Emmanuel Macron devient le 8ème Président de la République

Au terme d’une campagne électorale hors norme, Emmanuel Macron a été élu président de la République, avec 65.5% des voix (estimations à 20h) contre 34.5% pour Marine Le Pen.

Emmanuel Macron obtient une très large victoire au second tour de l’élection présidentielle, avec 65,5% des voix. Il dépasse largement ses résultats obtenus au premier tour du scrutin : il avait recueilli 24% des suffrages, soit 8,52 millions de votes. Emmanuel Macron avait alors atteint son objectif, en devançant les dix autres candidats à l’élection présidentielle, devant Marine Le Pen, pourtant longtemps favorite. Inconnu du grand public il y a cinq ans, nommé ministre pour la première fois en août 2014, et jamais élu jusqu’alors, Emmanuel Macron, 39 ans, a connu une ascension éclair. Son credo : incarner une forme de renouveau, qui dépasserait le traditionnel clivage gauche-droite. Il a ainsi reçu le soutien de personnalités de camps très divers, de l’ancien patron du Parti communiste Robert Hue à certains élus des Républicains, en passant par l’ancien 1er ministre socialiste Manuel Valls ou le président du MoDem, François Bayrou. Au second tour, le candidat d’En Marche a donc profité d’un large report de votes, notamment en raison des nombreux appels de responsables de gauche comme de droite à faire barrage au Front national. Mais le nouveau chef de l’Etat a surtout bénéficié d’un vote par défaut : 43% des Français auraient expliqué leur choix par leur opposition à Marine Le Pen. Un tiers des Français (33%) auraient ainsi voté pour l’ancien ministre de l’Economie à cause “du renouvellement politique qu’il représente”, 16% seulement pour son programme et 8% pour sa personnalité.

Le FN battu mais 1er opposant

Marine le Pen a annoncé dimanche une “transformation profonde” à venir du Front national après sa défaite au second tour de l’élection présidentielle. Lors d’une déclaration à la presse, la candidate du FN, qui a obtenu un peu moins de 35% des voix selon les premières estimations, s’est présentée comme la chef de file de “la première force d’opposition au projet du nouveau président”. “Le premier tour a entériné une décomposition majeure de la vie politique française par l’élimination des partis anciens”, a-t-elle dit dans une allusion au Parti socialiste et aux Républicains, dont les candidats ont été évincés le 23 avril. “Ce second tour organise une recomposition politique de grande ampleur autour du clivage entre les patriotes et les mondialistes”, a-t-elle ajouté. Le Front National qui a réussi à dépasser les 10 millions de votants s’est encore une fois retrouvé bloqué sous un « plafond de verre républicain » et devrait bientôt entériner son changement de nom et de ligne politique pour espérer gagner les élections législatives et obtenir un groupe à l’assemblée nationale.

Une abstention et un vote blanc record

On n’avait pas vu cela depuis 1969. A l’époque, l’abstention avait atteint un record de 31,1% au second tour, dans un contexte particulier à la suite de la démission du général De Gaulle. Cette année, le taux atteint entre 25 et 26%, selon les premières estimations publiées dimanche soir. Jamais, depuis près de 50 ans, l’abstention n’avait atteint un tel niveau pour une élection présidentielle. Cette élection est aussi marquée par une défiance très importante. 4,2 millions des Français, soit 8,8% des inscrits, ont voté blanc ou nul, selon cette même estimation Ipsos. C’est près de deux fois plus qu’en 2012 où 2,2 millions avaient glissé un bulletin blanc ou nul dans l’urne.

En Nouvelle-Calédonie, Macron arrive en tête et le FN atteint un score historique

Avec 52,6% (47 889 voix), Emmanuel Macron a également remporté le second tour en Nouvelle-Calédonie. La candidate du Front national a elle recueilli 47,4 % des suffrages soit 43 214 voix. Sans surprise, malgré un taux d’abstention très élevé, c’est dans les communes indépendantistes qu’Emmanuel Macron arrive largement en tête. Dans les communes majoritairement loyalistes en revanche, Marine Le Pen devance le candidat En Marche, même à Nouméa où la candidate du Front National dépasse les 51%. En moyenne, Marine Le Pen atteint ainsi entre 55 et 60% des voix à Dumbéa, Paita, au Mont-Dore et enregistre plus des deux tiers des voix dans les villages de brousse tels que Bourail, Farino ou la Foa. Une situation due au message traditionnel du Front National qui exprime la volonté pour les électeurs loyalistes de rester dans la France. La légère augmentation de la participation entre les deux tours, fruit d’un appel des formations indépendantistes à faire barrage au Front National, aura néanmoins porté au niveau local comme à Poindimié, à Koné ou sur les îles Loyauté, là où Emmanuel Macron arrive très largement en tête. Du reste, le nombre de bulletins blancs ou nuls, deux à trois fois plus élevé que lors des élections précédentes, et la participation plus faible qu’en 2012 démontrent un certain refus de choisir entre les deux candidats pour une part importante de l’électorat.

Pour autant, si les responsables politiques locaux ont déjà les yeux rivés sur les élections législatives à venir et que les représentants du Front National en Nouvelle-Calédonie souhaitent transformer dans les urnes leurs bons résultats, l’histoire a démontré que les Calédoniens – en contradiction avec leurs compatriotes métropolitains – votaient rarement dans le même sens entre les élections présidentielles et les législatives. C’est ainsi qu’après avoir accordé leur suffrage à Jacques Chirac en 1995, ils avaient majoritairement voté pour Jacques Lafleur lequel avait pourtant appelé à voter Edouard Balladur. Plus près de nous, en 2012, les Calédoniens avaient plébiscité Nicolas Sarkozy mais avaient ensuite désavoué ses représentants qui avait, dans les deux circonscriptions locale, été largement battus au 1er puis au second tour.