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1942 : l’année où la Nouvelle-Calédonie a failli devenir américaine
En 1942, Washington a envisagé d’annexer la Nouvelle-Calédonie. En deux ans, 1,2 million de GI’s ont transité par le Caillou – 1 sur 13 de toute l’armée US, 1 sur 5 du théâtre Pacifique. Ce rappel historique dit une chose simple : nous sommes un verrou stratégique. En 2030, si Taïwan s’embrase, la question ne sera pas “Paris ou Nouméa ?”, mais qui sécurise Nouméa. Et la réponse a un nom.
La Dépêche de Nouméa a publié la semaine dernière un rappel historique très complet : au cœur de la guerre du Pacifique, Franklin Roosevelt envisagea un temps l’annexion de la Nouvelle-Calédonie. L’article s’appuie sur le dossier d’Antoine-Louis de Prémonville (Conflits, 2021), qui documente une période méconnue mais décisive : Nouméa devint l’un des plus grands hubs alliés du Pacifique. Ce prétexte historique suffit : il éclaire le présent.
Le verrou du Pacifique
Mars 1942 : des divisions américaines débarquent à Nouméa. La base logistique enfle — aérodromes, chantiers navals, hôpitaux, dépôts. Les chiffres font basculer l’échelle : au total, 1,2 million de soldats US transitent par la Nouvelle-Calédonie, soit 1 sur 13 de tous les militaires américains de la guerre, près d’1 sur 5 pour le seul théâtre Pacifique. Au pic, jusqu’à 200 000 personnels stationnent simultanément pour 50 000 habitants. Après San Francisco, Nouméa devient le 2ᵉ port de l’US Navy du Pacifique. Feu Jean Lèques aimait résumer d’une phrase l’intuition locale : “les Américains ont sauvé la Calédonie — ils auraient pu la garder“.
Prêt-bail : la tentation d’emprise
Pourquoi l’ombre de l’annexion ? Le prêt-bail. Washington finance, équipe, ravitaille. Roosevelt raisonne en stratège : qui paie sécurise ses points d’appui. Dans ce schéma, la Calédonie pouvait devenir une “monnaie d’échange” stratégique — une emprise directe pour garantir la route Australie–États-Unis. Le projet est finalement abandonné pour deux raisons : ne pas s’aliéner De Gaulle et préserver l’équilibre occidental au seuil de la guerre froide. Mais l’idée révèle la loi du réel : celui qui tient Nouméa tient la respiration du Pacifique Sud.
2025 : retour du réel
Huit décennies plus tard, la carte a changé, pas la géographie. Taïwan concentre la rivalité sino-américaine. Dans le Pacifique, Pékin avance ses pions et Bakou s’y est invité : l’Azerbaïdjan a multiplié les gestes envers le FLNKS et la CCAT, jusqu’à signer un accord interparlementaire et afficher son drapeau à Nouméa. Paris a dénoncé une ingérence, perçue comme un relais d’influence russe. En face, Washington resserre ses alliances (Australie, AUKUS, PNG, Fidji). La question n’est plus : “la Calédonie intéresse-t-elle encore quelqu’un ?” — elle est : qui la sécurisera si ça chauffe.
Le général François Lecointre, ancien chef d’état-major des armées, l’avait rappelé en 2021 aux responsables calédoniens :
« Malheur aux petits. Malheur aux isolés. »
Un petit territoire sans alliances claires devient un enjeu, jamais un acteur.
Le faux rêve d’indépendance
Dans ce contexte, une Kanaky “socialiste” alignée sur des réseaux pro-russes/pro-chinois ne serait pas un cas local : ce serait un problème stratégique américain. Aucun président des États-Unis — Biden hier, Trump aujourd’hui ou JD Vance demain — n’acceptera une enclave pro-Pékin à 1 500 km de l’Australie.
Le principal adversaire des chefs indépendantistes n’est pas Macron : c’est Washington. Et la réponse américaine ne prendra pas la forme d’un débat théorique : parapluie, emprises, pré-positionnement. Le réel, pas la posture.
Le seul choix sérieux
Bien entendu, la France reste le cadre légitime qui permet à la Calédonie de garder une autonomie stratégique sans devenir base d’autrui. Ses moyens sont limités, mais sa qualité d’ancrage occidental nous maintient du côté des protections effectives. Sortir de ce cadre, aujourd’hui, ce n’est pas “se libérer” : c’est s’aligner — et perdre la main.
Le réveil du verrou
En 1942, Roosevelt voulut annexer la Nouvelle-Calédonie pour sécuriser le Pacifique. En 2025, si la France flanche, les États-Unis le feront à sa place. La seule manière de rester maîtres chez nous, c’est d’assumer lucidement le camp qui protège — et de raisonner en stratèges, pas en supplétifs.
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Sources principales :
Antoine-Louis de Prémonville, La Nouvelle-Calédonie, un atout stratégique méconnu dans le Pacifique, revue Conflits, 2021.
Kim Munholland, Rock of Contention – Free France and the Pacific War, Berghahn Books, 2007.
Agnès Brot, Jean Lèques – Humble habitant de la Vallée du Tir, à Nouméa, 2018.
François Lecointre, ancien CEMA, Les Nouvelles calédoniennes, 2021.
Archives historiques US Navy / War Department, 1942–1945.

Un truc qu’on a soigneusement oublié (attention sujet tabou!) c’est que le Maréchal Pétain avait ses supporters à Nouméa à l’époque, il existait d’ailleurs un “Cercle Pétainiste de Nouméa”, dont faisaient partie… des gens…. dont les noms sont très très connus dans la politique locale, et dans le commerce aussi…😒
Comme par hasard “ces gens” sont devenus gaullistes dès le 13 mars 1942…😁😆
Dommage que ça ne soit pas fait, mon con de LeZob (aka “Couilledelou Sulitzer”, alias “Harry Becdecane”) parlerait anglais pour de vrai…😁😆