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La souveraineté revient toujours à celui qui paye

Pendant vingt ans, on a fait croire que la Nouvelle-Calédonie décidait de son destin. C’était une illusion budgétaire plus qu’une réalité politique. Aujourd’hui, la parenthèse se referme : l’argent se tarit, les masques tombent, et la souveraineté revient là où elle n’a jamais cessé d’être. Le Parlement va trancher, parce qu’il est le seul à pouvoir – et le seul à payer. Fin d’un cycle. Début du réel.

Le principe que tout le monde a oublié : la souveraineté n’a jamais quitté Paris

Il existe en France un principe simple, limpide, ancien comme le droit public : la souveraineté appartient au peuple français tout entier. Pas à une portion. Pas à une île. Pas à un territoire. Pas à une génération. Au peuple tout entier. On l’a oublié. Volontairement, parfois. Par fatigue, souvent.

Pendant vingt-cinq ans, un récit a été répété dans tous les sens : « Le destin du pays appartient aux Calédoniens. » Politiquement, c’était confortable. Juridiquement, c’était faux.

Depuis le référendum national de 1988 – acte fondateur et largement effacé de la mémoire collective – les Calédoniens n’avaient reçu qu’un mandat temporaire pour éclairer la décision française. Ce mandat est arrivé à son terme en 2021, le soir du troisième scrutin.

Depuis cette date, rien dans la Constitution, rien dans la loi organique, rien dans les textes ne leur donne encore le pouvoir de décider seuls du statut futur du territoire.

On a confondu consultation et souveraineté. La confusion a tenu parce que tout le monde y trouvait son intérêt.

Le pays n’était pas autonome : il était anesthésié

La période 1999–2023 a été une parenthèse. Un moment suspendu. On y trouve : des transferts massifs, un nickel surévalué, des dispositifs publics en cascade, des emplois “politiques” par centaines, des plans de paix financés comptablement, un compromis social tenu par la dépense.

On appelait cela “le modèle calédonien”. Ce n’était pas un modèle : c’était une anesthésie.

L’État n’était pas trop présent : il était trop généreux. C’est la même erreur, avec un meilleur emballage. Et l’anesthésie a fait croire à une génération entière qu’elle décidait. Les enfants politiques jouaient au souverain. L’adulte tenait la perfusion.

Puis la facture est arrivée. Crise budgétaire française. Dette incontrôlée. Aides exceptionnelles impossibles à reconduire. Instabilité ministérielle. Choc économique local.

Le réel revient toujours. Et le réel dit une chose très simple : Quand Paris payait, tout le monde trouvait normal que Paris ne décide pas. Maintenant que Paris ne paye plus, Paris va devoir décider.

Le compromis récent n’était pas un accord : c’était une hésitation

Il serait cruel de le dire autrement. Il serait malhonnête de prétendre le contraire. Ce qu’on a appelé “compromis” ces derniers mois n’était pas un accord politique : c’était un texte écrit par des acteurs lassés, qui voulaient surtout “terminer quelque chose”. Ce n’était pas du courage : c’était de l’essoufflement.

Un compromis sans son adversaire n’est pas un compromis. C’est une fuite. Et l’État le savait.

Mais il ne voulait pas assumer sa propre souveraineté. Il préférait demander aux Calédoniens de “confirmer” un texte que personne n’était prêt à défendre devant une Assemblée nationale fracturée, un Sénat lucide, et un pays fatigué.

La consultation proposée n’était pas un choix. C’était un alibi pour ne pas assumer.

Les parlementaires l’ont compris avant tout le monde. Ils n’ont aucune raison d’entériner un texte fragile pour faire plaisir à une classe politique locale qui, depuis vingt ans, refuse de porter la responsabilité de ce qu’elle revendique.

Le retour de l’adulte : la souveraineté revient à Paris

Pas par vengeance. Pas par rapport de force. Par simple mécanique politique. Parce qu’elle n’est jamais partie. L’État reprend la main pour trois raisons :

  1. La Constitution : la souveraineté est nationale. Le reste n’était qu’une parenthèse.
  2. Le budget : l’Etat ne peut plus financer l’ambiguïté calédonienne. La démocratie assistance a atteint ses limites.
  3. La psychologie locale : Personne ne veut décider ici. Tout le monde veut être consulté. Personne ne veut assumer. Tout le monde veut obtenir.

La situation ne tient plus. Le Parlement va trancher. Il est le seul à le pouvoir. Il est le seul à le devoir.

Le pays n’est pas ingouvernable : il est convalescent

La scène politique se disloque :

  • Les indépendantistes modérés vivaient de budgets : sans budgets, leur modération se délite.
  • Les loyalistes découvrent qu’ils n’ont jamais gouverné : ils géraient des subventions, pas un pays.
  • Le centre s’effondre : on ne fait pas carrière dans le vide.
  • Les activistes montent : le bruit remplace l’action.

Mais ce n’est pas une catastrophe. C’est un retour à la réalité. Le pays n’était pas ingouvernable : il était sous perfusion. La fin de la perfusion forcera tout le monde à redevenir sérieux. Ou, pour le dire autrement : on sort de l’enfance politique.

Le réveil

Les Calédoniens n’ont pas fauté. On les a infantilisés. On leur a répété pendant vingt ans qu’ils étaient souverains. Ils ne l’étaient pas. On leur a dit qu’ils décideraient. C’était faux. On leur a expliqué que leur avenir n’appartenait qu’à eux. C’était une illusion.

L’illusion était financée. Or, financer une illusion, c’est toujours lui donner plus de poids que de durée. Aujourd’hui, tout s’éclaire : la souveraineté revient à son point d’origine. À celui qui paye.

C’est une loi politique plus solide que toutes les constitutions : la souveraineté revient toujours à celui qui paye.

Le pays entre dans l’âge adulte. Tardivement, mais lucidement.

Il était temps.

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Rocky Siffredo
Rocky Siffredo
15 décembre 2025 06:35

Parmi les célèbres “Lois de Murphy” il y a la “Règle d’or de Murphy” qui dit: “C’est celui possède l’or qui fait les règles”… Ça tombe sous le sens quand on y réfléchit un peu… En Calédonie c’est pareil, c’est la France qui paye, c’est la France qui décide. C’est tout. La France a décidé il y a longtemps de larguer la Calédonie, elle y arrivera… elle y met seulement les formes, ça prend du temps d’être un peu délicat. C’est pareil pour Macron, c’est la Banque Rothschild qui l’a “lancé” en politique, qui lui a financé sa campagne électorale…… Lire la suite »

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