Le Conseil des Eglises du Pacifique s’immisce dans le scrutin référendaire

Dans un article paru sur Radio New Zealand, le secrétariat général du Conseil des Eglises du Pacifique a pris officiellement parti pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Pour autant, l’organisation œcuménique régionale estime le référendum « inutile » car les indépendantistes « l’ont déjà perdu ». Ingérence ou bourde ?

Contrairement à ce qui s’était produit dans les années 80, à l’approche du référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, les pays de la zone pacifique ont tous bien pris garde cette fois-ci de ne pas s’immiscer dans le scrutin référendaire et de ne pas faire connaitre leur préférence quant au futur choix que les Calédoniens effectueront le 4 novembre prochain. Mais il semble que du côté des Eglises, ce ne soit pas le cas. C’est ainsi que dans un article diffusé ce mercredi sur la radio publique New Zealandaise (RNZ), le secrétaire général du conseil des Eglises du Pacifique (PCC) a pris fait et cause pour l’indépendance du territoire :

« Rendez la souveraineté et l’indépendance de toutes ces colonies, y compris Maohi Nui, y compris d’autres. Suivez simplement le processus de l’ONU. Rendez la souveraineté. Nous n’avons pas besoin de voter pour et nous méritons, les Kanak méritent leur souveraineté, ils méritent leur indépendance (François Pihaatae, 08/08/18 ; sources : RNZ) »

Selon la radio publique du gouvernement néo-zélandais, dans un style pour le moins pas très chrétien, le révérend Pihaatae a ensuite accusé la France « de détruire la vie communautaire » en Nouvelle-Calédonie et d’avoir acheté « avec de l’argent » le soutien des églises calédoniennes afin que leurs fidèles s’opposent à l’indépendance. Le secrétariat général du PCC estime en outre que le « NON » à l’indépendance va être vainqueur et que le référendum est donc « inutile » :

« Le référendum de la Nouvelle-Calédonie sur l’indépendance de la France est inutile car les Kanaks minoritaires ont déjà perdu leur chance de souveraineté (François Pihaatae, 08/08/18 ; sources : RNZ) »

Regroupant des églises anglicanes et protestantes, de ses bureaux basés à Suva (Fidji), l’organisation regroupe 27 Eglises présentent dans 17 Etats et territoires insulaires de l’Océanie. Et parmi elles se trouve justement « l’Eglise protestante de Kanaky-Nouvelle-Calédonie (ÉPKNC) », anciennement dénommée « Église évangélique en Nouvelle-Calédonie et aux îles Loyauté (ÉÉNCIL) » laquelle regrouperait environ 40.000 fidèles. Ce changement de nom avait été effectué en 2013 par ses dirigeants pour marquer son engagement politique pro-indépendantiste. A l’époque, le choix de la principale église protestante historique de Nouvelle-Calédonie avait fait réagir des personnalités kanak, à l’instar de Léonard Sam, élu du congrès :

« Je trouve qu’à travers cette résolution, l’Église protestante outrepasse sa mission, comme celle de toute église chrétienne qui est celle d’annoncer le Christ et de lui rendre témoignage (Léonard SAM, 22/08/13 ; sources : LNC) »

Pour autant, si la position de l’ÉPKNC est connue de longue date, le fait que cette annonce du PCC ait été effectuée sur une chaine publique entièrement financée par le gouvernement néo-zélandais pose question. Les propos du révérend Pihaatae n’ayant été ni commenté, ni nuancé par un avis contraire au sien… Reste que le scrutin du 4 novembre prochain étant affaire de conviction et non de foi, peut-être faudrait-il rendre à Dieu ce qui est à Dieu et aux électeurs Calédoniens ce qui appartient aux électeurs Calédoniens ?