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Cocaïne : la Calédonia Connexion ?

Menées par les forces armées positionnées en Nouvelle-Calédonie, les très importantes saisies de cocaïne (2 tonnes depuis le début de l’année) dans nos eaux territoriales démontrent qu’une partie du trafic de cocaïne du Pacifique transite désormais par les eux calédoniennes. L’Ile des Pins, paradis tropical ou plaque tournante ?

Tous les Calédoniens et de nombreux touristes connaissent “l’île la plus proche du paradis”. Avec ses plages de sable blanc, une mer bleu turquoise, ses palmiers et ses poissons multicolores, l’île des Pins est peut-être l’une des plus belles îles calédoniennes. Reste que ces derniers mois, parmi les nombreux navires qui croisent dans ses eaux, plusieurs d’entre eux ont été accostés par les forces armées et les douanes. Et les prises ont été plus que conséquentes. Le 1er aout, le procureur de la République a ainsi annoncé la saisie de 1.400 kilos de cocaïne à bord d’un voilier. Ramené au port de Nouméa, les services des douanes ont ainsi découvert à son bord sept ballots contenant chacun 200 kilogrammes de ce psychotrope d’une très grande valeur marchande. Soupçonnés d’être des narco-trafiquants, les marins ont été mis sous les verrous à Nouméa. Revendue environ pour 150 dollars le gramme en Australie et pour près de 400 dollars en Nouvelle-Zélande, la valeur de la marchandise avoisinait les 230 millions d’euros (soit plus de 27 milliards de nos francs pacifique). Et rebelote ce 25 octobre. Une fois encore, dans les eaux territoriales de la Nouvelle-Calédonie et l’espace maritime de la France, les FANC (Forces Armées de Nouvelle-Calédonie) ont cette fois appréhendé un voilier et saisi à son bord près de 600 kilos de cocaïne. La drogue était cachée dans les cloisons de la coque du navire.

Les points communs de ces deux affaires ? Il y en a deux. Tout d’abord, les forces armées ont été averties de la présence des voiliers et de leur cargaison. Sur le site du ministère de la défense, les autorités qui se félicitaient de cette opération précisaient en effet que « vers mi-mars, les FANC ont été alertés du passage d’un voilier suspecté d’acheminer de la drogue dans le Pacifique et en approche de la zone de la Nouvelle-Calédonie ». Nul doute que dans le cas du second navire, un « appel » a lui aussi été passé aux autorités qui savaient donc parfaitement quel navire aborder. Un indice qui tend à prouver qu’au sein des cartels, certains cherchent à démonter ou affaiblir celui qui s’est récemment mis en place dans nos eaux. Second point commun aux deux affaires : les deux voiliers faisaient route vers le lagon de la fameuse île des Pins ou y ont effectué un mouillage…

Le Pacifique, nouvelle route de la cocaïne ?

Dans un article paru en début d’année, le JDD révélait que les forces armées françaises étaient « impliqués dans la saisie record de près de 1,5 tonne de cocaïne fin janvier en Polynésie » et que les « bateaux “farcis” de drogue semblent se succéder entre l’Amérique centrale et l’Australie ». La cause ? L’attrait du marché australien et néo-zélandais. D’après une source policière, « acheté autour de 1.200 euros en Colombie, le kilo de cocaïne peut se revendre jusqu’à 100.000 euros à Sydney » soit huit fois la mise de départ pour les narco-traficants. Ainsi, depuis deux ans, plusieurs interceptions de voiliers emplis de drogue sont venues confirmer l’existence de cette nouvelle route maritime qui traverse les eaux territoriales françaises (Polynésie, Wallis et Futuna, Nouvelle-Calédonie…) Pour les policiers australiens, la cargaison saisie en début d’année était d’ailleurs destinée au réseau qu’ils ont démantelé le jour de Noël dernier à Sydney. Une organisation qui reste la plus importante jamais mise au jour en Australie. Mais pour abreuver ce marché lointain entre l’Amérique du sud et les grands états anglo-saxons de la zone, encore faut-il traverser les 15.000 kilomètres d’océan qui les séparent. Et justement, comme le démontre la nouvelle carte de la route de la cocaïne, la Nouvelle-Calédonie (et l’île des Pins) se trouvent en plein sur le trajet de ces voiliers.

Ile des Pins, pas de contrôle mais des accords tacites ?

Alors que chaque navire arrivant dans le lagon et ensuite au port de Nouméa doit suivre la procédure en contactant la capitainerie, il doit également faire connaitre son départ du lieu où il amarrait précédemment. Les services des douanes suivent ainsi le transit maritime international qu’il soit marchand ou plaisancier. Mais sur l’île des Pins, située à une centaine de kilomètres au sud de Nouméa, il n’est pas rare de voir des navires (et beaucoup de yacht australiens notamment) mouiller dans son lagon sans autorisation ou sans annonce. Entièrement tournée vers l’économie du tourisme, sans garde-côte et avec une simple brigade de la gendarmerie, l’île représente un « spot » parfait pour les plaisanciers bien sûr, mais aussi pour les navires ne désirant pas se faire repérer. De là, les voiliers ont la possibilité de se rendre sur la côte Est de l’Australie vers les grands ports de Brisbane ou de Sydney ou encore de faire cap vers le sud et de se rendre dans l’île du nord de la Nouvelle-Zélande. Il faut dire que l’ancienne route de la cocaïne comprenait au moins 3 points de transit gérés par des organisations criminelles différentes, ce qui faisait exploser le prix de vente à l’arrivée et surtout divisait par autant les marges de chaque intermédiaire. En passant par nos eaux : les gains sont bien meilleurs…

Car cette route a ouvert de nouvelles possibilités tout au long de son trajet : la Polynésie, les iles Fidji, etc. Ayant besoin d’un relais de routage proche des points de destination, le lagon du sud calédonien est idéalement situé. En aout dernier, les FANC s’étaient d’ailleurs étonnés dans la presse d’avoir retrouvé le GPS du navire arraisonné réglé pour se rendre à l’île des Pins… Rien ne filtrant, reste à savoir si, sur l’île, certains ne sont pas payés sous le manteau par les trafiquants pour fermer les yeux ou même offrir un refuge ou de l’aide aux bateaux désirant rester le plus discrets possible. Une façon d’expliquer pourquoi la cocaïne se trouve de plus en plus facilement sur le caillou laquelle passerait ainsi en petite quantité du producteur au consommateur ?

De la cocaïne au sein de la Jetset nouméenne

Parallèlement à ces affaires, on note en effet depuis un an une recrudescence de la consommation de drogue dite « dure » dans le Grand Nouméa, notamment dans les soirées « branchées » et chez les « fils de » bonne famille. Si la cocaïne est présente en Nouvelle-Calédonie depuis un bon moment – pour qui sait et qui a les moyens de s’en procurer – elle transitait naguère principalement en petite quantité par des conteneurs de fret importés par des particuliers ou bien par des importateurs locaux. Mais les quantités semblent avoir progressé. Bien que les deux tonnes dernièrement saisies aient été intégralement brulées dans les fours de la SLN, le lien de cause à effet avec le développement de cette Calédonia-Connexion parait évident. Car, naturellement, si les consommateurs des grands pays voisins importent davantage de drogues dans la zone pacifique, ces produits deviennent plus facilement accessibles pour des Calédoniens via l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Des informations qui, pour l’instant, n’ont pas été commentées par les forces armées ni par les services de l’Etat. Dans cette guerre-là contre les cartels, la discrétion étant semble-t-il de rigueur.

Drogues dures en NC

Depuis quelques temps, une autre forme de produit appelé par les dealers « cocaïne synthétique » fait surface en Nouvelle-Calédonie. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un cocktail de substances chimiques synthétiques extrêmement toxiques. La cocaïne ne se produisant pas synthétiquement, il ne s’agit là que d’une méthode pour vendre une autre « saloperie » à prix d’or. Chez les jeunes clubeurs ou jetsetters de Nouméa on retrouve principalement la MDMA, une molécule psychotrope appelé aussi en Europe Extasy, qu’il n’est rien de moins qu’un dérivé de méthylènedioxy-méthamphétamine, la MDMA est classée comme stupéfiant en France et listée sur la convention sur les substances psychotropes de 1979. Elle serait actuellement vendue dans les soirées du Grand Nouméa 25 000 Fcfp le gramme. On retrouve aussi des buvards de LSD (diéthylamide de l’acide lysergique), un hallucinogène très puissant vendu 5 000F l’unité sous le manteau. Enfin en Nouvelle-Calédonie, la cocaïne se vendrait entre 20 000 F et 30 000 le gramme. Soit deux fois moins cher qu’il y a une dizaine d’années…

Les « gros moyens » de l’Etat

Dans ce qui s’apparente bien à une guerre contre les narcotrafiquants, la France met le paquet dans notre région alors que jusque-là, le Pacifique sud n’était pas l’une des « zone d’action prioritaire » définies par le ministère de la Défense dans le domaine de la lutte contre le trafic de drogue et les cartels. Ainsi, les dernières opérations ont mobilisé dans les airs un avion de la surveillance maritime (Gardian de la flottille 25F), un hélicoptère PUMA (de l’escadron de transport outre-mer (ETOM) 52) et un autre hélicoptère Alouette III. Sur la mer, la frégate le Vendémiaire (86 hommes), le patrouilleur La Glorieuse (30 hommes) et le bâtiment B2M d’Entrecasteaux (23 hommes) ont été mis à contribution ainsi qu’une vedette de la gendarmerie. Le tout épaulé par des hommes du groupement de fusiliers marins ainsi que ceux des services des douanes. Ces moyens importants expliquent également les bons rapports diplomatiques que la France entretient désormais avec ses voisins de la zone, notamment australiens et néo-zélandais. A Camberra et à Wellington, on sait bien que pour surveiller le plus grand océan du monde, il est nécessaire de pouvoir compter sur des alliés ayant une importante puissance militaire. Il faut dire aussi que la relation bilatérale de défense franco-australienne a connu un développement exceptionnel au cours de l’année 2016, symbolisé par la décision historique de Canberra de choisir la France et DCNS pour son programme de sous-marins océaniques.

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Mark Felt

Responsable de projet dans une boite de communication de la place, comme son pseudo « Mark Felt » il est celui qui va permettre de débusquer un sujet et mener l’enquête jusqu’à sortir l’info qu’on ne trouvera nulle part ailleurs. Organisé, méticuleux et jusqu’au-boutiste, il contribue de façon sporadique au média uniquement sur des dossiers sur lesquels il a accumulé suffisamment de documents probants. Son crédo : « J’essaie d’intéresser à ce qui m’intéresse »

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XXX
XXX
11 novembre 2017 07:55

On pourrait presque penser que c’est écrit spécialement pour Calédosphère ! Lu dans le billet de l’affreux jojo de ce matin : “Les gens vulgaires ou grossiers seraient plus intelligents, plus drôles et en meilleur santé que les autres./… …/ une étude qui a prouvé que les gens grossiers avaient des scores plus élevés au test de QI que les autres et que leur vocabulaire était plus riche.” Sûr qu’il y a deux ou trois “spécialistes de ce blog” qui vont plus se sentir pisser en lisant cela. Mais comme y’en a pour tout le monde, je dois faire partie… Lire la suite »

Claire Adèle
Claire Adèle
6 novembre 2017 20:54
Alika Antitra
Alika Antitra
Répondre à   Kolere
6 novembre 2017 20:58
Claire Adèle
Claire Adèle
Répondre à   Alika Antitra
6 novembre 2017 21:02

Bon, ce nez rouge, ça va encore Alik, mais essaie de perdre un peu de poids, Alik…

Claire Adèle
Claire Adèle
Répondre à   Alika Antitra
6 novembre 2017 21:09

Bonus (rest in peace, Michael) https://www.youtube.com/watch?v=_VU9DjQpvMQ

Claire Adèle
Claire Adèle
6 novembre 2017 07:37

Ils en ont des “Connexions” les nantis! Après les Panama Papers, voici la suite dite des Paradise Papers, ou comment TOUS les Etats font preuve de complaisance pour éviter que les people (Reine d’Angleterre comprise!) et autres grosses sociétés multinationales ne paient pas d’impôts (contrairement aux “Panama Papers”, en 2016, il ne s’agit pas de blanchiment d’argent, mais bien d’optimisation fiscale cette fois) et financent une bonne partie de la ‘merde’ (armes, guerres, narcotiques, etc…) sur cette Planète: http://www.leparisien.fr/economie/paradise-papers-un-nouveau-scandale-d-evasion-fiscale-qui-eclabousse-elizabeth-ii-05-11-2017-7374492.php

Claire Adèle
Claire Adèle
Répondre à   Kolere
6 novembre 2017 07:48

Plus de 13 millions de fichiers issus notamment de 19 paradis fiscaux, qui dévoilent de spratiques d’optimisation fiscale largement répandues. Parmi les fichiers dévoilés par les médias, on retrouve les noms de 120 politiciens et leaders mondiaux, dont la reine d’Angleterre, Elisabeth II, ou des proches de Donald Trump. Des multinationales comme Nike ou Apple y apparaissent. Entreprises et personnalités, tous ont fait appel soit à Appleby, soit à d’autres cabinets d’affaires implantés aux Bermudes et dans les paradis fiscaux, spécialisés en optimisation fiscale. Ainsi, l’actuel secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, continue de faire affaire avec des proches de… Lire la suite »

Claire Adèle
Claire Adèle
Répondre à   Kolere
6 novembre 2017 08:01

Deux noms de familles bien familiers des habitants du Caillou figurent dans ces Paradise Papers. Je ne peux pas les révéler à ce stade de ma recherche/de mon enquête pour des raisons légales.

Claire Adèle
Claire Adèle
Répondre à   Kolere
6 novembre 2017 09:22

VOUS L’AUREZ – ENCORE UNE FOIS – APPRIS – AVANT TOUT LE MONDE – SUR CALÉDOSPHÈRE !!

Claire Adèle
Claire Adèle
Répondre à   Kolere
6 novembre 2017 13:14

Ce qui est déguelasse là-dedans, dans ces montages à but d’optimisation fiscale, “presque” légaux, ou même légaux pour beaucoup -!- c’est qu’il y a une règle pour les milliardaires, et une autre règle pour les autres… ou la FAILLITE INCONTESTABLE DU SYSTÈME CAPITALISTE (elle l’est, dans ces abus, cette faillite).

François Pelletier
Bigfoot
5 novembre 2017 23:00

l’IDP plaque tournante ??! Punaise, la coke arrive par le Betico !! direct au quai. Bingo !! mais qui deal ??. Loulou, t’es où ?! Ha ha ha !!!

nominoé celte
nominoé celte
5 novembre 2017 20:28

Bonsoir Modérateur, il y a un gros problème d’affichage sur CLDSFR, tous les posts et/ou com sont riquiqui riquiqui (ultra réduits) : c’est le début des restrictions avant l’indépendance, ou c’est la faute à la cocaïne???

Mister Eric
Mister Eric
Répondre à   nominoé celte
5 novembre 2017 20:36

Moi aussi j’ai eu ça sur la tablette mais pas sur l’ordinateur.

respectdialoguepartage
respectdialoguepartage
2 novembre 2017 11:05

Il doit sûrement avoir des flics ripoux qui ont pris un petit Kilo ou deux pour se faire des pièces ahaha je mettrai ma main a coupé et oui ça regarde la télé aussi les flic 🙂

Janloupe Pahune
Janloupe Pahune
Répondre à   respectdialoguepartage
2 novembre 2017 12:21

C’est comme les foies gras et autres terrines envoyées pour Noël… Pour le Noël des douaniers, bien sûr !

Colette Demaria
Dawamama
Répondre à   Janloupe Pahune
3 novembre 2017 18:15

En 1983 ma beldoche nous envoie un saucisson d’Arles pour nous rappeler le pays Je reçois un avis du service des douanes d’ici pour assister à l’incinération du saussiflard . J’aurais eu l’air trop conne à rester la plantée devant le four tandis que derrière , dans la salle de repos de ces messieurs on se faisait sans doute des sandwichs saussisson-beurre . 34 ans après, j’en rigole encore.

Tartenpion
Tartenpion
2 novembre 2017 04:38

“On retrouve aussi des buvards de LSD (diéthylamide de l’acide lysergique)”. Bizarre, à ce que je sache, les buvards ont été remplacés depuis bien longtemps par les gélules ou vendus en petits flacons sous forme liquide. Le LSD sur buvard c’est éphémère, ça s’évapore assez vite d’où le fait qu’ils se vendent dans des sachets en plastique. Pour ce qui est de la cocaïne, j’en ai vu débarquer à Nouméa depuis le tout début des années 90 déjà, avec les soirées électro. Rappelez-vous, c’était l’époque des tee-shirts avec des Smileys et, avant internet et Forrest Gump, le smiley c’était l’un… Lire la suite »

NoComment
NoComment
Répondre à   Tartenpion
2 novembre 2017 08:41

D’accord avec les constats. Mais aujourd’hui, ces drogues dures se retrouvent dans les squats et parfois aussi stockées dans les squats. C’est ce qui commence à craindre.
A Tahiti, tu retrouves ces merdes devant collèges et lycées.

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