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La Nouvelle-Calédonie, l’Algérie de la Vème République

Ce n’est plus la Calédonie qui dépend de la République — c’est la République qui dépend de la Calédonie pour sauver la face. Comme Alger en 1958, Nouméa en 2024 aura révélé la fin d’un régime.

1958 : l’Algérie, miroir de la fin

Chaque régime meurt là où il a menti. En 1958, c’était l’Algérie : un territoire qu’on disait périphérique, tenu par les armes, les transferts et la morale républicaine. La IVᵉ République avait tout promis, tout ajourné, tout expliqué ; elle s’est effondrée quand Alger a rappelé que l’Histoire, elle, ne négocie pas.

De Gaulle n’est pas revenu pour sauver l’Algérie, mais pour sauver la France d’elle-même. La guerre n’avait fait que dévoiler la vacuité du centre.

2025 : la Calédonie, miroir d’une autre fin

Soixante-sept ans plus tard, c’est à la Nouvelle-Calédonie qu’il revient, malgré elle, de jouer le rôle du révélateur. En mai 2024, les flammes de Nouméa n’ont pas seulement brûlé des commerces : elles ont mis à nu un État qui ne tient plus que par ses décrets et sa dette. Les renforts manquaient, les ordres se contredisaient, les caisses étaient vides.

À Paris, la dette publique franchissait les 3 000 milliards d’euros ; le pays dépense plus qu’il ne produit, promet plus qu’il ne tient, parle plus qu’il n’agit. La Calédonie n’a pas fait tomber la République : elle a simplement montré qu’elle était déjà tombée. Comme Alger en 1958, Nouméa en 2024 a révélé le gouffre entre la fiction et le réel.

Le mensonge fondateur

Depuis quarante ans, tout reposait sur une illusion : qu’on pouvait être indépendant dans la France. L’Accord de Nouméa avait inventé cette formule commode : ni rupture, ni statu quo. Les indépendantistes y ont vu un chemin ; les loyalistes, une assurance tous risques. Les uns et les autres ont vécu de la même rente : l’argent public.

Tant que la métropole pouvait payer, la fiction tenait. Mais une fiction ne survit pas à la faillite de son auteur. En 2025, Paris ne peut plus acheter la paix — ni ici, ni ailleurs.

Le miroir français

Ce qui se joue à Nouméa, c’est le même drame qu’à Paris :

– un secteur public surendetté,

– un pouvoir exécutif épuisé,

– des institutions bloquées,

– un peuple incrédule.

La Calédonie n’est pas un dossier colonial : c’est un scanner métropolitain. Elle montre ce qu’est devenue la Ve République : un organisme sans colonne vertébrale, qui continue de signer des ordonnances alors que son corps est paralysé.

Quand le Sénat légifère en urgence sous un gouvernement démissionnaire qui ne peut défendre un texte devant l’assemblée, ce n’est plus la continuité de l’État : c’est la panique institutionnelle érigée en doctrine.

Le promeneur du champ de ruines

En 1958, de Gaulle avait refondé l’autorité ; en 2017, Emmanuel Macron en a rejoué la mise en scène. Bruno Roger-Petit se rêvait en Pilhan ; Jupiter s’annonçait du haut de l’Olympe. Mais on ne copie pas la majesté : on l’incarne ou on la trahit.

Le “président jupitérien” aura fini comme tous les dieux fabriqués : entouré de prêtres fatigués et d’une foule qui détourne le regard. Il croyait gouverner par le récit ; il aura régné par le vide. Quand le réel revient, les images brûlent plus vite que le papier.

La boîte de Pandore

La crise calédonienne n’a pas seulement vidé les caisses : elle a rouvert la question territoriale française tout entière. La Corse réclame sa réécriture constitutionnelle, les Antilles leur autonomie, la Bretagne sa fiscalité propre. Chaque périphérie demande son article, son exception, sa reconnaissance.

C’est la revanche des marges : le centre ne distribue plus que du flou, alors la périphérie réclame de la clarté. La différenciation n’est plus une option : c’est la condition de survie.

Le retour du réel

De Gaulle avait tiré de la débâcle une République ; Macron, de la sienne, ne tirera rien. La Ve République ne tenait que par trois piliers : un État fort, une économie productive, un projet collectif. Les trois ont cédé.

Le costume reste, mais le corps n’y est plus. Et c’est du Pacifique que la France reçoit la nouvelle : un système qui vit de dette et de déni finit toujours par se dissoudre dans son propre verbe.

Épilogue

En 1958, de Gaulle fut rappelé parce que la France n’avait plus d’État. En 2025, c’est l’État qui n’a plus de France.

Le centre s’effondre, la périphérie se réveille. Le parallèle n’est pas une provocation : c’est un diagnostic.

Car toujours, ce sont les confettis de l’Empire qui révèlent la faillite du centre. Et toujours, c’est à la périphérie que commence le sursaut.

 

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Nogius
Nogius
13 octobre 2025 06:54

En résumé, voilà l’histoire

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Naif
Naif
13 octobre 2025 06:10

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