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Entre héros et parias : quand une jeunesse insurgée devient un fardeau pour son propre peuple
Ils étaient des milliers à se battre au nom de Kanaky. Pourtant, aujourd’hui, ce sont eux que leurs propres frères regardent parfois de travers. Derrière la façade de l’unité kanak, une fracture silencieuse semble s’ouvrir : celle du ressentiment des paisibles contre les insurgés défaits. Et si la défaite avait brisé plus qu’une insurrection ? Jugement.
Un cri venu de l’intérieur
Il y a des messages qui, sur les réseaux sociaux, ne mentent pas. Ils ne sont pas analysés, pas mis en scène, pas théorisés. Ils jaillissent. Bruts, spontanés, douloureux. Et parfois, comme un hoquet d’Histoire, ils disent tout.
« Arrêtez de nous regarder comme des chiens », écrit une Kanak de Brousse sur un groupe Facebook communautaire. Elle ne s’adresse pas aux “Caldoches”, ni aux “Zoreilles”, ni à l’État. Elle parle à ses propres frères de Nouméa. À ceux qui l’ignorent dans la rue, qui la méprisent lorsqu’elle arrive « en ville », qui lui rappellent par un simple regard qu’elle n’appartient pas tout à fait à leur monde. Dans les commentaires, le message est repris, creusé, amplifié. Les quartiers populaires sont pointés du doigt. La jeunesse urbaine, ses codes, sa violence, son rejet de la coutume. L’idée se dessine, puis s’impose : quelque chose s’est brisé. Et ce quelque chose vient de l’intérieur.
Une insurrection, une génération, une défaite
Car il ne faut pas s’y tromper. Derrière la solidarité affichée du peuple kanak, derrière les prises de parole officielles et les déclarations coutumières, une réalité plus crue s’installe : celle d’un peuple divisé. Non pas par des idéologies ou des partis, mais par un événement : l’échec d’une insurrection.
En mai 2024, ils étaient entre 8 000 et 10 000 jeunes Kanak à prendre part aux émeutes. Âgés de 15 à 45 ans, majoritairement masculins, issus des quartiers Nord de Nouméa ou de zones périurbaines, parfois venus de Brousse mais déjà désinsérés, sans repères coutumiers, sans perspectives professionnelles, mais avec une colère intacte. Autour d’eux, un réseau estimé de 20 000 à 30 000 soutiens directs : logistique, parents, famille, sympathisants. « L’armée de la Kanaky », comme certains l’ont appelée. Avec ses soldats, ses officiers, ses généraux. Un choc social, humain, sécuritaire. Et surtout, un échec stratégique.
Treize morts officiels. Des jeunes pour la plupart. Âge moyen : entre 30 et 35 ans. Pas des enfants, pas des lycéens. Des adultes. Des hommes qui ont engagé leur corps dans une guerre qui n’a pas eu de victoire. Et qui, en cela, pose un problème à leurs propres communautés.
Le prix payé par ceux qui n’ont rien cassé
Les Kanak de Brousse, eux, n’ont rien gagné. Ils n’ont pas pillé. Ils n’ont pas touché aux 800 millions en liquide volés dans les distributeurs du Grand Nouméa. Ils n’ont pas brûlé de zones commerciales, ni attaqué les institutions. Mais ils paient. Par les suspicions. Par la crise économique. Par la peur des représailles. Par l’amalgame. Par l’humiliation. Et aujourd’hui, par le silence. On estime que plus des deux tiers des adultes kanak — soit près de 60 000 à 70 000 personnes — sont restés totalement en retrait de cette insurrection. Certains l’ont peut-être soutenu dans leur cœur. Mais ils n’ont rien fait. Ni feu, ni blocage, ni caillasse. Et ce sont eux aujourd’hui qu’on regarde de travers, qu’on soupçonne, qu’on oblige à se justifier.
Alors surgit naturellement un réflexe aussi ancien que politique : celui de la mise à distance. D’une partie du peuple contre une autre. D’un monde coutumier et enraciné contre une jeunesse urbaine en rupture. Et cela ne dit pas seulement l’échec d’une stratégie militante. Cela dit la naissance d’un mépris.
Le syndrome du Vietnam ?
Le parallèle est saisissant avec le destin des vétérans américains du Vietnam. Des jeunes envoyés au front, exaltés par le drapeau, revenus mutilés ou fous, accueillis non comme des héros, mais comme des fantômes dérangeants. Non pas parce qu’ils ont combattu, …mais parce qu’ils ont perdu. Parce que leur sacrifice n’a pas permis la victoire. Parce qu’ils ont échoué. Et qu’une société ne pardonne pas facilement à ses combattants de lui avoir rappelé ses propres limites.
Il y a, dans le regard que certains Kanak portent aujourd’hui sur les jeunes insurgés, quelque chose de ce désenchantement. Ce n’est pas un désaveu explicite – le tabou de la solidarité communautaire empêche la rupture frontale. C’est une distance, un retrait. Une manière de dire : “Vous avez voulu parler en notre nom. Vous avez pris les armes. Mais vous n’avez rien obtenu. Et c’est nous qui devons ramasser les morceaux.”
La majorité silencieuse regarde, et juge
Les chiffres confirment cette impression. Le recensement de 2019 comptabilise environ 117 500 Kanak sur l’ensemble du territoire. Les insurgés et leurs soutiens représentent au maximum un tiers du peuple kanak. Un autre tiers reste fidèle à une vision de coopération, d’avenir partagé, de dialogue avec les autres communautés. Un dernier tiers, souvent silencieux, suit le mouvement dominant, par loyauté ou par prudence. Ce découpage, déjà perceptible lors d’un sondage réalisé par Quid Novi en 2018 à l’approche du premier référendum, révèle un peuple kanak politiquement divisé : entre les partisans d’une Kanaky radicale, les modérés favorables à la co-construction, et ceux qui suivent sans adhérer, souvent par crainte de marginalisation. Si les chiffres exacts n’avaient pas été publiés en détail, l’analyse politique en avait tiré une grille de lecture restée pertinente.
Or, ce que les réseaux sociaux laissent entrevoir, c’est que le centre est en train de bouger. Que la majorité silencieuse, celle qui ne parle pas mais qui voit tout, commence à formuler une colère froide. Non pas contre l’État. Mais contre ceux qui ont prétendu parler en leur nom et les ont entraînés dans une impasse.
Ce que la lutte a réellement brisée
Et si cette insurrection, loin de souder le peuple kanak, avait ouvert une ligne de faille plus profonde encore ? Celle entre la Kanaky rêvée et la Kanaky vécue ? Celle entre l’héroïsme proclamé et la défaite réelle ? Celle entre ceux qui veulent reconstruire et ceux qui continuent à croire que la guerre peut encore tout régler ?
Il n’y a pas de réponse simple. Mais il y a, dans cet impressionnant silence venu de Brousse, une forme de verdict. Ce silence, ce n’est peut-être pas de la peur. C’est du jugement. Celui qui porte, sans un mot, ceux qui savent que la victoire ne se crie pas. Elle se prouve.

“quand une jeunesse insurgée devient un fardeau pour son propre peuple”
C’est surtout un fardeau pour tous ceux, qui ne sont pas kanaks.
Non seulement, il faut leur fournir des aides, pour qu’ils puissent survivre.
Mais en plus, il faut qu’on fasse attention à ne pas les heurter, par des paroles ou des gestes déplacés ou non.
C’est vraiment un fardeau pour nous les non indépendantistes.
Il faut sévir, sinon nous finirons, par leur lécher les bottes.
Même Jeanne Dupont a écrit un texte là-dessus.. avec le paragraphe excusologue parce que forcément ça nuirait à sa… vie… Si elle disait vraiment les choses telles qu’elles sont au lieu de les intellectualiser pour les stériliser. Un détail: Une énorme part de morveux qui ont foutu le bordel à Nouméa venaient de brousse. (et pas seulement: “”parfois” venus de Brousse mais déjà désinsérés”) Ils avaient été amenés là avec les bus de familles pour gonfler les manifs “pacifistes” qui ont précédé le terrorisme. Ensuite ils sont resté chez tantine dans les appartements des quartiers sociaux, subventionnés par ceux qu’ils… Lire la suite »
“Derrière la façade de l’unité kanak, une fracture silencieuse semble s’ouvrir” C’est bien une idée de non indépendantiste de croire de telle sornette. On dirait, que les non indépendantistes gobent tout ce que les indépendantistes peuvent dire. Cette vision d’une fracture n’est pas réelle. C’est juste une excuse, pour faire accepter ces émeutes aux non indépendantistes. Faire croire, que chez les indépendantistes, ils dénoncent le fait, que leurs enfants ont mal agi. C’est un leurre. Ils sont fiers de leurs enfants et de ce qu’ils ont pu commettre, avec leur bénédiction. Mais, comme ils n’ont pas pu gagner ce combat,… Lire la suite »
Les plaques tectoniques dans la politique évoluent très vite
Mme Maréchal et Jordan Bardella invités en Israël !
https://youtu.be/_kgfCwXdE-c?si=2M0-x-i_ms9ddDC6
et alors? front national amis des juifs? opportunisme électoral tout simple. Sauf que les juifs ne voteront jamais FN. A moins que ce soit une visite de formation?
quel intérêt sur ce blog?
Le FN est ami avec Netanyahu. Pas avec Israël ni avec “les juifs”.
donc ils y sont pour pendre des cours pour le jour ou ils espèrent être au pouvoir.
Formation: Comment faire ce que l’on veux, avoir la justice aux fesses et se maintenir envers et contre tout au pouvoir.
ce qui se passe avec tous les dictateurs actuels, Trump, Erdogan, le hongrois, le venezuelien je dois en oublier
votez une fois pour ces candidats et c’est pour toujours.
Exact.
Réducteur. Qu’est-ce que tu en sais ?
Ce commentaire m’amuse; parce qu’on parle souvent de “dédiabolisation” mais lire le tien, c’est de la diabolisation entretenue.
La rente intellectuelle à laquelle la gauche s’accroche indéfiniment.
Mais pas qu’elle; la bourgeoise conne de droite aussi… celle de ” l’arc républicain”…
Fais attention, tu vas finir par nous faire du Bompart.
Le problème EL c’est que ce qui est décrit est arrivé dans tous les pays où cette droite est arrivée au pouvoir. Sauf peut-être en Italie parce que, justement, Meloni a fait des choix bien moins anti-européens que prévu, et profite de la crise Algéro-française.. Et au final fait figure de “droite molle”, ce qui la sauve…
“Fais attention, tu vas finir par nous faire du Bompart.”
C’est une injure très basse. Ce mec me donne des envies de battes de baseball..
Je suis très souvent classé à droite, traité de facho. Ou alors l’inverse, comme tu viens de le faire.
Le point commun de ceux qui me disent cela: POPULISTES BINAIRES. de droite, comme de gauche.
C’était pas pour t’injurier, c’était pour te piquer un peu comme tu l’aimes pas trop et t’es moqué de lui une fois ici.
Je suis très souvent classé à droite, traité de facho
Tu vois ça c’est intéressant comme remarque; tu as souvent dit que tu ne te sentais ni l’un ni l’autre.
Mais on a tous nos façons de voir les choses, nos positionnements et on est peut-être parfois classé à notre insu !
Y a tant à dire, mais là j’ai pas le temps.
“Je suis très souvent classé à droite, traité de facho.” Normal. Un quidam justifiant et approuvant les pensées et actions impérialistes criminelles d’un facho tel que Poutine et maintenant celles d’un second facho tel que Trump (qui fait semblant en ce moment d’être fachoé contre son nouveau complice objectif) ne peut qu’être qualifié de facho lui-même. Faut assumer, Electron. Guerre en Ukraine : Trump menace Zelensky « de gros, gros problèmes » sans accord sur les minerais “Le président des Etats-Unis a averti son homologue ukrainien qu’en cas de rejet d’un accord en discussions sur les minerais, il aura de « gros… Lire la suite »
Tu sondes les cœurs? Et les âmes ?
Le logiciel des années 80 90 est révolu. Certains n ont toujours pas compris les enjeux!
On attends son inegibilite et sa fin de carriere. C’est pour lundi. A la maison de retraite la marine.
“On attends son inegibilite et sa fin de carriere. “ Pour sa fin de carrière, tu peux faire une croix. Cà ne se produira jamais par un jugement. Pour son inéligibilité. Avril est le mois des départs dans le monde du travail. Mais voilà la décision de justice n’est pas en avril, mais bien en mars. Même étant le dernier jour, çà reste quand même dans un mois, qui peut être favorable à Marine, s’il y a appui d’un homme pour passer outre cette inéligibilité. Si elle n’est pas inéligible que feras tu?. Pour la maison de retraite, je n’y crois… Lire la suite »
Et pour les enjeux faudrait savoir lequels.
Naïf aime bien les gouvernements “forts”. Naïf aime bien porter le grand béret , les bottes et la culotte à chier dedans, c’est atavique..