Daniel Goa ouvre une voie

Le président de l’Union Calédonienne a été amené à réagir à la réélection d’Emmanuel Macron sur les ondes de Radio Rythme Bleu. Et le moins que l’on puisse dire est que le discours que Daniel Goa a tenu tranche singulièrement avec toutes les déclarations auxquelles il avait pu se livrer jusqu’alors. Et l’on comprend mieux les choses.

Au travers des propos de Daniel Goa sur RRB ce 25 avril, on saisit mieux les débats qui secouent l’Union Calédonienne en interne et la fracture qu’ils provoquent. Aujourd’hui le mouvement indépendantiste réfléchit à la manière d’engager les discussions sur l’avenir et avec qui, et à l’évidence il y a de profondes divergences. Selon le président de l’UC, les militants les plus anciens sont arc-boutés sur le fait qu’on ne doit discuter que de l’indépendance et qu’avec un seul interlocuteur unique, à savoir l’État. Les jeunes en revanche, qui n’ont pas voix au chapitre semble-t-il, sont plutôt ouverts à l’idée de discussions générales.

« La difficulté, c’est que chez nous, on a nos militants qui sont plus âgés, je ne parle pas des jeunes, eux, ils sont plus de leur époque. Mais quand on revient vers les militants qui ont conduit le combat jusqu’ici, on est restés clivés sur des discours d’antan. Quand je dis d’antan, c’est des discours qui sont à l’époque de la colonisation. Ça peut être justifié par le vécu, par la dignité qui a été confisquée, mais pour faire l’avenir de ce pays, il faut le penser, être de son époque aussi. » (Daniel Goa, RRB, 25 avril)

Du coup, Daniel Goa reconnait implicitement que les déclarations tonitruantes auxquelles il s’est livré ces dernières semaines, n’étaient que l’écho de la volonté de blocage des anciens de l’UC. Mais sans doute Daniel Goa ne partageait pas forcement cette position extrême.

« On dit que les discussions doivent se tenir, mais quand je dis ça, je sais que je suis en contravention avec les déclarations de l’UC pour dire que nous discuterons avec l’État de la pleine souveraineté. Mais je le dis exprès pour que si ça peut amener à réfléchir, eh bien vous serez nos porte-­paroles. » (Daniel Goa, RRB, 25 avril)

Et Daniel Goa confie au sujet des discussions à venir, que les débats avec les militants au dernier congrès de l’UC, ont été particulièrement violents, et qu’il ne serait pas parvenu à imposer sa vision.

On a soutenu Macron

Il semble que la vision personnelle de Daniel Goa soit qu’il faudra bien discuter, et discuter avec tout le monde. Et dans cette perspective, le président de l’Union calédonienne mise sur Emmanuel Macron. Une position qui tranche évidemment avec celle qu’il défendait au sortir du 3^ème référendum lorsqu’il expliquait ne pas vouloir discuter avec « l’équipe sortante ». Cette fois, Daniel Goa ne fait pas mystère que pour lui, Emmanuel Macron était le meilleur des candidats :

« Quand on regarde l’ensemble des candidats concurrents, personne n’est à la hauteur des ambitions à Macron, ça veut dire qu’on a un candidat qui est quelqu’un de son époque. On est à l’époque de la mondialisation et c’est bien le discours que véhicule Macron. Et moi, j’ai trouvé qu’il n’y a que lui qui était à la hauteur des enjeux aujourd’hui. Nous ici, dans le pays, Wallis, Tahiti, on a fait ce soutien à Macron, donc il est sorti vainqueur, contrairement aux Antilles et en Guyane, mais pour moi, ce n’est pas une surprise, il fallait s’y attendre. » (Daniel Goa, RRB 25 avril)

L’UC, comme les autres composantes du FLNKS et le Front lui-même vont tenir prochainement des congrès ou les réunions de leurs instances dirigeantes. Il s’agira pour eux de définir leur positionnement concernant les législatives, mais aussi la manière par laquelle seront abordées les discussions sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie. « Tout est devant nous » déclare Daniel Goa dont les déclarations, pour autant qu’elles soient sincères, ouvrent des perspectives.