquérir des marchés et éviter la faillite. Faites vos jeux, rien ne va plus…
Les « promos » organisées par le service commercial des Nouvelles Calédoniennes démontrent à elles seules les relations catastrophiques que le journal entretient désormais avec ses annonceurs et les acteurs du monde économique local. Pensez-donc : dans le dernier prospectus envoyé récemment à ses clients ou à ses anciens partenaires, les Nouvelles expliquent que le Groupe Melchior* (propriétaire du titre) va bientôt mettre en vente à « des tarifs exceptionnels » 70 pleines pages et 30 demi-pages de publicité ainsi que 20 « packs spots radio sur NRJ ». Les prix ? 400 à 500% moins chers que d’ordinaire ! Ainsi la pleine page de pub dans le seul quotidien calédonien que les institutions ou les grands groupes commerciaux achètent est depuis des années vendue 250.000 francs. Un prix qui a toujours été maintenu en l’état malgré les protestations du monde économique. L’opération de promotion d’aujourd’hui s’apparente donc en fait à celle de la dernière chance. Car, si le titre autrefois détenu par le groupe Hersant vendait entre 15.000 et 18.000 exemplaires par jour au début des années 2010, les ventes actuelles sont passées sous la barre des 8000 exemplaires vendus quotidiennement. Or, les Nouvelles Calédoniennes continuent à vendre leur publicité au même prix, même si elles sont lues par deux fois moins de personnes ! Des méthodes commerciales semble-t-il totalement illégales puisque cela ne correspond plus à du dumping mais plutôt maintenant à de « la vente à perte », une pratique illicite et déloyale règlementée par les articles L442-2 et L420-5 du code du commerce.
La colère de Jacques Jeandot
C’est un constat dressé par Jacques Jeandot lui-même. Il y a quelques semaines, le président du groupe Melchior et actionnaire principal du journal tirait la sonnette d’alarme et expliquait dans un courrier adressé à sa rédaction :
« Les actionnaires partent du constat suivant : les ventes sont en baisse, les annonceurs réduisent leurs investissements publicitaires, la vie même du journal pourrait être compromise si ces problèmes persistaient (Jacques Jeandot, courrier à la SDJ du 07/04/16) »
La lettre avait été adressée à l’ensemble des membres de la Société des Journalistes des Nouvelles Calédoniennes et aura depuis lors été maintenue confidentielle. En une demi-page, celui qui a fait fortune dans la vente automobile dressait un constat sans appel de la situation du journal « au bord de la fermeture ». Car depuis le début de l’année, la chute des ventes associée à une politique de « prix prédateurs** » a continué et s’est même accentuée. De plus, les annonceurs font de moins en moins appel au journal pour leur campagne publicitaire. Résultat : les recettes du titre n’ont jamais été aussi faibles et les dettes s’accumulent (même si le service commercial continue à dire aux annonceurs et à ses clients que les ventes ne faiblissent pas…) Si les causes de cette chute sont multiples, parmi elles figure une ligne éditoriale « filet d’eau tiède », une offre concurrente qui s’étoffe notamment sur le web et par l’arrivée d’un nouvel hebdomadaire papier : Actu.nc. Le manque de production rédactionnelle et l’incapacité à s’adapter aux nouvelles technologies et à l’importance des réseaux sociaux sont aussi au cœur des difficultés du journal. La nouvelle mouture du site de LNC ayant, du fait d’une mauvaise préparation, fait perdre des abonnés au titre et l’ensemble de ses archives web et commentaires sans compter qu’il ne bénéficie pas d’un bon référencement sur les moteurs de recherche…
Le “fléaux” de Jeandot
Patrick Blain, l’ancien rédacteur en chef poussé il y a peu vers la sortie, n’avait pas réussi ou pas voulu reprendre la main sur le travail des dizaines de journalistes et de pigistes qui officient au sein des Nouvelles. Or, Jacques Jeandot ne souhaiterait plus cette année investir des fonds en pure perte et il le dit très clairement dans son courrier : « les actionnaires n’ont pas vocation à soutenir un journal qui serait structurellement en perte ». Le milliardaire spécialisé dans les concessions automobiles explique également que le contenu du journal « n’est plus en phase avec notre lectorat » et annonçait par ailleurs avoir lancer un audit sur l’organisation interne du quotidien. En fait, c’est Didier Fléaux, un ancien journaliste qui avait été envoyé pour une mission sur le territoire afin d’une part de dresser un bilan du journal et d’autre part de faire des propositions quant à sa complète restructuration. L’homme n’est pas inconnu des Calédoniens puisqu’il a été par le passé rédacteur en chef des Nouvelles.
Et c’est précisément toute l’organisation du quotidien qui fut dans son collimateur. Il s’avère que Didier Fléaux a demandé à la quarantaine de journalistes du groupe de faire l’état exact de leur travail sur les tous derniers mois. Or, il s’est avéré que certains journalistes des Nouvelles n’écrivent qu’un ou deux « papiers » par semaine (quand d’autres en rédigent des dizaines) alors que leur salaire moyen est de l’ordre de 450.000 f/mois. Certains passeraient même plusieurs jours sans rien écrire du tout et se contenteraient de faire des copier/coller à partir d’articles existants émanant d’autres médias ou de l’AFP… Cette situation est connue des services administratifs et du reste du groupe, et les autres employés des Nouvelles enrageraient d’autant plus contre certains de leurs collègues qui semblent mener leur outil de travail tout droit vers la faillite. L’actionnaire majoritaire prévient ainsi que la rédaction sera maintenant traitée comme l’ensemble des autres directions du groupe et ne peut pas bénéficier d’un traitement singulier :
« La rédaction des Nouvelles ne peut pas échapper à ce constat. Elle répond comme les autres services du Groupe aux mêmes logiques économiques ; ce n’est pas un service autonome à l’intérieur des Nouvelles, et nous ne sommes pas dans un système de cogestion ! (Jacques Jeandot, courrier à la SDJ du 07/04/16) »
Vers un quotidien communautariste ?
Dès son arrivée sur le territoire, Didier Fléaux avait en fait dû faire face à l’hostilité d’une partie du personnel à son égard. Celle-ci ne voulant tout simplement pas que le propriétaire du journal s’immisce dans leur traitement de l’information et donc dans le fonctionnement de leur rédaction. Mais Jacques Jeandot avait prévenu :
« Nous avons décidé de procéder à un audit tant sur l’optimisation de l’organisation que sur une amélioration des contenus. Le choix de l’intervenant est de la décision seule des actionnaires. Les arguments que vous donnez sur la personne sont essentiellement à charge ; ils ne peuvent mettre en doute sa grande expérience et son professionnalisme (Jacques Jeandot, courrier à la SDJ du 07/04/16) »
Parmi les critiques formulées par l’auditeur, figurait le profil des équipes : majoritairement métropolitaine, sans aucun kanak et avec très peu de calédoniens. Ce qui explique un « ton » décalé par rapport aux aspirations et aux attentes des lecteurs. C’est donc la ligne éditoriale des Nouvelles Calédoniennes qui est en cause dans cette affaire. Car une partie des journalistes démontrerait une propension affichée pour censurer toute information pouvant mettre en cause leur propre idée du « politiquement correct », ce que Jacques Jeandot ne semble plus vouloir souffrir :
« Quant à sa position politique, elle est celle de plus des 2/3 des Calédoniens, et doit donc être en phase avec notre lectorat (Jacques Jeandot, courrier à la SDJ du 07/04/16) »
Une façon d’expliquer aux journalistes du journal que leur “affinités” vis-à-vis de certaines thèses « progressistes » n’a pas vocation à devenir la ligne du seul quotidien calédonien, d’autant plus que les lecteurs du journal sont essentiellement non-indépendantistes et que ce sont ces derniers qui cessent de plus en plus d’acheter le titre. Pour finir, Jacques Jeandot affirme que les résultats de l’audit qu’il a commandé « seront ensuite analysés avec la Direction et la Rédaction en Chef » et a demandé aux journalistes de veiller à ce que « cette mission se déroule de façon utile, positive et constructive ».
L’information à la ramasse
Malgré un budget de plusieurs centaines de millions de francs et des dizaines de personnels, les Nouvelles Calédoniennes semblent incapables de mener des investigations poussées et de sortir des « scoops » afin d’être à la pointe de l’information ou simplement de suivre l’actualité en temps réelle. C’est ainsi que sur les dernières semaines, le seul quotidien du territoire a été à la peine et n’a fait parfois que reprendre des informations publiées sur Calédosphère :
• Le 21 mai, nous annoncions dans nos colonnes la nomination de Thierry Lataste au poste de Haut-commissaire. Les Nouvelles ont sorti l’information trois jours plus tard soit le 24 mai.
• Le 5 juin, il était indiqué dans ces colonnes la sanction d’Anthony Lecren suite à la commission de discipline de l’UC. Les Nouvelles ont finalement « obtenu » cette information et l’ont publiée le 10 juin, soit cinq jours plus tard.
• Une autre fois, Calédosphère a publié le récit de la sauvage agression subie par Madame Jourdain, une mamie de Poya alors qu’aucun média ne l’avait évoquée. Face au tôlé sur internet et aux critiques des internautes, le lendemain, les Nouvelles Calédoniennes ont finalement repris cette information… en la mettant à la Une.
• Le 6 juin au matin, Calédosphère révélait que le corps retrouvé à Nouville était celui de Jean-Pierre Deteix, une personnalité importante du monde politique calédonien. Alors que l’information était connue de la famille, des services de police, de santé, de la justice et par toutes les autorités compétentes, les Nouvelles Calédoniennes ont mis plusieurs heures à réagir avant de la diffuser.
• Plus récemment, concernant la mise en examen d’Harold Martin, il aura fallu aux lecteurs du journal attendre que tous les médias du territoire aient partagé l’information pour voir une brève sur le site de LNC…
Toutes ces actualités ont ensuite fait la Une du quotidien lors de leur publication (le lendemain). En fait, il apparait que ces derniers mois, s’agissant des principaux sujets de l’actualité locale, le travail de la quarantaine de journalistes du journal a été semble-t-il de surfer sur internet, de lire les réseaux sociaux, Calédosphère ou les médias du net et de répéter les informations apprises, tout en ajoutant une petite couche de politiquement correct (notamment sur Anthony Lecren qui, après l’annonce de sa sanction, a été décrit dans un article du 11 juin comme un « fin politique », un homme « intelligent », et un « créatif au bon relationnel » ce qui prouve que si l’élu de l’Union Calédonienne n’est pas très apprécié par les juges, les policiers et le collectif des femmes en colère, il est en revanche très aimé du côté des journalistes des Nouvelles)
Bientôt la fin ?
Toujours est-il que la réalité économique risque désormais de rattraper l’organisation et le fonctionnement du journal, ses actionnaires refusant d’injecter à nouveau de l’argent dans un média qui courre à sa perte. En tout état de cause, le sort des Nouvelles en tant que tel devrait se jouer avant la fin de l’année. Et si tous les observateurs s’accordent sur le fait que le virage numérique était la seule solution pour permettre au titre de se développer, à l’instar des autres quotidiens régionaux métropolitains, l’ironie veut que ce soit peut-être bien sur internet que sera annoncée la fin des Nouvelles Calédoniennes.
* le groupe de médias qui englobe ” les Nouvelles Calédoniennes”, l’antenne locale de la radio NRJ, les Imprimeries Réunies de Nouméa (IRN) et Pacifique Print (imprimerie) a été racheté en 2013 au groupe Hersant et à Bernard Tapie. Jacques Jeandot en possède 59% des parts.
**Les prix prédateurs sont le fait d’une entreprise qui pratique des prix de vente très bas en vue de protéger (situation défensive) ou d’étendre (situation offensive) sa part de marché au détriment de concurrents potentiels ou existants.
Prix prédateurs signifie prix de vente très bas, c’est-à-dire susceptibles d’empêcher un concurrent présent ou un potentiel entrant d’être rentable. Ce qui revient à contraindre sinon réduire la concurrence dans un premier temps, afin de profiter par suite des profits dans le cadre d’une position concurrentielle plus favorable (oligopole, position dominante, voire monopole).
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