Le chômage baisse de 8% mais davantage de patrons insatisfaits

Dans son dernier rapport, l’Institut de Développement des Compétences de Nouvelle-Calédonie (IDC-NC) évoque une baisse de 8% des demandeurs d’emploi entre 2016 et 2017. Dans le même temps, les patrons s’inquiètent davantage… Horizon 2018 ?

Sur l’ensemble du territoire, plus d’un demi-millier de chômeurs ont retrouvé un emploi entre le second trimestre 2016 et le second trimestre 2017, soit exactement 652 personnes. Et si toutes les provinces enregistrent une baisse du nombre de leurs demandeurs d’emploi, la baisse a principalement eu lieu en province des Iles (-26%) et en province Nord (-20%) quand la province Sud a, elle, vu le nombre de ses chômeurs diminuer de 4% sur une année. Concernant les profils, si les hommes et les femmes bénéficient de la même baisse (-8% et -9%) les catégories professionnelles bénéficiant d’aucun diplôme ou de peu de formation (-14% et -10%) ainsi que celles très diplômées (-8%) semblent tirer leur épingle du jeu.

Le BTP, le tourisme et les services à la personne boostés. Le commerce en berne

Quand le bâtiment va tout va ? Preuve que le marché de l’emploi calédonien reste souvent « tiré » par le secteur de la construction, du bâtiment et des travaux publics, c’est dans celui-ci que la baisse du nombre de chômeurs a été la plus forte au cours du dernier trimestre (-17%). Suivent de près les secteurs des services à la personne puis l’hôtellerie, la restauration et l’industrie touristique, grand pourvoyeur d’emplois. Parallèlement, le nombre de chômeur a légèrement augmenté au sein du secteur du commerce et de la vente. Une information peut-être à corréler avec la hausse du revenu des taxes douanières depuis un an : les Calédoniens feraient-ils de plus en plus appel aux achats par correspondance ? L’IDC-NC indique également dans son rapport que « les résultats positifs de ce 2nd trimestre 2017 permettent de prédire une stabilisation voire une baisse de la demande au 3ème trimestre 2017 ». Ombre à ce tableau, le nombre d’offres d’emploi a lui diminué de 4% en un an (soit 65 postes proposés de moins) même si la province Sud, principale pourvoyeuse d’emploi reste stable (-3 postes en un an). De plus, si le nombre de contrats à durée déterminée (CDD) a diminué, le nombre de CDI a lui augmenté de 8% sur l’ensemble du territoire. Un indice démontrant que les entreprises font davantage appel à des postes pérennes et moins à des contrats de courtes durées.

Les patrons un peu plus pessimistes sur l’avenir : horizon 2018 ?

Dans le même temps et même si la baisse du chômage semble démontrer que l’économie calédonienne résiste encore à la crise liée à la baisse des cours du nickel, l’indicateur du climat des affaires (qui résume l’opinion des entrepreneurs calédoniens sur la conjoncture locale) a diminué au deuxième trimestre 2017 de 2,2 points. Pour l’IEOM, ce chiffre « traduit les incertitudes économiques et institutionnelles qui marquent durablement le territoire ». A un peu plus d’un an du référendum de 2018, les chefs d’entreprises semblent appréhender avec inquiétude le futur scrutin d’autodétermination et la capacité de la Nouvelle-Calédonie à retrouver les chemins de la croissance. Ainsi, les patrons sont « plus pessimistes encore concernant les embauches à venir ». Et si, dans le BTP, les professionnels du secteur sont eux aussi pessimistes, ils restent, selon l’IEOM, « toujours nombreux à signaler une amélioration de leur trésorerie et des délais de paiement ». Le secteur de l’automobile enregistre lui une hausse sur un an de 3.3% de ses ventes en véhicules neufs grâce à un premier trimestre 2017 très positif. Enfin, la construction privée « reste dynamique ce trimestre, comme en témoigne la progression des encours bancaires des crédits à l’habitat (+1,2 %) » Ce qui démontre que les Calédoniens, de façon individuelle, continuent à investir dans la pierre, malgré l’horizon 2018.

Pour autant, l’IEOM précise que le marché du travail reste « tendu » et que « les principaux indicateurs macroéconomiques traduisent une faiblesse de l’activité ce trimestre ». De quoi donner du grain à moudre aux organisations patronales puisque la CGPME et le MEDEF ont récemment tiré la sonnette d’alarme afin que le gouvernement calédonien soit élu et puisse exercer l’ensemble de ses missions, dont le lancement des fameux marchés publics :

« Dans le bâtiment aujourd’hui, on a 80 milliards attendus sur une commande qui était, en 2010, de 120 milliards. C’est actuellement plus de 1500 emplois perdus dans le secteur. C’est vraiment un secteur qui est en crise. Il n’y a pas que le bâtiment qui est en crise, on sait que le commerce aussi est en grande crise, la distribution, l’industrie aussi est en crise. Tous les secteurs sont en crise. Aujourd’hui, on attend avec impatience le renouveau du gouvernement, et qu’il prenne des décisions actives dès son retour (…) Il n’y a pas de marché public puisqu’actuellement, le gouvernement ne fait que les affaires courantes, donc évidemment, il n’y a pas de décision prise (Dominique Lefeivre, 26/09/17 ; sources : NC1ère) »

Reste à savoir si les membres du gouvernement entendront l’appel des forces économiques du territoire et s’ils trouveront une issue intelligente à la paralysie actuelle de l’exécutif.