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Bayrou vacille : l’argent facile aussi
Quatre Premiers ministres en quatre ans, un budget introuvable, une dette insoutenable : la Vᵉ République vacille. Et avec elle, le réflexe calédonien de toujours se tourner vers Paris. L’argent facile est fini, le réalisme doit commencer. Eclairage.
Le vote de confiance à Paris, ce lundi, n’est pas un théâtre lointain. Il scelle une réalité désormais froide : la France n’a pas cessé de payer pour la Nouvelle-Calédonie, mais elle ne paiera plus jamais autant. Ceux qui pensent le contraire se bercent encore dans le « confort boomer », cette petite musique qui rassure tant nos dirigeants : ne t’inquiète pas, quelqu’un d’autre paiera.
Mais non. Désormais, ce sera moins, et plus difficile.
Quand Paris tousse, Nouméa s’enrhume
La chute annoncée de François Bayrou illustre une évidence : le temps politique français se raccourcit, les budgets se contractent, les arbitrages se durcissent.
Quatre Premiers ministres en quatre ans, un bloc central épuisé, et une majorité qui n’existe plus. La conséquence pour la Nouvelle-Calédonie est simple : Paris n’est plus une pompe intarissable. L’Etat doit trouver 50 milliards d’euros cette année et 50 de plus l’année prochaine.
On ne remonte pas un toboggan. Le temps des rallonges automatiques est derrière nous. Cette semaine en est le parfait résumé : lundi, un vote de confiance impossible ; mercredi, les premières manifestations sociales ; vendredi, l’abaissement attendu de la note française par Fitch. Trois secousses en cinq jours, comme un signal : la pente est prise.
Moins, plus difficile
Il ne faut pas se raconter d’histoires. Les transferts structurels continueront : salaires des agents d’État, pensions, missions régaliennes. Mais les rallonges exceptionnelles – les aides, les coussins, les parapluies, les plans de sauvetage – seront plus rares, plus conditionnés, plus lents.
Après l’inflation et la dette, voici venu le temps de la contraction. Ne plus attendre “mieux”. Se préparer à “moins”.
Quarante ans de réflexes dépassés
Depuis les années 80, le camp de la Calédonie Française s’est arrimé à Paris. Lafleur avec Chirac, Frogier avec Sarkozy, Gomes avec Hollande, les Loyalistes avec Macron. Toujours le même réflexe : se coller au pouvoir central, quel qu’il soit.
Résultat : en 2025, la Nouvelle-Calédonie est entièrement dépendante d’un centre qui lui-même s’effondre. La dépendance est devenue une stratégie par défaut. Elle n’est plus viable quand le centre tangue.
Douze prochains mois : à quoi s’attendre ?
Budgets locaux : arbitrages plus serrés, dépenses différées.
Entreprises : aides plus ciblées, cofinancements exigés.
Infrastructures : priorité à l’entretien plutôt qu’aux extensions de prestige.
Secteurs fragiles : agriculture, nickel, santé – les aides seront conditionnées à des réformes et à des résultats.
La règle deviendra claire, il y aura davantage de comptes à rendre pour chaque franc reçu.
La bonne boussole : voter pour nos intérêts
C’est Harold Martin qui le répétait sans cesse : “Il faut voter pour nos intérêts.” Nos voisins Polynésiens l’ont compris depuis longtemps : ils négocient à chaque étape, en fonction de leurs besoins concrets, sans fidélité aveugle.
Nous devons faire de même. Chaque parti national – gauche, droite, centre – doit être évalué non sur son drapeau, mais sur ce qu’il apporte ici : énergie, emploi, sécurité, infrastructures, santé.
Comptons sur la France, oui. Mais misons sur nous.
En clair
Le centre français vacille. La France est entrée dans une crise de régime. Les budgets se resserrent. La Calédonie n’a pas à craindre un couperet brutal, mais à comprendre une évidence : les temps de l’argent facile sont terminés.
Notre avenir dépendra moins de l’État qu’il ne l’a jamais été. À nous de voter pour nos intérêts. À nous de choisir les projets qui payent.
On peut toujours demander de l’aide. Mais on ne bâtit durablement que ce qu’on finance soi-même.

Les indépendantistes accusent souvent les loyalistes d’être attachés à la France que pour l’argent.
Avec la destruction de l’économie, sans l’argent de la France la Calédonie ne peut pas maintenir son modèle social de l’argent qui coule à flot.
Il faudrait qu’on en reçoive moins, que les aides sociales, les subventions, etc baissent fortement et que les électeurs indépendantistes subissent bien comme il faut les conséquences de ce qu’ils ont fait ou soutenu en mai 2024, ça les instruira. Un peu de misère, un petit avant goût de Kanaky leur fera du bien.