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Ils ont signé. Pas nous
Ce que cache vraiment l’accord de Bougival.
Un « accord historique » a été signé à Bougival, dans la nuit du 12 au 13 juillet 2025. Dix-neuf signatures, huit délégations, un gouvernement, l’État. Une chorégraphie soignée, une rhétorique bien huilée, une photo officielle. Mais pas un seul bulletin de vote. Et une absence sidérante : celle du peuple.
Ce qu’ils ont signé dans notre dos
Ce texte n’est pas un compromis. C’est une construction hybride conçue pour permettre à chacun de sauver la face, sans jamais répondre à la seule question décisive : quelle souveraineté pour demain ? État pour les uns, collectivité pour les autres. Nationalité kanak pour les uns, citoyenneté encadrée pour les autres.
La fin du processus référendaire ? En apparence seulement. Tout est écrit pour être flou. Et tout flou est stratégique. Les mots sont piégés. Délibérément :
- « État de Nouvelle-Calédonie »
- « Nationalité »
- « Reconnaissance internationale possible »
- « Organisation sui generis »
À la lecture, une seule certitude : soit ce texte ne veut rien dire, soit il veut tout dire sans jamais l’assumer. C’est la définition même d’un déguisement juridique. Mais derrière l’ambiguïté, il y a une méthode :
- Pas de référendum au moment de la signature.
- Pas de ratification populaire en amont.
- Pas même un vote symbolique dans les institutions.
La seule “consultation” prévue est reportée à 2026, quand tout sera déjà mis en œuvre. Ce n’est pas un choix du peuple : c’est un blanc-seing différé, sous contrainte. C’est un accord scellé entre initiés, dans le huis clos d’une caste. Une élite hors-sol, reconduite de report en report, élue en 2019 pour cinq ans et toujours là sept ans plus tard, comme en état de siège démocratique permanent.
Le mot « paix » devient un rideau. Et la procédure, une arme contre la souveraineté populaire.
Ce qu’ils diront pour se justifier
« Nous étions menacés. »
« Il fallait sauver la paix. »
« C’était ça ou la guerre. »
On connaît déjà le refrain. Et on voit déjà le décor : Des élus sous protection policière, comme si l’accord était courageux. Des opposants qualifiés d’extrémistes, comme si la critique était un danger. Des journalistes en boucle, qui rejouent le feuilleton de l’inévitable : Tjibaou, Lafleur, réconciliation, flamme, destin commun.
Tout est là pour délégitimer toute voix dissonante, et rejouer la VHS des années 80 — mais sans peuple, sans vote, et sans honneur. Leur tactique ? La victimisation préventive. Ils se désignent eux-mêmes comme cibles, pour ne pas avoir à répondre de leur trahison. Mais nous ne voulons pas leur mort. Nous voulons leur départ.
Pourquoi ils ont signé quand même
Une question traverse toutes les autres : Comment des personnalités aussi opposées ont-elles pu signer le même texte ? La réponse est en quatre temps :
- Ce n’est pas un accord de vision, mais un accord de survie. Chacun fuit quelque chose : le vide, la défaite, l’oubli.
- Chacun y projette son objectif :
- Pour les uns : un report.
- Pour d’autres : un gel.
- Pour Paris : un emballage de paix à vendre au 20h.
- Le texte est à tiroirs. Chacun peut le lire comme il veut. L’ambiguïté est fonctionnelle
- La fin est écrite : trahison ressentie, ou reprise du conflit. Car c’est un accord d’élites. Pas un accord de peuples. Et le peuple, lui, n’a rien signé.
Ce que nous, nous disons
Nous ne sommes pas les extrêmes qu’ils fabriquent.
Nous n’avons incendié aucune médiathèque.
Nous n’avons touché aucun centime de l’argent des émeutes.
Nous n’avons jamais appelé à la violence.
Nous ne vivons pas de subventions.
Nous voulons la clarté.
Nous voulons un cap.
Nous voulons un pays qui ne se construit pas contre lui-même ni sur le mensonge.
Nous ne voulons faire de mal à personne.
Nous voulons que ceux qui nous trahissent dégagent.
Démocratiquement, lucidement, par la parole et par les faits. La République réelle ne les reconnaît plus. Et la population lucide ne leur appartient plus.
Ce qui vient maintenant
Ils vont vendre leur texte comme une paix. Et toute critique sera assimilée à un appel à la guerre. Ils vont se barricader, médiatiquement et physiquement. Mais ils ont tout signé, sauf le peuple.
Les électeurs n’ont pas voté. Les victimes du 13 mai n’ont pas été reconnues. Dans un camp, comme dans l’autre. Les morts ont été oubliés. Les vivants ont été contournés.
Ils croient avoir verrouillé le débat. Ils ont seulement ouvert une brèche d’indignation. Et cette brèche ne se refermera pas.
Ils sont illégitimes :
Élus depuis 2019, prolongés sans mandat.
Alliés à des puissances étrangères.
Représentants d’eux-mêmes.
Pour certains condamnés, pour d’autres en passe de l’être.
Sans peuple, sans confiance, sans avenir.
Ils croient avoir verrouillé l’avenir.
Ils ont simplement signé leur passé.
Car la seule manière de bâtir une paix lucide et durable, c’est de s’appuyer sur la vérité. Le mensonge et l’ambiguïté ont conduit à l’insurrection du 13 mai. Le mensonge et l’ambiguïté de Bougival produiront les mêmes ressentiments.
Et les mêmes conséquences : une autre guerre à venir.

Sirius.
“Ils ont signé. Pas nous“.
C’est le principe de la démocratie représentative.
Quant à dire que “Nous ne vivons pas de subventions”, je suppose que c’est du 22e degré.
Sirius, Ce que je retiens de votre article, au sujet de ce Projet d’accord signé à Bougival le 12 juillet dernier : “Le texte est à tiroirs. Chacun peut le lire comme il veut. L’ambiguïté est fonctionnelle.”. “Le mensonge et l’ambiguïté de Bougival produiront les mêmes ressentiments.”. Surtout dans la Communauté Canaque. Et ça n’a pas traîné. Après l’attentisme [prudent 😁] de nos compatriotes de l’UC-CCAT-RDO[-FLNKS], l’enthousiasme [non feint 🤔 (?)] de ceux de l’UNI (PALIKA-UPM), nos Chefs Coutumiers (certains, tous (?)) auraient publié un rappel à l’ordre (à qui veulent bien les entendre 😀) ce samedi 20 juillet 2025.… Lire la suite »
“Inaat Ne Kanaky dénonce l’accord de Bougival et revendique leur souveraineté sur la terre, la mer, le ciel et l’espace.”
l’espace ? …
alors là, désolé, mais j’ai pas pu m’empêcher de rire….
l’espace…. ou là là c’est risqué, …vouloir avoir la souveraineté sur l’espace ils pourraient avoir fort à faire…
C’est pour pouvoir taxer les satellites.
Inaat Ne Kanaky dénonce l’accord de Bougival et revendique leur souveraineté sur la terre, la mer, le ciel et l’espace.”
Pour ce qui est du ciel, il faudra voir ça avec l’OACI: Le contrôle aérien à partir du FL240 ( 24,000 pieds) est assuré par le centre de contrôle de Fidji basé à Nandi.
Rassurez-moi : les citoyens calédoniens seront bien consultés sur cet accord ?
A vous lire, l’on pourrait penser que tout est joué d’avance.
Surprenant.
C’est le principe même d’un texte juridique; ambigu, laissé à l’interprétation.
Quand on comprend ça, on ne peut être étonné.
Et puis on est dans la continuité de ce qui a été fait précédemment.
Bien d’accord. Tout compromis a son lot d’ambiguïtés.
Le fait que cet accord soit critiqué avec autant de virulence des deux côtés de l’échiquier politique calédonien serait plutôt le signe d’un accord équilibré.
je me faisais la même remarque; si le texte est critiqué des deux côtés c’est peut-être qu’aucune des deux parties n’a été bien entourloupée à l’avantage de l’autre.
Faut se rassurer comme on peut.