Élizabeth Nouar, 40 ans de combat : et maintenant ?

RRB, l’ultime bastion… et après ?

Élizabeth,

Depuis quarante ans, Radio Rythme Bleu est une institution. Une radio née dans le feu et le sang des Événements, bâtie avec une détermination et une foi inébranlable dans l’avenir de la Nouvelle-Calédonie française.

Pendant quatre décennies, vous avez tenu bon, sans faillir, sans jamais manquer un seul rendez-vous d’information. Vous avez été là quand tant d’autres s’effondraient. Une chronique hebdomadaire pendant quarante ans, une grille de programmes qui a traversé les époques, un média qui n’a jamais tremblé face aux tempêtes politiques.

Ce n’est pas rien.

Mais aujourd’hui, une question s’impose : et maintenant ?

La forteresse assiégée : un piège auto-infligé

Jacques Lafleur avait intitulé son autobiographie « L’Assiégé : 25 ans de vie politique ». Toute une époque y est résumée en un mot. Cette mentalité d’assiégé a forgé les loyalistes dans l’adversité, mais elle les a aussi enfermés dans une forteresse idéologique. Une forteresse qui, par définition, est vouée à être encerclée, à subir les attaques, à voir ses ressources s’amenuiser jusqu’à l’inévitable.

RRB a hérité de cette posture.

L’État, la gauche, l’Avenir Ensemble, les menaces, France Télévisions, la SACENC, les impôts, le FLNKS, la vague socialiste des années 80, les procès en fascisme et en racisme… Tout cela, vous l’avez encaissé. Et pourtant, même après tant d’années, la radio reste fidèle à cette image du dernier carré, du bastion loyaliste, du « tous contre nous ».

Mais cette logique défensive est devenue une impasse.

La vérité, c’est que personne n’a pris la forteresse Lafleurienne. Elle s’est détruite toute seule. Les grands barons économiques qui soutenaient cette structure ont disparu. Les institutions où nous avions encore du poids s’effritent.

Aujourd’hui, RRB se retrouve à demander de l’argent partout pour tenir : aux institutions, aux auditeurs, aux annonceurs, aux loyalistes en général.

Mais sauver quoi ?

Une radio FM face aux défis du XXIe siècle ?

Le monde a changé. Le loyalisme doit changer avec lui.

Pourquoi une radio FM serait-elle encore l’outil central du combat ?

Où est votre plateforme numérique ?

Où sont vos nouveaux outils ?

Pourquoi votre grille de programmes 2025 ressemble-t-elle tant à celle de 1995 ?

Vous avez été la sentinelle d’un monde qui s’effondrait autour de vous. Aujourd’hui, il faut bâtir, conquérir, imposer notre récit. La véritable leçon du 13 mai c’est que les Loyalistes ne seront plus jamais assiégés, à moins qu’ils ne choisissent de l’être à nouveau.

L’avenir appartient à ceux qui bâtissent

Il ne s’agit plus de défendre un bastion loyaliste en décrépitude, mais de construire un écosystème où la Nouvelle-Calédonie française est omniprésente, incontournable et victorieuse. Concrètement :

• Maillage économique : cesser de dépendre de l’État et du vieux système économique calédonien.
• Influence culturelle et médiatique : investir massivement dans les nouveaux médias, les réseaux sociaux, le numérique.
• Structuration politique : en finir avec les clans et les luttes intestines qui minent notre camp.
• Relations avec la coutume et la société kanak : ne plus laisser le FLNKS s’en arroger le monopole.

RRB peut et doit avoir un rôle dans cette transition. Mais pas en s’accrochant à un modèle dépassé. C’est l’heure du choix.

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Élisabeth,

La guerre des ondes est terminée. Elle a été gagnée, par vous, dans les années 90 et 2000. Mais la guerre de l’influence, elle, est encore à mener. Et pour cela, il faut abandonner l’idée de forteresse.

Ésaïe 43:18-19 dit : “Ne pensez plus aux événements passés et ne considérez plus ce qui est ancien. Voici, je vais faire une chose nouvelle, sur le point d’arriver : Ne la connaîtrez-vous pas ? Je mettrai un chemin dans le désert, et des fleuves dans la solitude.” Nous avons, vous avez, passé des décennies à nous défendre. Il est temps de construire.

Nous ne voulons pas voir disparaître RRB. Nous voulons qu’elle se réinvente. Une radio qui défend une conviction n’est pas une forteresse, c’est une lumière dans la nuit, une lanterne pour ceux qui cherchent leur chemin.

Elle a été, pendant 40 ans, une voix qui portait haut la cause des loyalistes. Mais aujourd’hui, elle peut être plus qu’un bastion : elle peut être un cap, une direction, une force qui éclaire et qui entraîne.

Mais pour cela, il faut choisir : s’accrocher au passé… ou bâtir l’avenir.

Nous espérons sincèrement que vous ferez le bon choix.

Avec tout notre respect, nous vous souhaitons, à vous et à vos équipes, un excellent anniversaire.

La rédaction de Calédosphère