Connect with us

Calédosphère

Actualité

CCI Nouvelle-Calédonie : un énième guichet unique pour l’imposture ?

Les grandes crises ont ceci de fascinant qu’elles révèlent ce qui, en temps normal, passe inaperçu. Elles forcent à regarder en face les failles, les illusions et les impostures que l’habitude ou l’indifférence laissent prospérer. En Nouvelle-Calédonie, la crise économique liée aux conséquences des évènements de mai 2024 a déchiré le voile du confort et mis à nu un système où les institutions qui prétendent aider sont, en réalité, les premières à parasiter l’économie. Afuera !

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Nouvelle-Calédonie (CCI-NC) en est l’illustration parfaite. Dans un post LinkedIn, son président, David Guyenne, a annoncé avec enthousiasme que la CCI devient le “guichet unique de la reconstruction“. L’information fut relayée avec satisfaction par le gouvernement local. Ils se félicitent l’un l’autre, saluent la “confiance“, évoquent la “responsabilité“, promettent d’être “prêts“. Le gouvernement soutient la CCI qui soutient le gouvernement, comme deux copains en vadrouille. C’est une communication bien huilée, aux mots soigneusement choisis. Elle donne une impression d’action, de mobilisation, de sérieux. Mais elle ne contient rien. Rien qui vienne en aide aux entreprises, rien qui change leur situation, rien qui redresse l’économie. Juste une mise en scène vide, destinée à entretenir une illusion de contrôle.

Un écran de fumée sémantique

Guichet unique“. L’expression sonne bien, elle évoque une simplification des démarches, une centralisation des efforts. Mais que signifie-t-elle concrètement ? Nulle partie dans le texte du communiqué ne figure des engagements précis. Y a-t-il un fonds spécial débloqué pour les entreprises sinistrées ? Des délais accélérés pour les indemnisations ? Une simplification des formalités ? Rien de tout cela. Seulement des mots, des promesses floues et une rhétorique administrative qui ne dit rien mais occupe l’espace. Le post se perd dans des formules creuses dignes d’un générateur automatique de communication institutionnelle :

Face aux délais des assurances, jouant leur survie, devant un choix d’investissement rationnel comme émotions, les chefs d’entreprise ont besoin d’un langage et d’une compréhension commune. La CCI-NC est leur maison. (CCI) “

Arrêtons-nous là un instant. Que signifie concrètement « un langage commun » ? Les assurances vont-elles être forcées à accélérer leurs paiements grâce à une meilleure « compréhension » ? Le problème est-il lexical, grammatical ? Les assurances ne paient pas d’indemnités parce qu’elles ne comprennent pas le langage de leurs clients ? Besoin de traducteurs ? Une entreprise au bord du gouffre, étranglée par ses charges et en attente de ses indemnisations, se voit répondre qu’elle a besoin d’un langage commun. Avec qui et pour quoi faire ? C’est comme dire à un ami qui se noie : “Pour t’en sortir, tu as besoin d’un dialogue plus fluide avec l’océan.” Un pur exercice de style, où chaque mot est pesé pour donner l’impression qu’il se passe quelque chose, alors qu’il ne se passe strictement rien. Et pendant que la CCI et le gouvernement perfectionnent leur lexique de la vacuité, les entreprises, elles, comptent leurs pertes.

Légitimation mutuelle, inaction commune

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Derrière l’annonce de cet énième “guichet unique“, ce que l’on observe, c’est une mécanique bien rodée où chacun valide l’autre dans une boucle d’autosatisfaction : La CCI-NC se donne un rôle central, captant à son profit la gestion de la reconstruction. Le gouvernement s’appuie sur elle pour donner l’impression d’une reprise en main. Ensemble, ils occupent l’espace médiatique et institutionnel pour masquer l’absence totale de mesures économiques. Il ne faut pas se tromper : ce système ne repose pas sur l’efficacité mais sur la survie de ceux qui le composent. La CCI-NC justifie son existence en se positionnant au centre du dispositif des transferts financiers publics, s’assurant ainsi le maintien de ses financements et de son influence. Le gouvernement, lui, évite d’avoir à agir concrètement, préférant déléguer l’action à une institution qui, précisément, n’en entreprend aucune. De toute façon, celui qui finance tout ça est rarement sur la photo : c’est soit l’Etat soit les contribuables, c’est-à-dire in fine, toujours les contribuables. Tout ceci est donc un jeu de dupes où les acteurs de l’économie – les véritables entreprises, les commerçants, les artisans – sont exclus, sauf lorsqu’il s’agit de financer cette mascarade.

Un financement forcé pour entretenir l’inaction

Car il y a un détail qui mérite qu’on s’y attarde. Un détail qui change tout. Cette farce est financée par ceux qui en sont victimes. La CCI-NC n’est pas une structure indépendante vivante de ses propres ressources. Elle est financée par une série de taxes obligatoires prélevées sur les résultats et donc le travail des entreprises et de leurs employés, qu’ils le veuillent ou non. Peu importe que les entreprises en aient besoin, qu’elles en tirent un bénéfice ou non, elles payent. Le gouvernement calédonien, lui, vit pour moitié des impôts des contribuables calédoniens, et pour l’autre moitié des impôts des contribuables français. Salaire des « ministres », frais de fonctionnement, communication, tout est pris dans les caisses publiques. Ce sont les citoyens et les entreprises qui alimentent ce système, sans jamais pouvoir en attendre un retour. Alors, puisqu’ils ne servent à rien, autant que ça coûte deux fois moins cher.

Couper dans le superflu pour retrouver l’essentiel

Les véritables solutions efficaces ? Réduire le budget de la CCI-NC de moitié. Supprimer les taxes consulaires inutiles. Rendre l’argent à ceux qui le créent : les entreprises et leurs salariés. Amputer drastiquement les fonds répartis aux services administratifs du gouvernement qui n’ont aucun impact sur l’économie réelle. Forcer ces structures à prouver leur utilité, au lieu de financer leur propre justification d’existence. Car dans n’importe quelle entreprise privée, une telle incompétence serait sanctionnée. Un dirigeant incapable de prendre des décisions efficaces serait remercié. Un service incapable d’apporter une valeur ajoutée serait supprimé. Mais dans les institutions calédoniennes, l’échec est récompensé, et plus elles sont inutiles, plus elles prennent de la place. C’est un modèle qui repose sur une seule chose : l’illusion. L’illusion que ces gens sont nécessaires, l’illusion qu’ils agissent, l’illusion qu’ils tiennent les rênes d’une économie qui, en réalité, se remettra malgré eux, et non grâce à eux. En vérité, ce système ne se maintient que par la grâce du socialisme mental dans lequel patauge une immense partie de la population française, et donc calédonienne.

Le rideau tombe : Afuera !

Ces stratégies ne sont donc pas nouvelles. Elles ont fonctionné pendant des décennies. Mais il y a une chose que ces faiseurs de vent n’avaient pas anticipée : la crise change la perception et le regard des Calédoniens sur le système qu’on leur vend. Elle force à voir ce qui, en temps normal, restait en arrière-plan. Quand tout va bien, on tolère les impostures. On laisse passer les discours creux, les postures inutiles, les frais de fonctionnement absurdes. Il faut dire qu’en temps normal, les gens bossent et n’ont pas trop de temps à gaspiller pour écouter les salmigondis institutionnels. Mais quand l’économie s’effondre, que le chômage explose et que les entreprises ferment, le voile se déchire et la supercherie apparaît au grand jour : ils brassent du vent, depuis toujours. Mais aujourd’hui, cela ne suffit plus à cacher leur vide. La seule vraie question est là : pourquoi continuons-nous à les financer ? Et la seule réponse qui vaille, c’est qu’il est temps d’arrêter.

Un jour – bientôt peut-être – les Calédoniens comme leurs compatriotes de métropole et des outremers français réaliseront que ce sont eux qui emploient tous ces parasites uniquement bons à leur donner chaque jour des leçons de morale creuse ; le tout en les spoliant des fruits de leur travail et de leurs efforts. Et ce jour-là, ce sera à coup de tronçonneuse que la mafia bureaucratique institutionnelle sera découpée en lambeaux. AFUERA PUTAIN !

Afficher la suite
JNC

Ancien journaliste, aujourd’hui à la retraite, JNC a été l’un des tous premiers contributeurs officiels du média. Curieux, travailleur, attentif aux soubresauts de l’actualité, il sait conserver une certaine distance vis-à-vis de ses sujets. Volontiers pédagogue, jamais caricatural, souvent indigné, il conserve intact sa capacité à remettre en question la société calédonienne qu’il connait et décrit au jour le jour. Son crédo : « c’est l’actualité qui décide, pas nous »

0 0 voter
Évaluation de l'article
guest
3 Commentaires
plus récents
plus anciens plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments
Electron Libre
Electron Libre
3 mars 2025 08:11

Bruno Retailleau prend le taureau par les cornes :

https://www.lexpress.fr/monde/afrique/lepouse-de-lambassadeur-dalgerie-au-mali-refoulee-a-son-arrivee-en-france-AIEQBGKVHJH27IWQQ5XL52U5RE/?cmp_redirect=true

Extrait :

“Cette riposte graduée est la plus efficace”, selon le ministre Retailleau. “Elle permet d’abord d’aller sur des mesures individuelles, notamment vis-à-vis de membres de la nomenklatura algérienne”, ajoute-t-il.

Bravo au ministre qui rend la monnaie, comme dit l’expression.

Dernière modification 6 jours plus tôt par Electron Libre
oups2 x
oups2
24 février 2025 19:36

Et pour affirmer que nous sommes passé chez C News, Trump et Vance il suffit de voir.
Inondation d’articles polémique à la chaîne, tous aussi inutiles et indigestes mais qui saturent l’espace. Pas le temps de souffler et réfléchir. Stress maxi.
Ils sont tellement fermés au dialogue et à l’échange de points de vue qu’il n’y a plus qu’à écouter et suivre la ligne de pensée.
Après on peut toujours parler de dechavanne ou autre, mais pas de la NC et de son avenir.
Ceci dit l’avenir personne ne le connaît. Nous faudrait une voyante sur ce site.

oups2 x
oups2
24 février 2025 19:10

Chez Caledosphere on aime pas la CCI et son president.

Voir plus dans Actualité

Top du moment

Commentaires récents

To Top