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Ce qu’ils veulent vraiment : Pourquoi il n’y aura pas de paix sans renoncement à la revanche

« C’est à qui la terre ? » La réponse est claire, partout sur les réseaux : pas à vous. Depuis le 13 mai 2025, le discours indépendantiste a changé de ton. Il n’implore plus. Il accuse. Il exclut. Il aspire à la vengeance et à la spoliation. Sachant que le système politico-médiatique républicain et calédonien nie cette réalité, cet article révèle pourquoi aucune paix ne sera possible sans renoncement explicite à cette revanche.

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Les temps sont mûrs pour enfin dire et écrire ce que beaucoup ressentent confusément. Déplier à voix haute la stratégie réelle des leaders indépendantistes depuis 1984. Regarder en face ce qui, derrière les sourires d’apparat, structure le rapport de force en Nouvelle-Calédonie. Car il n’y aura ni paix, ni coexistence, tant que les dirigeants indépendantistes n’auront pas renoncé — clairement, publiquement — à l’idée de revanche. Depuis 1984, deux méthodes s’alternent au sein du FLNKS :

  1. Une stratégie frontale, insurrectionnelle, incarnée par les Événements de 1984–1988.
  2. Une stratégie légale, patiente, amorcée avec les accords de Matignon et de Nouméa.

Cette dernière, vantée par Paris comme un processus apaisé, n’a jamais eu d’autre finalité que l’éviction progressive de l’État, la conquête de toutes les institutions, et l’effacement des autres communautés du récit national — même les plus enracinées. Les étapes sont connues :

  • Accès massif à la fonction publique via l’opération cadres-avenir.
  • Contrôle des provinces Nord et Îles.
  • Mainmise croissante sur les SEM et les subventions.
  • Réécriture de l’histoire dans les écoles.
  • Marginalisation culturelle des métis, des Européens, des Polynésiens, des « pigeons voyageurs », des autres.

Et puis il y a eu le refus du troisième référendum de 2021. Et surtout le 13 mai 2024. Ce n’était pas une révolte spontanée. C’était une insurrection, méthodique, initiée par la CCAT, bras radical du FLNKS, qui en pris la présidence depuis lors. Un soulèvement voulu, pensé, pour imposer une rupture. Parce que le droit n’allait plus assez vite. Parce que le vote ne suffisait plus.

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Aujourd’hui, la dernière étape s’ouvre : la reprise symbolique. Plus directe, plus brutale. Le discours ne parle plus d’émancipation. Il parle de réappropriation. Il y a quelques jours, un post public, partagé des centaines de fois en à peine quelques heures, affirme clairement :

« On veut juste récupérer ce qui nous été pris […] Tu te les es accaparées, nos terres. Tu t’y es installée. Nous, on y est nés libres, et on y renaîtra souverains. »

Un autre, tout aussi viral, renchérit :

« Vous êtes juste des invités malpolis qui crachent dans l’assiette. […] sur une terre qu’ils ont volée […] Kanaky ne sera pas votre colonie éternelle. »

Ce n’est plus une simple opinion politique. C’est une consigne. Une vision. Et ce discours, porté à la base par des collectifs comme Je suis Kanak ou Coup de gueule Kanaky-NC, est désormais public, revendiqué, applaudi. Il ne s’adresse plus à l’État, mais directement aux autres habitants du pays, à qui il est dit en substance : « Vous n’êtes pas d’ici. Vous n’avez jamais été chez vous. Partez. »

Et qui, aujourd’hui, oserait s’y opposer sans être immédiatement accusé de racisme, de colonialisme ou de crime mémoriel ? Les réseaux ont inversé la peur. Le pouvoir symbolique a changé de camp.

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Voilà pourquoi il n’y a pas de compromis possible sans clarification préalable. Tant que les dirigeants indépendantistes ne reconnaîtront pas :

  • la réalité du peuple calédonien français dans sa diversité,
  • la pleine légitimité des Calédoniens français, quelles que soient leurs origines,
  • la validité du droit foncier commun — y compris pour les terres privées,

alors rien n’avancera. Pas de paix. Pas d’accord. Pas de justice durable. Seulement une confrontation rampante, où les kanaks indépendantistes brandiront la mémoire de 1878 pour justifier une spoliation future. C’est à qui la terre ? Une guerre mémorielle où ceux qui respectent et vivent sous le droit commun n’auront jamais le droit d’exister.

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Beaucoup espèrent une Kanaky pacifiée, atteignable via le sas de l’indépendance-association. Mais tant que l’objectif sera la revanche — masquée sous les mots d’égalité ou de justice —, les Calédoniens français auront raison de se méfier. Ils ne sont pas les oppresseurs.
Ils sont les acteurs silencieux d’un peuple qu’aucun texte ne reconnaît : celui des Français d’outre-mer. Et c’est pourquoi seule la présence française — son droit, sa justice, son armée — empêche encore la revanche de devenir réalité.

*    *

*

C’est ici que résonne un autre moment de l’Histoire. En juillet 1990, après des décennies de lutte et à peine libéré de prison, Nelson Mandela s’adresse à ses partisans réunis à Durban. Ils sont des milliers, surexcités, la machette à la main. Il leur dit simplement :

“Take your weapons, your pangas, and throw them into the sea !”
(“Prenez vos armes, vos pangas, et jetez-les à la mer.”)

Il ne dit pas d’oublier. Il ne dit pas que la cause est perdue. Il dit : on ne bâtira rien dans la vengeance. Il dit : le temps de la revanche est terminé. La Nouvelle-Calédonie attend ce moment. Elle attend son Mandela. Elle attend qu’un leader kanak ait la force de dire à son peuple : “Nous ne pouvons pas construire un pays en nous vengeant de ceux avec qui nous devons le construire.” Et tant que ce pas ne sera pas fait, aucun cadre institutionnel ne tiendra.

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Les leaders indépendantistes devront, un jour, dire la même chose. Jetez vos tamiocs, vos colères, vos fantasmes de réparation. Sinon il n’y aura ni avenir commun, ni dignité partagée. Seulement l’appauvrissement, le malheur, la peur et le conflit perpétuel contre toutes les autres communautés de ce pays.

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mimicracra
Lechapt
10 juin 2025 08:59

Un kanak qui parle de liberté et qui fricotte avec l’Azerbaïdjan. Ça montre bien qu’il est incapable de discernement. Ici en NC il est libre grâce à la France. S’il était né il y a 200 ans, il ne pourrait même pas s’exprimer car soumis à la puissance des chefferie.
Et pour ce qui consiste à cracher dans la soupe, ces kanaks Indépendantistes sont les champions. Enfin, se moquer d’une descendante d’immigrés cherchant un refuge est tout simplement ignoble.

LedZep4096
LedZep4096
Répondre à   Lechapt
10 juin 2025 18:03

Lechapt “Un kanak qui parle de liberté et qui fricote avec l’Azerbaïdjan. Ça montre bien qu’il est incapable de discernement. Ici en NC il est libre grâce à la France.”  C’est un peu plus compliqué que çà, si je puis me le permettre. Ceux qui, dans la communauté Canaque [en particulier les dirigeants du parti indépendantiste l’Union Calédonienne] fricotent avec l’Azerbaïdjan (la Russie de Poutine dans les faits) le font, parce qu’ils n’ont plus aucun soutien déjà, dans la Région Pacifique et ensuite, auprès du Machin (l’ONU) qui a pris acte des trois dernières consultations sur l’accès de la NC… Lire la suite »

LedZep4096
LedZep4096
Répondre à   Lechapt
10 juin 2025 20:14

Lechapt “S’il était né il y a 200 ans [Un kanak qui parle de liberté et qui fricote avec l’Azerbaïdjan], il ne pourrait même pas s’exprimer car soumis à la puissance des chefferie.” Chefferie Canaque. En référence à mon commentaire du 10 juin 2025 18:03 je ferai sur ce sujet, la même réflexion : “C’est un peu plus compliqué que çà, si je puis me le permettre.”  Je vous conseille de lire cet écrit d’un homme qui fit autorité en la matière de Culture Canaque, de Civilisation mélanésienne, Jean Guiart ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Guiart ) : https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_16-17/22900.pdf “ORGANISATION COUTUMIERE EN NOUVELLE-CALEDONIE ET… Lire la suite »

oups2 x
oups2
8 juin 2025 17:15

Quelle connerie d’intervenir. Les laisser débattre entre eux en toute liberté.

Rocky Siffredo
Rocky Siffredo
Répondre à   oups2
8 juin 2025 18:43

Et pour qu’ils puissent bien “débattre” leur donner de l’alcool, beaucoup… et des fusils…

oups2 x
oups2
Répondre à   Rocky Siffredo
8 juin 2025 22:09

Le problème c’est de reprendre ensuite les fusils. Leurs outils traditionnels sont très bien.

Rocky Siffredo
Rocky Siffredo
Répondre à   oups2
9 juin 2025 09:02

Faux problème; quand ils seront à court de cartouches on leur dira qu’ils peuvent s’en fabriquer eux-mêmes, et là on les verra arriver dans les dispensaires vides de médecins.

Electron Libre
Electron Libre
Répondre à   oups2
9 juin 2025 08:46

“Quelle connerie d’intervenir”

Venant de “l’Etat”, on va pas être surpris quand même ?

Nogius
Nogius
8 juin 2025 09:27
Dernière modification 10 jours plus tôt par Nogius
oups2 x
oups2
6 juin 2025 05:35

Le prochain coup se sera pour Valls, l’homme qui le lâche soit disant rien, mais qui n’est qu’un ministre de pas grand chose.
Ne lâche rien, c’est Macron qui a lancé cette expression il le me semble, celle que même ces détracteurs reprennent.

oups2 x
oups2
6 juin 2025 05:31

Et voilà, Christian Tein reste en taule. Quand on ramène sa fraise à la va vite sur la base d’un bout d’article de journeaux cela donne des posts pour ne rien dire.
Tentative d’influence quand tu nous tiens.
L’intervenant se reconnaitra.

Naif
Naif
6 juin 2025 00:20

Mr Valls persiste et ne lâche rien
Sa dernière interview est révélatrice qu il est toujours au centre du jeux n en déplaise à certains politiques loyalistes et macronistes
https://youtu.be/Jmx_H9rxiFY?si=P4waM4uLq1St0PLP

XXX
XXX
4 juin 2025 14:26

C’est la question centrale de la double légitimité au cœur de l’accord de Nouméa et de sa citoyenneté.

Une partie du monde Kanak (Mouvements nationalistes, tradition coutumière) n’en voulait pas et l’UC a su les organiser à partir de 2014/2015 autour d’un projet de société Kanako-Kanak.

Ce fut leur projet de sortie de l’accord de Nouméa et d’évidence, il ne passait pas par le dialogue.

Rocky Siffredo
Rocky Siffredo
Répondre à   XXX
4 juin 2025 16:38

Les fachos ne sont pas du genre à dialoguer, c’est connu.

Minie
Minie
Répondre à   XXX
5 juin 2025 11:24

L’Uc a su aussi méthodiquement organiser la marginalisation des autres partis indépendantistes dont ceux fondateurs du FNLKS, affichant ainsi un virage vers la création d’un parti unique et totalitariste, se posant en seul détenteur légitime de la parole du ” peuple kanak ” et en ” interlocuteur ” incontournable de l’Etat. Se positionnant désormais au premier rang de la course à la prise du pouvoir pour diriger le futur État souverain de Kanaky. Même si les dirigeants de l’UC minimisent cette fracture du FNLKS et affirment que “la porte reste ouverte” . D’autant que des dissidents du Sénat coutumier ont… Lire la suite »

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