Sénatoriales : le ticket Frogier/Poadja élu dès le 1er tour

Avec plus de 53% des suffrages des grands électeurs, les candidats de la plateforme loyaliste ont remporté les élections sénatoriales de Nouvelle-Calédonie dès le 1er tour du scrutin. Pierre Frogier se succède à lui-même et pour la première fois, un élu de la province Nord, Gérard Poadja, devient sénateur. Ils sont élus pour 6 ans.

Renouvelé par moitié tous les trois ans, les sénateurs français sont élus dans chaque département et collectivité d’outremer par un corps électoral particulier : celui des grands électeurs. En Nouvelle-Calédonie 522 personnes (majoritairement des conseillers municipaux ou leurs représentants) étaient attendues ce dimanche matin au Haut-commissariat pour élire les deux représentants locaux qui siègeront au palais du Luxembourg.

53% pour Frogier/Poadja, 25% pour l’UNI-Palika et 20% pour les RC

C’est sans véritable surprise que les deux candidats de la plateforme loyaliste composée de Calédonie Ensemble, du Rassemblement-Les Républicains du MPC et de Tous Calédonien ont remporté cette élection. Vainqueur des dernières élections provinciales et municipales, Calédonie Ensemble a pu compter sur les voix de 258 grands électeurs répartis sur l’ensemble de la grande terre qui ont choisi Gérard Poadja pour les représenter. Le sénateur Pierre Frogier qui se présentait en « ticket » dans une liste commune avec ce dernier a été réélu par 255 voix issues des quatre mouvements loyalistes constituant la plateforme. Un score représentant plus de la moitié des suffrages et qui explique que les deux candidats ont été élus dès le 1er tour. Cependant, sur les 522 grands électeurs présents, 467 votes ont été exprimés ce qui démontre que de nombreux élus (environ 80) de l’Union Calédonienne ont choisi de s’abstenir et de ne pas soutenir les candidats présentés par l’UNI-Palika. L’UC ayant déclaré l’année dernière ne plus vouloir participer aux élections nationales pour se consacrer au référendum de 2018. Les candidats indépendantistes Nechero et Creugnet n’ont ainsi recueilli que 120 votes, soit près de 25% des suffrages exprimés, alors qu’ils pouvaient estimer faire bien davantage. Candidate des Républicains Calédoniens, Isabelle Lafleur a bénéficié de 95 votes, soit 20% des suffrages. Un score décevant pour la fille de Jacques Lafleur qui avait fait campagne sur l’héritage de son père et sur son opposition à la plateforme loyaliste créée durant les législatives.

Lagarde soutient Lafleur : conséquences sur Nouméa ?

Si elle a pu compter sur les voix des grands électeurs d’Harold Martin (le maire de Paita), l’ensemble des représentants choisis par la maire de Nouméa ont également apporté leur voix à Isabelle Lafleur. Celle-ci avait d’ailleurs pour suppléant Marc Zeisel, un adjoint de la mairie proche de l’ex-députée. Pas suffisant cependant pour changer la donne, les RC n’ayant que très peu de représentants élus au-delà du Grand Nouméa. Et si Sonia Lagarde s’est bien gardée de faire savoir publiquement qu’elle apportait son soutien au groupe de Sonia Backes et d’Harold Martin, cette élection marque pour la première fois son opposition farouche à la plateforme et au rapprochement opéré entre Calédonie Ensemble et le Rassemblement. Un fait politique qui pourrait avoir des conséquences sur la gestion de la ville de Nouméa. En froid avec Calédonie Ensemble, Sonia Lagarde ne dispose en effet plus de majorité dans son conseil municipal.

Presque toutes les cartes sont sur la table

Ces sénatoriales marquent le dernier scrutin démocratique avant le référendum de 2018 qui devrait décider du futur de la Nouvelle-Calédonie. Après les législatives, l’élection du président du congrès et ces sénatoriales, pratiquement toutes les cartes sont sur la table et on connait le nom de celles et de ceux qui auront en charge de discuter de l’avenir institutionnel. Du côté du FLNKS, les indépendantistes ont démontré depuis les provinciales de 2014 qu’ils étaient profondément divisés entre deux grandes tendances UC et Palika et qu’ils n’arrivaient plus à s’unir pour aucune élection. Du côté des loyalistes, la plateforme affirme sa position majoritaire et Calédonie Ensemble dispose désormais de trois parlementaires sur quatre, ce qui place plus que jamais son leader Philippe Gomes à la manœuvre. Afin d’aborder (enfin !) les discussions sur l’avenir entre les trois partenaires des accords, il reste donc désormais à doter la Nouvelle-Calédonie d’un gouvernement de plein exercice, et donc à voter pour un président.