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La vérité sous nos yeux : Roch Wamytan, la duplicité au service d’une tragédie sans fin ?
La vérité est souvent là, devant nous, criante et pourtant ignorée. Non pas parce qu’elle est dissimulée, mais parce que nous refusons de la voir telle qu’elle est. Entre la volonté des acteurs politiques de masquer certains faits, le « pas de vague » et notre propre confort intellectuel qui nous pousse à ne pas remettre en question nos certitudes, nous finissons par nous enfermer dans un récit convenu, rassurant mais factuellement erroné. Exemple.
La nuit où tout a commencé
Revenu un peu en arrière, dans le récit d’un journaliste du Monde, venu il y a plus de quinze ans effectuer un reportage sur les indépendantistes. Dans son article, il nous raconte une nuit moite de 2009, à Saint-Louis. Sous les néons blafards de la salle coutumière, les jeunes s’étaient rassemblés, assis en cercle, certains appuyés contre les piliers de bois, tous silencieux, tête basse. Ils étaient là pour écouter la parole du chef, Roch Wamytan. Parmi eux, tous les âges. William avait 16 ans, Rock-Victorin à peine 12 ans. Johan et Samuel avaient respectivement 14 et 15 ans. Des adolescents, aucun majeur ou si peu. Juste des garçons sur le point de devenir des hommes, des fils de Saint-Louis, bercés entre la parole des anciens et l’écho des sirènes des gendarmes souvent postés à l’entrée de la tribu. Certains portaient encore leur tenue de sport du lycée, d’autres des chemises ouvertes sur la poitrine. Ils attendaient. Wamytan prit la parole. Il parla beaucoup de l’ennemi, de la France, de la lutte. Invité par le Grand Chef, le journaliste du prestigieux quotidien français notait. “Il faut se battre, mais il ne faut pas se battre n’importe comment. Il faut se masquer. Il faut nier. Il faut tenir bon.” Les jeunes hochèrent la tête. Certains prenaient cela comme une leçon de résilience. D’autres l’entendaient comme une invitation. Les années passèrent. Depuis lors, William a été abattu par un gendarme alors qu’il tentait de forcer un barrage au volant d’une voiture volée. Rock « Banane » Victorin tomba sous les balles du GIGN. Johan et Samuel n’atteignirent jamais l’âge de la sagesse. Mais ils étaient là cette nuit de 2009, buvant les paroles de leur chef. Aujourd’hui, ils ne sont plus.
Roch Wamytan, un homme de constance
Il suffit de revenir à cette réunion pour comprendre la cohérence du discours de Roch Wamytan. À l’époque, dans un contexte de tensions et de violences impliquant l’USTKE et les forces de l’ordre, il prend la parole devant ces jeunes Kanak pour leur expliquer comment se préparer à la lutte. Il ne les invite pas à la paix, mais à la résistance organisée : se masquer, nier leur implication en cas d’arrestation, et suivre des directives. Il décrit l’État français comme un ennemi qui manipule tout en coulisses. Ce discours n’est pas une dérive ponctuelle, c’est une stratégie assumée.
Avance rapide jusqu’en 2024-2025 : qu’a-t-il changé dans son discours ? Rien. Ses déclarations face à la délégation parlementaire française révèlent une pensée qui n’a jamais évolué : la France pratiquerait une “implantation de colons“, une “recolonisation” orchestrée par des « réseaux d’immigration ». Le « seuil de tolérance des Blancs » serait déjà atteint. Ces mots, d’une clarté brutale, ne souffrent d’aucune ambiguïté. Ils traduisent une vision où la Calédonie ne doit appartenir qu’aux Kanak et où les autres populations sont perçues comme une menace à écarter. Enfin, tout récemment, lors du congrès du FLNKS, il a prononcé cette phrase glaçante : “Il y aura encore des morts.” Il ne s’agit pas d’une mise en garde neutre, mais d’une affirmation, voire d’une prédiction assumée. La violence est ainsi une composante de la stratégie politique qu’il envisage.
Pourquoi minimiser ce qu’il dit ?
Ce qui est fascinant dans cette histoire, ce n’est pas tant ce que Roch Wamytan dit, car au fond, il a toujours été cohérent avec lui-même. Non, ce qui est troublant, c’est la manière dont ces propos sont traités. Les médias, les analystes et une partie de la classe politique semblent faire des acrobaties linguistiques pour les atténuer. Lorsqu’il parle de “seuil de tolérance des Blancs“, on va préférer dire qu’il exprime une “inquiétude sur l’équilibre communautaire“. Quand il annonce qu’il y aura des morts, on présentera cela comme un “constat pessimiste sur la situation“. Pourquoi cette réticence à nommer les choses telles qu’elles sont ? Une partie de la réponse réside certainement dans le refus collectif d’admettre que certaines idéologies, certains discours politiques, ne sont pas compatibles avec un projet de cohabitation pacifique. Reconnaître la réalité du discours de Roch Wamytan, ce serait admettre que l’indépendance qu’il préconise ne s’inscrit pas dans une logique de partenariat avec la France et les Français, mais bien dans une confrontation directe avec eux.
Le cycle sans fin
Aujourd’hui, d’autres jeunes ont écouté Roch Wamytan. De nouveaux William, Rock, Johan et Samuel, assis sous la lueur des lampes, absorbant des paroles qui les poussent à voir le combat comme une fatalité. Combien parmi eux, jeunes de 12 à 18 ans, seront les martyrs de demain ? Combien grandiront avec cette même obsession, cette même haine insufflée par ceux qui, depuis des décennies, prétendent parler en leur nom ? Veut-on vraiment revivre, inlassablement, la même tragédie ? Ou allons-nous enfin collectivement tourner la page de Roch Wamytan et de sa duplicité ? Loin de toute complaisance, il est essentiel que les Calédoniens français comprennent qui est Roch Wamytan et ce qu’il porte comme projet. Il ne s’agit pas d’une figure modérée cherchant un compromis, mais d’un stratège dont le passé et le présent sont marqués par une logique de confrontation et de lutte. A notre époque, bien connaître son adversaire est un devoir de lucidité.
Qui s’intéresse encore à Rock Wamytan?.
Personnellement, quand j’ai appris, qu’il n’était plus le président du congrès.
Je me suis dit, qu’il ne sera plus jamais président.
Dans la même année, il a perdu son frère et son poste au congrès.
Comme le premier ne reviendra pas et bien le second aussi.
Double deuil, si l’on compte un an pour un deuil kanak et bien on n’est pas prêt de le voir se représenter à un poste de président pendant deux ans minimum.
Pour moi, il est sorti de mon champ de vision.
Alors pourquoi en parle t on encore?.
JNC “il est essentiel que les Calédoniens français comprennent qui est Roch Wamytan et ce qu’il porte comme projet. Il ne s’agit pas d’une figure modérée cherchant un compromis, mais d’un stratège dont le passé et le présent sont marqués par une logique de confrontation et de lutte. A notre époque, bien connaître son adversaire est un devoir de lucidité.” Mais pas qu’eux (tous les calédoniens en fait, quelle que soit leur origine communautaire). L’Etat en premier, qui doit faire respecter celui dit de Droit (c’est son devoir), de l’expression d’une communauté, celle calédonienne, qui par trois fois [dans la stricte… Lire la suite »