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Le grand désarroi des apôtres du vivre-ensemble

Le 13 mai 2024, la Nouvelle-Calédonie a vécu son propre choc. Pour beaucoup, ce fut une nuit de terreur, de chaos et d’incertitude. Mais pour un groupe bien particulier de Calédoniens, l’insurrection kanak a été un bouleversement bien plus profond : la remise en question d’une croyance qui était censée être une vérité absolue. Le vivre-ensemble, tel qu’ils l’avaient conceptualisé et porté comme un dogme, s’est fracassé contre la réalité. Et aujourd’hui, les réactions au dernier article de Calédosphère sur Patrick Robelin en sont une nouvelle preuve : nous sommes en pleine phase de colère.

L’effondrement d’un dogme

Pendant des années, le vivre-ensemble a été présenté comme la seule voie possible. Il ne s’agissait pas d’un projet politique parmi d’autres, mais d’un horizon indiscutable, un axiome moral qu’il était impensable de remettre en question. Les journalistes, les enseignants, les institutions, tous avaient intériorisé cette vérité comme un article de foi. Nous avons chanté les cantiques, participé à la quête et porté la bonne parole. Mais un dogme n’est pas la réalité. Car dans les faits, il existait bien deux communautés avec deux espaces mentaux distincts. Pour les Kanak, la lutte pour l’indépendance était un chemin clair, marqué par des étapes bien reconnaissables : le déni du troisième référendum par un boycott massif, la colère avec la CCAT et l’insurrection, et aujourd’hui peut-être la phase de négociation, où le vide et le silence semblent préparer la suite. Mais qu’en est-il des tenants du vivre-ensemble ?

Les étapes du deuil politique

L’insurrection kanak a été un traumatisme pour des dizaines de milliers de Calédoniens, non seulement par sa violence physique, mais surtout parce qu’elle a été perçue comme une trahison. Ceux qui croyaient encore que l’Accord de Nouméa et son cheminement étaient acceptés par tous ont dû se rendre à l’évidence : une partie des Kanak ne voulait pas du vivre-ensemble tel qu’il était conçu par la société calédonienne dans son ensemble sous le vocable du fameux destin commun. »tel qu’il était conçu par la société calédonienne dans son ensemble. Face à cela, la réaction de cette communauté humaine suit les étapes classiques du deuil :

  • Déni : “Ce n’est qu’un épisode isolé, tout va revenir à la normale.”
  • Colère : “Comment osez-vous remettre en question le vivre-ensemble ?!<= Vous êtes ici
  • Négociation : “Il faut reconfigurer nos accords, trouver un terrain d’entente.”
  • Dépression : “Plus rien ne marchera jamais comme avant. Nous ne serons plus jamais heureux.”
  • Acceptation : “Le vivre-ensemble était une illusion, il faut construire autre chose de plus solide.”

L’analyse des commentaires récents sur l’article de Calédosphère le montre bien : nous sommes en pleine colère. Plutôt que de répondre sur le fond à la critique du discours de Patrick Robelin, nombreux sont ceux qui attaquent les auteurs, les loyalistes ou les médias en général. C’est la marque d’un réflexe de défense typique d’une communauté qui voit sa foi ébranlée. Ce phénomène est bien évidemment amplifié par le fait que, durant des années, Calédosphère a prêché le vivre-ensemble comme une vérité révélée. Beaucoup de nos fidèles lecteurs vivent donc ce revirement comme une trahison plutôt que comme une évolution de la réflexion face à de nouveaux éléments. Ils confondent changement d’opinion et acte de félonie. Or, changer de chemin lorsque la route devient impraticable, ce n’est pas une trahison, c’est du pragmatisme. Une croyance n’est pas une personne : critiquer une idée ne signifie pas insulter ceux qui l’ont défendue.

Le retour aux fondamentaux : la morale chrétienne ?

Les apôtres du vivre-ensemble se réfèrent à une religion qui n’en est pas une, une foi construite sur des slogans plutôt que sur un dogme réel. Ils ont troqué l’autel pour le JT de 20h, et les évangiles pour les discours institutionnels. Mais ceux qui ont oublié l’histoire et ses fondations sont condamnés à la revivre : L’enfer est pavé de bonnes intentions. Le constat est là : l’Accord de Nouméa fut un chemin de bonnes intentions et de bons sentiments. Il nous a amené à l’enfer et aux flammes du 13 mai. C’est du passé désormais. Si la Nouvelle-Calédonie veut reconstruire un projet de société viable, elle doit se défaire de ses illusions et revenir à ses bases. Et nos bases, ce sont celles qui ont façonné notre civilisation : la morale chrétienne, la responsabilité individuelle, la défense des libertés et la capacité à voir le monde tel qu’il est. Le réveil est douloureux. Mais il est nécessaire. Dites-nous, chers lecteurs, nous sommes en 2025 après quoi, au fait ?

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JNC

Ancien journaliste, aujourd’hui à la retraite, JNC a été l’un des tous premiers contributeurs officiels du média. Curieux, travailleur, attentif aux soubresauts de l’actualité, il sait conserver une certaine distance vis-à-vis de ses sujets. Volontiers pédagogue, jamais caricatural, souvent indigné, il conserve intact sa capacité à remettre en question la société calédonienne qu’il connait et décrit au jour le jour. Son crédo : « c’est l’actualité qui décide, pas nous »

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Electron Libre
Electron Libre
6 février 2025 15:30

” vivre ensemble”…

On ne dit plus ” destin commun” ?

1-ce qui serait une sorte de renoncement ( devant l’évidence ) ?

2-parce que l’usage même de cette expression dans le cadre national me pose problème…

1 et 2 étant liés.

Dernière modification 42 minutes plus tôt par Electron Libre

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