Baisse des impôts : sacré bras de fer !

Cette affaire de baisse des impôts fait décidément couler beaucoup d’encre et illustre le climat politicien dans lequel va baigner la Nouvelle-Calédonie jusqu’en juin prochain. Ça pourrait n’être qu’anecdotique, voire marrant, si le quotidien des Calédoniens ne risquait pas d’être impacté.

La vérité de ce dossier, comme diraient les avocats, est que si la loi qui prévoit la baisse des impôts pour l’an prochain n’est pas adoptée avant la fin de cette année – c’est-à-dire cette semaine – elle ne pourra pas s’appliquer. Et donc, la baisse des impôts promise attendra 2018. Baisse des impôts ? Tout porte en effet à le croire, si l’on en croit le calcul qu’il est possible de faire de sa situation personnelle, au travers du simulateur mis en place par la Direction des Services Fiscaux (DSF) et qui permet à tout un chacun de constater l’ampleur de la baisse de l’imposition dont on bénéficie. Ça n’est d’ailleurs pas surprenant qu’en un peu plus de trois semaines, près de 15 000 Calédoniens l’aient utilisé pour se faire leur propre vision des choses !

Impôt si, impôt no !

Pourquoi les Républicains et l’UCF déploient-ils autant d’efforts pour faire que la loi ne s’applique pas ? Deux raisons essentielles. Tout d’abord, ils considèrent que Calédonie Ensemble, qui porte cette réforme de l’impôt sur le revenu dont vont bénéficier 52 065 foyers calédoniens, a gros à gagner à six mois des législatives. Les Républicains et l’UCF jugeant qu’il y a un risque électoral, préfère donc bloquer la réforme plutôt que d’accepter le verdict démocratique qui a vu 41 élus du Congrès voter en faveur du texte le 5 décembre dernier. Le calcul électoral des Républicains et de l’UCF paraît découler d’une logique pour le moins compliquée ! Le second argument est que cette réforme va pénaliser les plus aisés – ce qui est vrai – mais dès lors, cela va suspendre ou retarder les investissements dans le pays ! On retrouve la philosophie sociale et économique des Républicains et l’UCF selon laquelle ce sont les plus riches qui font tourner le pays et qu’il ne faut donc pas y toucher. Cette politique, née aux plus belles heures du clientélisme Lafleuriste, a de toute évidence fait son temps, mais certains s’y arc-boutent encore et l’on se demande pour quels profits.

De nouvelles manifs ?

Il en est de la baisse d’impôts comme de la TGC, que les mêmes ont combattu, que ces réformes ne sortent pas comme ça du chapeau. Le président du gouvernement a d’ailleurs beau jeu de rappeler que ces textes sont issus de l’Agenda social, économique et fiscal partagé, signé par les partenaires sociaux et les groupes politiques dont celui des Républicains ! C’est un point sur lequel insiste également l’Intersyndicale Vie chère qui a rappelé dans un communiqué que :

« Elle condamne les jeux politiciens qui neutralisent l’action publique au mépris des engagements et des signatures …/… Elle réaffirme sa vigilance et sa détermination à faire appel à la rue pour faire appliquer l’intégralité des Accords Economiques et Sociaux » (communiqué Intersyndicale Vie chère – 26 dec)

Le climat se tend donc et cette dernière semaine de l’année 2016 risque fort d’être politiquement agitée. Reste à savoir à quelle sauce, les contribuables calédoniens seront mangés ?