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39 millions pour faire tomber la République : le jackpot Djiido

Pendant que des médias licencient, d’autres saccagent. Pendant que certains déposent des dossiers et s’adaptent, d’autres crament le Grand Nouméa. Et à la fin, c’est toujours les mêmes qui encaissent. Bienvenue en Calédonie !

C’est une ligne dans un budget. Une simple ligne. 39 millions CFP. Attribués par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie à une radio : Djiido. Pas une rumeur. Pas un fantasme. Une subvention officielle, reconduite tranquillement et en toute discrétion, alors même que :

  • La directrice de la radio, en charge de la communication de la CCAT, est mise en examen et placée sous contrôle judiciaire,
  • La radio ne publie pas ses comptes et ne respecte pas les règles de l’ARCOM,
  • Sa structure de tutelle est la CCAT, identifiée par les services de l’État comme instigatrice de l’insurrection de mai 2024,
  • Et que cette antenne a diffusé durant la crise insurrectionnelle, en direct, des appels à la mobilisation, des propos subversifs, des émissions de “résistance”.

Oui, 39 millions pour les voix de la sédition.

Et l’ARCOM dans tout ça ?

Silence radio. Pas de rappel à l’ordre. Pas de mise en demeure. Pas d’obligation de pluralisme, ni d’équilibre, ni même de responsabilité. En France, un média soupçonné de tels faits serait convoqué devant l’ARCOM ou devant une commission de l’Assemblée Nationale. En Calédonie, on le récompense. Djiido n’a, de facto, pas d’obligation de redevabilité, ni envers l’ARCOM, ni envers la République. Et la CCAT peut continuer à parler et à être financée, avec des dizaines de millions derrière elle.

Son ton ? L’intimidation. Son récit ? Le ressentiment. Son objectif ? La fracture. Mais sa force ? C’est qu’elle est financée. Financée par l’argent public. Validée par les institutions qu’elle passe ses journées à insulter. Ce n’est pas de la liberté d’expression. C’est de l’auto-destruction budgétisée.

De droit”, mais de quel droit ?

La formule magique est connue : « subvention de fonctionnement de droit commun » et « maintien des équilibres médiatiques ». Mais en réalité, il s’agit d’un droit coutumier de la rente. Un système hérité des décennies de clientélisme local où ce qui compte, ce n’est pas :

  • Le respect des règles,
  • La transparence des comptes,
  • Le nombre d’auditeurs,
  • L’utilité sociale,

… mais l’appartenance. À la bonne mouvance, au bon clan, à la bonne caste, au bon moment. Djiido coche toutes les cases. Elle coûte cher, ne respecte rien, ne produit pas d’audience indépendante (seulement 11.5% de PDM en 2023), mais elle fait partie de l’écosystème de l’ADN à protéger.

Gouvernement complice

Et pendant ce temps-là, tous les autres médias indépendants :

  • Doivent justifier chaque franc perçu,
  • Subissent des réductions arbitraires,
  • Peinent à tenir sans aide extérieure.
  • Se font attaquer en justice par des groupuscules ou des associations gauchistes elles-mêmes financées par de l’argent public.

Calédonia TV, par exemple, traverse une crise budgétaire sérieuse. La chaine de la province Nord n’a jamais diffusé d’appel à la révolte, ni justifié la violence, ni servi de caisse de résonance à une organisation factieuse… Elle tente de survivre dans un système qui récompense ceux qui menacent et ignore ceux qui respectent la loi. Parce qu’en Nouvelle-Calédonie, le problème n’est jamais le désordre. Le problème, c’est toujours ceux qui le dénoncent.

Mais au fait… pourquoi 39 millions ?

En vrai ? Il n’existe aucun critère public, aucun barème transparent, aucune logique connue.
Les montants accordés aux médias chaque année sont fixés “à la gueule et au doigt mouillé“. Cette année, le gouvernement a appliqué un -10 % de principe par rapport à l’année précédente. Mais pourquoi -10 % ici, et pas ailleurs ? Pourquoi quatre fois plus à Djiido qu’à Calédonia ? et pourquoi dix fois plus à RRB qu’à Océane ? Pourquoi Calédonia n’était-elle pas soutenue par le gouvernement en 2020 ? Pourquoi l’était-elle en 2023 ? Pourquoi l’enveloppe est-elle différente aujourd’hui ? Personne ne sait. Et surtout : personne n’explique.

Que les institutions financent les médias, soit. Mais quand il s’agit d’argent public, les membres du gouvernement ont une responsabilité politique : expliquer, justifier, encadrer, contrôler. Car ce n’est pas leur argent. Même si, vu de leur fenêtre, l’achat de la bienveillance médiatique leur semble utile, voire vital, pour prolonger le système moribond hérité de l’ADN dans lequel ils se vautrent complaisamment, ce système ne survivra pas à la raréfaction budgétaire.

Et bientôt, il faudra bien rendre des comptes.

Pas à Hubert ou aux réseaux sociaux : mais aux contribuables.

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Hubert B

Hubert B. a rejoint Calédosphère au tout début de l’année 2015. Enfant du pays, il a grandi à Nouméa et a ensuite bourlingué durant près de vingt ans au gré de ses envies et des hasards de la vie. Fils d’une bibliothécaire/documentaliste, il a été tour à tour enseignant, pigiste, formateur mais c’est finalement vers l’écriture qu’il a choisi de revenir. Succinct, précis, parfois laconique, si son style est volontiers direct, ses intérêts sont éclectiques et toujours tournés vers l’actualité. Sa citation favorite : « Le journaliste doit avoir le talent de ne parler que de celui des autres »

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Rocky Siffredo
Rocky Siffredo
17 juin 2025 14:06

Aaaahh la repentance coloniale des français, ce besoin d’expier les péchés de la colonisation…

Quand je vous dis que la France est un pays de couilles molles avec des grandes gueules; ils sont forts avec les faibles, et faibles avec les forts, par contre pour ramener leurs gueules là ils sont forts.

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