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Kava importé du Vanuatu : risque sanitaire ?

Le traitement du Kava importé en Nouvelle-Calédonie pose problème. Le gouvernement calédonien vient de s’apercevoir que certaines substances utilisées par les entreprises vanuataises exportatrices sont dangereuses pour la santé et interdites dans 191 pays… A pu Kava ?

Dans un article paru sur le site du DailyPost, un représentant du ministère de l’agriculture du Vanuatu a déclaré que son pays risquait prochainement de « perdre le marché de l’exportation du Kava vers la Nouvelle-Calédonie ». En effet, le directeur du département de Biosecurity Vanuatu (les services sanitaires du gouvernement) précise que des plaintes de consommateurs ont été signalées et que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en est « très préoccupé ». Une Haut-fonctionnaire calédonienne est d’ailleurs actuellement à Santo pour étudier et vérifier le dispositif de traitement de la poudre de Kava séché. C’est celle-ci qui est ensuite vendu, exporté et finalement consommé en Nouvelle-Calédonie dans les très nombreux « kavas » du territoire. Le principal souci réside en fait dans l’utilisation d’une substance néfaste pour l’environnement et pour la santé : le bromure de méthyle.

« Ces dernières années, nous avons exporté notre kava en Nouvelle-Calédonie après qu’il ait été traité avec un produit chimique, le bromure de méthyle. Le traitement dure trois heures avant que les produits ne soient exportés en Nouvelle-Calédonie (Timothy Tumukon, directeur de Biosecurity Vanuatu ; 09/11/17 ; sources : The Dailypost) »

Ce traitement qu’évoquent les autorités vanuataise s’appelle la fumigation. Il consiste à asperger à l’aide de gaz les produits exportés afin de les débarrasser de tous les parasites éventuels (une technique utilisée également par nos voisins australiens). En l’occurrence, le bromure de méthyl utilisé agit comme un pesticide très efficace. Malheureusement, il est hautement nuisible pour l’environnement, notamment la couche d’ozone, et plusieurs publications scientifiques l’estiment neurotoxique mais aussi mutagène et pouvant agir comme un perturbateur endocrinien… Destiné à protéger la couche d’ozone et signé par 191 pays, le protocole de Montréal précise d’ailleurs que le bromure de méthyle est totalement interdit depuis le 18 mars 2010.

La galère du Kava

Comment fait-on ? C’est la question que se pose en ce moment les deux gouvernements, calédonien et vanuatais. Car d’un côté, les exportations de kava représentent une source de devises importante pour Port-Vila, et de l’autre côté la demande est forte puisque les Calédoniens sont des milliers à consommer la substance dite traditionnelle. Aussi, Timothy Tumukon affirme que si son gouvernement est prêt à abandonner le traitement au bromure de méthyl, il s’inquiète en revanche des conséquences sanitaires éventuelles quant à la diffusion d’autres agents potentiellement pathogènes, puisque les marchandises ne seront plus traitées :

« La visite organisée actuellement est surtout pour voir si nous devons supprimer le traitement du kava en utilisant le bromure de méthyle. Est-il sûr pour eux [NDLR : le gouvernement calédonien] d’importer sans aucun traitement? Est-ce que c’est sûr dans le sens où il n’y aura pas de parasites et de maladies liés au produit quand il arrivera à destination sans aucun traitement? (Timothy Tumukon, directeur de Biosecurity Vanuatu ; 09/11/17 ; sources : The Dailypost) »

La Nouvelle-Calédonie en importe en moyenne 190 tonnes par an et compte entre 200 et 300 bars à kava sur l’ensemble de son territoire. Evalué désormais entre 4000 et 5000 Fcfp le kilo, le marché représente plus de 800 millions par an. Raison pour laquelle le gouvernement vanuatais entend trouver une solution rapide à ces petits désagréments sanitaires, quitte à abandonner une partie de la production :

« Si nous décidons d’exporter sans traitement chimique et que les consommateurs se plaignent encore, nous pouvons alors examiner les différentes variétés de kava et nous assurer que seul le kava le plus noble sera exporté vers la Nouvelle-Calédonie ou vers tout autre marché vers lequel nous exportons (Timothy Tumukon, directeur de Biosecurity Vanuatu ; 09/11/17 ; sources : The Dailypost) »

Des « plaintes » qui se multiplieraient, notamment de la part des associations liées à l’environnement. L’association Ensemble Pour la Planète (EPLP) avait, en effet, informé les directeurs de la DASS et de la DENV quant à la dangerosité du bromure de méthyl en avril… 2011.

Le rhizome du kava possède des propriétés anesthésiantes, myorelaxantes, stimulantes et euphorisantes ; un effet anti-dépresseur a été mis en évidence au début des années 2000 (Denis Richard, Jean-Louis Senon, et Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse). Le kava est aussi un diurétique et il est hypnotique à fortes doses. Le kava est utilisé depuis des temps immémoriaux dans la vie religieuse, culturelle et politique de l’ensemble du Pacifique.

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Rita

Officiant en free-lance pour plusieurs périodiques et médias calédoniens, cette pigiste professionnelle a rejoint l’équipe des contributeurs de Calédosphère depuis 2013 sous son nom de plume « Rita ». Spécialisée dans l’actualité quotidienne, elle se plait à y dénicher des sujets non-traités par les autres médias et à couvrir les évènements sensibles. Synthétique, réactive et parfois provocatrice elle essaie toujours d’écrire de manière claire, précise mais avant tout vivante. Son crédo : « Si ça pique, c’est un bon sujet »

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relaxmax
relaxmax
24 novembre 2017 20:59

bon ben apparemment je suis censuré ??? de mieux en mieux : le blog qui ne permet pas de s’exprimer …

relaxmax
relaxmax
24 novembre 2017 20:38

“trouver une solution rapide à ces petits désagréments” !!! non mais tu veux rire ? Le bromure de méthyle est neurotoxique, mutagène et perturbateur endocrinien, bref un danger sanitaire et on parle de “petits désagréments” ! Cet article se veut fournisseur d’information mais fait … de la mésinformation mortifère ! C’est nul, et surtout ça prend les gens pour des c….

François Pelletier
Bigfoot
19 novembre 2017 20:12

Ah ben voilà on voit le résultat : kava + bibine + option pétard …… et on a plein de tarés le week-end……

serpentar
serpentar
16 novembre 2017 19:24

Le kawa en Océanie c’est comme le pinard en France. Mon toubib me disait souvent : si tu veux être centenaire : 1 verre … deux, tu commences à creuser ta tombe en clair faut pas abuser.
Dans ce cas de figure ce n’est pas la poudre de kawa qui est en cause mais le produit chimique de fumigation avant export.
C’est vrai qu’au niveau prix la hausse est galopante, parait que c’est le marché chinois qui en est la cause. Espérons que les planteurs de l’archipel vanuatais ont aussi monté leur tarif.

Alika Antitra
Alika Antitra
Répondre à   serpentar
16 novembre 2017 20:05

serpentar : “Espérons que les planteurs de l’archipel vanuatais ont aussi monté leur tarif.”

Il n’y a pas moyen d’en faire pousser en NC ?
Ou c’est d’un moins bon rapport que le pakalolo ?

serpentar
serpentar
Répondre à   Alika Antitra
17 novembre 2017 08:21

Si si !… parait-il qu’il ont fait quelques essais à l’ONISEP de Saint Louis qui se sont révélés plutôt concluants, même que le notre serait bien plus fort. Selon les dires l’on ne pourrait pas cultiver le kawa localement pour des raisons de “fraternité” au niveau du fer de lance. Les frères kanaks ont le nickel alors siouplait laisser nous notre racine implorent les vanuatais.

Rigoberto
Rigoberto
15 novembre 2017 15:21

Schwarzy et son nouveau copain Bainimarama se claquent un petit sel de kava à la COP 23, bromure de méthyle ?

Jose paldir
Jose paldir
13 novembre 2017 22:32
olivier blanc
olivier blanc
13 novembre 2017 18:36

Le kava, c’est pas une drogue mais c’est pas anodin non plus !

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