Députation : Les Républicains donnent l’investiture à Philippe Gomès

Résultat des négociations entre François Fillon et Jean-Christophe Lagarde, les Républicains et l’UDI ont conclu un accord électoral au niveau national. S’agissant de la 2nde circonscription de Nouvelle-Calédonie, les deux mouvements ont décidé de soutenir le député Philippe Gomès. Une décision qui au niveau local fait grincer bien des dents du côté de ses adversaires politiques. Ah, les histoires de famille…

Il n’est pas encore candidat à sa réélection mais le temps électoral de 2017 ne semble déjà plus être celui de 2012. A l’époque ostracisé par la direction de l’ex-UMP, Philippe Gomes s’était présenté sans investiture et l’avait emporté face à Eric Gay, l’actuel maire du Mont-Dore qui était alors soutenu officiellement par le principal mouvement de la droite nationale. Cinq ans après une mandature passée au sein du groupe UDI fondé par Jean-Louis Borloo, le leader de Calédonie Ensemble a fait savoir dans un communiqué que Les Républicains lui accordait l’investiture dans la seconde circonscription qui regroupe l’ensemble de la Grande Terre, exception faite de la ville de Nouméa.

L’accord national de la droite et du centre

Afin de permettre l’alternance et de l’emporter face aux candidats de la gauche, et malgré les déboires politico-médiatiques entourant la campagne de François Fillon, les centristes ont cette semaine conclu un accord électoral avec le candidat de la droite. Cela pour lui permettre au lendemain de l’élection présidentielle d’obtenir, en cas de victoire, une majorité à l’assemblée nationale. Sur les 577 circonscriptions nationales, 92 d’entre elles verront donc des « candidats communs », soutenus à la fois par Les Républicains et par l’UDI. Dans quelques autres en revanche, telle la 1ère circonscription de Nouvelle-Calédonie (Nouméa et les Iles Loyautés), les deux mouvements se sont accordés pour soutenir le candidat de droite qui arrivera devant au soir du 1er tour des législatives. A la suite de cette annonce, Philippe Gomes a évoqué un « engagement conclu en vue de permettre le redressement nécessaire de la France » et s’est dit « honorer » par cette décision :

« Cette décision des instances dirigeantes des Républicains et de l’UDI, de m’accorder leur investiture commune pour les élections législatives m’honore. J’y vois une marque de confiance en l’action que je mène avec Calédonie Ensemble, et dans la vision de l’avenir du pays que je m’attache à faire partager au plus grand nombre, tant en Nouvelle-Calédonie qu’en métropole. J’y vois aussi la reconnaissance du travail conduit sans relâche durant ces cinq années de mandat, au cours desquelles j’ai œuvré à respecter les engagements pris envers les Calédoniens lors de la campagne de 2012 (Philippe GOMES, 16/03/17 ; sources : communiqué) »

Comme dans 91 autres situations, le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde et François Fillon ont ainsi estimé que dans la seconde circonscription de Nouvelle-Calédonie, l’union de la droite et du centre était nécessaire. En effet, c’est dans celle-ci que le FLNKS a arithmétiquement le plus de chance de pouvoir faire élire un indépendantiste au palais Bourbon. L’Union Calédonienne ayant déclaré l’année dernière que le parti ne participerait pas à ces élections, c’est donc un candidat de l’UNI-Palika qui se portera candidat en juin prochain pour représenter les indépendantistes. Or, en cas de victoire, celui-ci rejoindrait très vraisemblablement les rangs du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, et la droite perdrait un siège.

Harold Martin et Sonia Backes : stupeur et tremblement ?

Candidats aux prochaines élections législatives, respectivement dans la 2nde et dans la 1ère circonscription, Harold Martin et Sonia Backes ont rapidement réagi dans un communiqué commun. L’un et l’autre avaient en effet dès l’année dernière demandé sans succès l’investiture officielle des Républicains. Dans la première circonscription, c’est ainsi Bernard Deladrière, le président du comité de soutien local à François Fillon, qui l’avait obtenue suite à la primaire de la droite et du centre et à la large victoire de l’ex-premier ministre de Nicolas Sarkozy.

« Nous, les Républicains de Nouvelle-Calédonie, apprenons avec stupeur qu’une investiture les Républicains-UDI a été accordée à Philippe Gomes (…) Cette décision, lourde de conséquences pour notre famille politique, démontre à la fois une méconnaissance inquiétante du dossier calédonien par les appareils politiques métropolitains et l’expression de la volonté de Pierre Frogier (Communiqué commun de Harold MARTIN et Sonia BACKES, 17/03/2017) »

Critiquant Pierre Frogier, l’actuel président du Rassemblement-Les Républicains, mais aussi la direction de leur parti national, les deux candidats estiment que Philippe Gomes n’aurait pas les caractéristiques requises pour obtenir cette investiture. Sans surprise, les deux élus critiquent la décision du mouvement national auquel ils se rattachent :

« Se présenter sous la bannière Les Républicains devant des électeurs qui sont appelés aux urnes implique d’être de droite, d’être libéral et d’affirmer que le seul avenir viable de la Nouvelle-Calédonie est dans la France. Or, Philippe Gomes ne porte ni ces valeurs ni ces convictions. Il ne saurait donc en aucune manière être notre candidat dans cette élection déterminante pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie et de ses populations (Communiqué commun de Harold MARTIN et Sonia BACKES, 17/03/2017) »

Ainsi, vent debout contre cette décision, Harold Martin et Sonia Backes annoncent qu’ils n’en resteront pas là :

« Les Républicains de Nouvelle-Calédonie exposeront dès le début de la semaine prochaine les actions qui seront menées à la suite de cette décision inique et dévoileront le dessous des cartes qui ont conduit à une telle forfaiture (Communiqué commun de Harold MARTIN et Sonia BACKES, 17/03/2017) »

Quoi qu’il en soit, les investitures restent le choix des instances dirigeantes d’un mouvement politique et d’elles seules. Et l’histoire politique récente a démontré que les électeurs, encartés ou non, se faisaient leur libre-opinion sur la question. Certainement que pour l’écrasante majorité des électeurs calédoniens ou métropolitains, une investiture officielle, ce n’est pas non plus ce qui détermine un vote. Mais à l’instar de ce qui se produit dans toutes les familles, au sein de la droite locale, lorsqu’arrive le temps de l’épiphanie, tout le monde veut la fève !