Pour le Palika “la démarche d’inscription doit être volontaire et personnelle”

S’agissant du litige entourant les demandes d’inscription « automatique » des électeurs kanak, le divorce est consommé entre le Palika d’une part et l’Union Calédonienne d’autre part. Hier, Charles Washetine a tiré à boulets rouges sur les dernières prises de position de Daniel Goa. Front désuni ?

Profitant d’une intervention axée sur l’organisation de la future primaire de la gauche, le porte-parole du Palika a exprimé ouvertement les positions de son mouvement quant aux dernières options politiques définies par l’UC. C’est ainsi que l’annonce de l’Union calédonienne de ne pas vouloir participer au prochain scrutin électoral (législatives) est jugée par Charles Washetine comme « surprenante » et susceptible de créer la « confusion » au sein de l’électorat indépendantiste. Le parti de feu Jean-Marie Tjibaou a en effet décidé de ne présenter aucun candidat dans les deux circonscriptions calédoniennes et de ne pas appeler ses militants à se rendre aux urnes les 11 et 18 juin 2017. La raison évoquée est d’une part « la volonté de détachement de la France, ancrée qui est très forte à l’Union calédonienne » et d’autre part que, selon Daniel Goa, l’UC n’a « pas besoin d’aller à ces élections » (LNC ; 14/11/16). A contrario, pour le Palika, ces élections seront le moyen « d’évaluer la force du mouvement indépendantiste » à moins de deux ans de la consultation :

« Nous avons trouvée [cette idée] surprenante. Nous ferons valoir l’intérêt d’y aller. Car le droit de vote, c’est un acquis du combat politique. Nous n’avons pas, nous, de politique yo-yo sur le sujet. Nous sommes dans une continuité. Nous ne comprenons pas parfois les stratégies de l’Union calédonienne qui consistent par exemple à ne pas être présente au Comité des signataires… (Charles Washetine ; LNC, 26/12/16) »

Reste que la position de boycott de l’UC peut être jugée incohérente vis-à-vis d’un mouvement politique répétant sans cesse que les kanak avaient été du temps de la colonisation mis au ban du système démocratique et qu’ils n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1946. Or, si l’obtention du droit de vote fut hier perçue comme une conquête, comment appeler soixante-dix ans plus tard le refus d’en faire usage ? Mais le fait est, qu’en coulisse, c’est plutôt la peur de perdre le scrutin qui conditionne pour une bonne part ce soudain revirement des dirigeants de l’UC. Une régression politique qui rappellent à certains les boycotts électoraux de sinistre mémoire des années 80.

Le Palika contre l‘inscription automatique

Et c’est une véritable charge que le porte-parole du Palika a lancé contre le Rassemblement des Indépendantistes et Nationalistes, un consortium nouvellement créé de mouvements indépendantistes plus « radicaux ». Le parti de Paul Néaoutyine « condamne » ainsi la volonté de ces mouvements de vouloir supplanter à travers lui le FLNKS dont le congrès devrait se dérouler en mars prochain (le RIN comprend en effet des groupuscules indépendantistes qui n’ont jamais obtenu leur adhésion au FLNKS tel que le parti travailliste ou la DUS). Parmi le litige les séparant figure principalement la volonté qu’a le RIN de faire inscrire de manière automatique les électeurs en fonction de leur ethnie, c’est-à-dire en l’espèce uniquement les kanak. Une demande rejetée par l’Etat mais toujours d’actualité du côté de l’UC. Or, pour Charles Washetine, dans une société démocratique, l’inscription doit rester individuelle et volontaire, et ce sont aux citoyens d’aller s’inscrire en personne :

« Ces trois élections (la primaire, la présidentielle et les législatives, NDLR) sont également un moment pour que les citoyens se saisissent de l’intérêt d’aller voter. Nous plaidons pour un pays démocratique (…) Nous considérons que la démarche d’inscription doit être volontaire et personnelle. Cela relève de l’engagement citoyen, cela participe à la démarche conforme au projet politique que nous souhaitons (Charles Washetine ; LNC, 26/12/16) »

Enfin, Charles Washetine a affirmé que la seule discussion qui vaille au sein du monde indépendantiste doit être « la question de l’accession à la pleine souveraineté » et les moyens pour y parvenir. Expliquant que « c’est l’action qui permet de voir les choses bouger », le Palika rappelle à ses partenaires du Front qu’en matière de politique, il faut avoir un peu de cohérence. Sera-t-il entendu ?