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La Calédonie dans la brume

La Nouvelle-Calédonie n’a plus un rond. Les aides se réduisent, Bougival est rejeté, la lassitude gagne. Ce n’est pas un accident : c’est la brume — une guerre froide où chacun s’use, et où seuls ceux qui gardent la boussole avancent. Eclairage. 

 

« On n’a plus un rond… je ne sais pas comment vous le dire autrement. » — Thierry Santa, membre du gouvernement, au Congrès, 14 août 2025.

Jeudi dernier, en quelques heures, tout le décor a craqué. La Nouvelle-Calédonie « n’a plus un rond ». Un plan de réformes d’urgence voté à la majorité ; allocations familiales en baisse, aides rognées, impôts relevés pour certains. Le FLNKS rejette unanimement Bougival. À Bourail, le boycott coutumier plane sur la foire. Et, dans les tribunes comme sur les routes, les braises reprennent par endroits.

Dans un pays normal, ce serait déjà une crise majeure.

Ici, c’est juste jeudi.

Ce que nous vivons

Nous sommes encore en guerre. Pas celle des barrages ou des coups de feu — une guerre froide, qui change de phase. L’affrontement ne se joue plus seulement dans la rue ou à Paris, mais dans la lassitude organisée, la démoralisation patiente.

C’est un classique : la brume.

Elle brouille les repères, use les nerfs, épuise la volonté. On ne sait plus qui avance, ni même si quelqu’un avance encore. Pendant ce temps, les rapports de force bougent, invisibles à ceux qui baissent la tête.

À la manœuvre

Ne vous y trompez pas : le FLNKS n’a rien “abandonné” en rejetant Bougival. Ils ont simplement retiré leur stylo, laissant l’État et ses 18 signataires avec un texte sans valeur — et la charge de faire croire qu’il tient encore. C’est une position confortable : ne rien ratifier, mais continuer à négocier… pendant que le pays s’enfonce.

Mais ce jeu a un prix. Et ce prix, aujourd’hui, frappe d’abord les foyers kanak. Parce qu’ils étaient les premiers bénéficiaires des transferts et des aides, ils sont aussi les premiers touchés par les coupes et la crise budgétaire. Chaque mois perdu se traduit en pertes sèches dans les familles. Jusqu’où tiendront-elles ?

La clé

Tant que les Kanaks refuseront la paix — c’est-à-dire la reconnaissance mutuelle avec les Calédoniens français et l’abandon de la revanche historique — aucune prospérité, aucune redistribution durable n’est possible.

Pas pour nous.

Pas pour eux.

Un jour — et ce jour viendra — il faudra admettre la vérité simple : il y a deux peuples ici. Le peuple-nation kanak et la communauté des Calédoniens, de toutes origines, attachés à la France. Chacun avec ses droits. Chacun avec sa légitimité. Se reconnaître mutuellement ne signifie pas s’aimer, mais accepter le rapport de force. Et négocier à partir de là.

Pourquoi je vous le dis

Parce que cette brume est normale. Parce qu’elle est voulue. Et parce que, dans la brume, celui qui garde la boussole avance quand même.

Retenez ceci : la brume n’est pas un accident — c’est une étape.

 

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ditou
ditou
18 août 2025 07:19

“Et ce prix, aujourd’hui, frappe d’abord les foyers kanak. Parce qu’ils étaient les premiers bénéficiaires des transferts et des aides,” C’est le retour de bâton, qu’ils se sont eux même infligés. Pas de pitié, pour ces émeutiers soutenus par leur ethnie. Ne nous demandez pas ( en plus des exactions qu’ils ont commis) de leur venir en aide. Il n’en est pas question. L’endettement a du bon finalement, c’est qu’elle punit les émeutiers pécuniairement. Plus d’aide, c’est un grand mot. Il y a toujours de l’aide mais affaiblies. Ce qui va advenir, c’est que ces assistés vont finir par aller… Lire la suite »

ditou
ditou
18 août 2025 06:58

“il y a deux peuples ici. Le peuple-nation kanak et la communauté des Calédoniens, de toutes origines, attachés à la France.”

Non, il y a les emmerdeurs et les autres.
Les premiers ne sont rien, s’ils ne mettent pas des bâtons aux seconds.
Les autres eux sont anesthésier, pour le moment, mais quand ils se réveilleront, les emmerdeurs auront du soucis à ce faire.  

ditou
ditou
18 août 2025 06:47

“La Calédonie dans la brume” Un titre qui correspond au mois d’aout, qui est celui de l’endettement. “« On n’a plus un rond… je ne sais pas comment vous le dire autrement. » — Thierry Santa, membre du gouvernement, au Congrès, 14 août 2025.” S’il n’y avait plus un rond, les fonctionnaires territoriaux ne seraient déjà plus payés, ni même de salaires pour nos élus et les contractuels qui sont employés dans les établissements publics. Il y a plus pire, que la brume, c’est l’obscurité. L’obscurantisme, c’est aussi çà la Calédonie. On peut s’en rendre compte avec les incendies dans les écoles.… Lire la suite »

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